
Les fidèles du président Michel Aoun rassemblés devant le palais de Baabda à l’occasion de la fin de son mandat le 31 octobre. Photo Mohammad Yassine
L’agitation au sein du Courant patriotique libre continue. Le parti de Gebran Bassil a connu ces derniers jours une nouvelle série de démissions en protestation à l’exclusion de Maroun Abi Khalil, un cadre aouniste originaire de la localité de Kahalé, dans le caza de Aley. M. Abi Khalil avait été écarté du parti orange en novembre dernier, un conseil juridique au sein du mouvement l’ayant accusé d’avoir œuvré contre la liste de la « Montagne », formée par le CPL et ses alliés lors des élections législatives de mai.
« Dictature »
L’histoire remonte aux primaires tenues par le CPL en novembre 2021 pour désigner ses candidats aux législatives. « Maroun Abi Khalil s’était porté candidat pour un des deux sièges maronites de Aley, explique un proche du cadre écarté. Malgré le fait que de nombreux membres du parti n’ont pas pu renouveler leur carte pour voter, il avait obtenu un score plus élevé que César Abi Khalil, mais c’est la candidature de ce dernier qui a finalement été retenue. » César Abi Khalil, qui a été ministre de l’Énergie, est connu pour ses relations étroites avec Gebran Bassil. « Maroun Abi Khalil a ensuite protesté contre cette décision. Résultat, il a été convoqué devant un semblant de conseil juridique, qui l’a exclu après l’avoir accusé, sans preuves, d’avoir agi contre les intérêts du parti lors des législatives », abonde la source précitée. « Après l’exclusion de Maroun Abi Khalil, des dizaines de membres aounistes de Kahalé ont rendu leur carte », affirme-t-elle, sans toutefois avancer de chiffres précis. En réponse à une question sur les motifs de la direction du parti, le proche de Maroun Abi Khalil ne mâche pas ses mots. « Il s’agit d’une nouvelle étape dans le plan de Gebran Bassil, qui souhaite exclure tous les opposants et les remplacer par des fidèles, dans l’objectif de faire du CPL une véritable dictature », déplore-t-il.
En baisse de popularité depuis la contestation populaire de 2019, M. Bassil veut consolider son emprise sur le parti orange, qui n’est pas face à la première polémique du genre. De nombreux observateurs ont d’ailleurs estimé que la fin du mandat de Michel Aoun le 31 octobre dernier et la perte du pouvoir par son camp fragiliseraient l’unité au sein du parti fondé par l’ancien président, conduisant à son effritement. Plusieurs militants aounistes de la première heure ont été exclus – ou ont démissionné – du CPL ces derniers mois, y compris les anciens députés, de Baabda Hikmat Dib, du Chouf Mario Aoun et de Jezzine Ziad Assouad. Tous avaient des relations en dents de scie avec Gebran Bassil. « Depuis la fin du mandat de Michel Aoun, Gebran Bassil essaye de s’ériger comme l’unique homme fort du aounisme », dénonce un ancien cadre du CPL.
« Plus forts que jamais »
Mais du côté du CPL, on présente une autre version des faits. « Maroun Abi Khalil a certes obtenu un bon score lors de la première phase des primaires, mais dans les deux autres phases, il a été devancé par César Abi Khalil », explique Martine Kteily, vice-présidente du parti. Ce dernier divise en effet ses élections internes en trois phases : une première pour les membres encartés de la formation, une deuxième pour la base populaire aouniste et des indépendants et une troisième ouverte à tous les électeurs. « Le conseil juridique au sein du parti est un organe indépendant, donc je n’ai pas les preuves qui ont été invoquées pour justifier cette décision », indique Martine Kteily, qui exclut toute interférence politique. « D’ailleurs, les informations circulant sur la démission de plusieurs dizaines de aounistes sont fausses. Il s’agit simplement d’une poignée de membres de la famille de Maroun Abi Khalil, qui ont démissionné en signe de mécontentement », affirme Mme Kteily. Pour elle, la fin du mandat de Michel Aoun ne porte pas un coup à l’unité du parti orange. « Au contraire, maintenant que nous sommes dans l’opposition, nous sommes plus forts que jamais », affirme-t-elle. Même son de cloche du côté d’un député aouniste pourtant connu pour ses positions parfois critiques de son parti. « La fin du sexannat Aoun n’a pas grandement affecté le CPL, les membres encartés restent fidèles à nos valeurs », se contente-t-il de souligner. Et fidèles à Gebran Bassil ?
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A Party without political doctrine and clear agenda whose membership is made of followers of a cult leader, is destined to perish once the leader is gone. General Aoun has duped the public into believing that once he reaches power, he’s going to fight corruption, and effect real reforms and change towards modern governance. Once he became President after dubious, shady business deals with Hariri’s Future Movement, he broke his promises to the public. His Presidency was all about concentrating power for his son in law and his Party members, and sharing the spoils with other sectarian leaders. It was never about nation building, sound governance, and providing better living standards for the Lebanese people. Many former supporters of the FPM feel cheated and are very disappointed with his Party. We should all strive to make it impossible for Bassil to become President. Never again.
Mireille Kang
06 h 58, le 06 janvier 2023