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Politique - Rencontre

Mikati : L’heure n’est pas aux surenchères

Mikati : L’heure n’est pas aux surenchères

Le Premier ministre sortant Nagib Mikati recevant hier une délégation du conseil de l’ordre des rédacteurs. Photo Dalati et Nohra

Alors que rien ne présage un dénouement proche des crises successives qui secouent le Liban, le Premier ministre sortant Nagib Mikati prône l’entente et l’apaisement. Pour lui, la clé des solutions réside dans une entente interne loin des propos « populistes » qui divisent les Libanais. Devant une délégation du conseil de l’ordre des rédacteurs conduite par Joseph Kossaïfi, M. Mikati a déclaré qu’il ne faut ni amplifier ni minimiser l’incident de Aaqibiyé, qui a coûté la vie à un soldat irlandais de la Finul et blessé trois de ses camarades. « L’armée mène son enquête sur ce sujet, et nous espérons aboutir à un résultat prochainement », a-t-il assuré, avant d’ajouter que les surenchères sont rejetées, tout comme le fait de considérer ce qui s’est passé comme un incident banal. « Il faut prendre cette affaire au sérieux, aller jusqu’au bout dans l’enquête et demander des comptes aux coupables », a-t-il insisté, estimant que le fait que l’incident a eu lieu en dehors de la zone d’action de la Finul privilégie la thèse de l’acte non prémédité.

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Concernant le dossier gouvernemental, Nagib Mikati a répété qu’il n’a jamais voulu défier qui que ce soit et qu’il ne fait qu’appliquer la Constitution. Celle-ci prévoit que le gouvernement assume les fonctions du chef de l’État en période de vacance présidentielle. Il s’insurge ainsi contre certaines accusations portées contre lui de vouloir prendre la place du président de la République. « J’essaie de combler un vide, précise-t-il, non de prendre la place de qui que ce soit. » Il a ajouté qu’il convoquera une nouvelle réunion du Conseil des ministres s’il y a des affaires pressantes à régler. Pour l’instant, il ne voit pas que c’est nécessaire, sauf imprévu. Le Premier ministre s’est aussi déclaré opposé aux décrets itinérants, rappelant qu’un tel procédé ne figure nulle part dans la Constitution. Il a réaffirmé qu’il ne fait qu’appliquer le texte et l’esprit de la Constitution, et qu’il faudrait cesser de rechercher les conflits, le pays ayant plus que jamais besoin d’apaisement. Selon lui, l’établissement de l’ordre du jour du Conseil des ministres relève de la seule responsabilité du président du Conseil qui en informe le chef de l’État et, dans la situation actuelle, les ministres. Il a aussi ajouté que les décisions sont prises à la majorité absolue pour les questions ordinaires et à celle des deux tiers pour les questions exceptionnelles. « Les décisions prises lors du dernier Conseil des ministres ont été publiées par des décrets. Ce dossier est clos », a-t-il lancé. Nagib Mikati a dans ce contexte critiqué le fait que certains (les milieux aounistes notamment) discutent des prérogatives du gouvernement d’expédition des affaires courantes en les voulant le plus réduites possible, alors que la situation actuelle exige un cabinet en possession de toutes ses prérogatives. « Ce que nous sommes en train de faire à l’heure actuelle, c’est de maintenir l’édifice debout, alors qu’il a besoin d’une réhabilitation totale », a-t-il dit.

Le Premier ministre sortant a déploré que depuis 30 ans, au lieu d’aller de l’avant, les parties libanaises font constamment marche arrière et chacune utilise la Constitution pour faire du blocage. « En 2019, le budget de l’État était de 17 milliards de dollars et aujourd’hui il est de 900 millions de dollars. Comment voulez-vous faire de grandes réalisations avec un tel budget ? » a-t-il demandé, soulignant que le pays se trouve dans une crise grave qui remonte à « des années de mauvaise gestion ».

À la question de savoir si l’incident de Aaqibiyé n’aurait pas nécessité une réunion du Conseil des ministres, le Premier ministre a répondu qu’il avait pensé réunir à cet effet le Haut Conseil de défense, mais que ses proches lui ont déconseillé de le faire. La priorité politique pour lui est en tout cas d’élire un président de la République pour que les institutions recommencent à fonctionner comme elles le devraient. « Je ne dis pas que l’élection d’un nouveau président résoudra tous les problèmes auxquels font face les Libanais, mais elle ouvre la voie à une période de répit qui devrait permettre d’aboutir à des solutions », a-t-il précisé. En réponse à une question, il a affirmé que selon les données en sa possession, quelque chose se prépare dans les coulisses diplomatiques pour tenter de trouver une solution à la crise actuelle, mais cela a besoin de temps pour aboutir. À la question de savoir s’il appuyait toujours la candidature du chef des Marada Sleiman Frangié pour la présidence de la République, comme il l’a déjà annoncé, ou s’il commence à pencher vers celle du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, M. Mikati a répondu qu’il n’a actuellement pas de groupe parlementaire et qu’il n’est pas député lui-même, donc il ne vote pas. « J’appuie la candidature de Sleiman Frangié en raison de la relation qui nous lie. Toutefois, je me tiendrai aux côtés du président qui sera élu, quel qu’il soit », a-t-il précisé.

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Dénonçant le discours confessionnel qui alimente la vie politique libanaise et les alignements qu’il entraîne, le Premier ministre sortant a insisté sur la nécessité d’adopter « un discours qui rassemble », qui mise sur les points d’entente et non sur les sujets conflictuels, réaffirmant que c’est la solution la plus facile entre les mains des Libanais. Il a ainsi évoqué sa dernière rencontre avec le responsable du Programme alimentaire mondial (PAM) qui a promis d’accorder au Liban 5 milliards de dollars en trois ans, pour les Libanais et les réfugiés syriens. « Immédiatement, des critiques ont été formulées et on m’a accusé de vouloir maintenir les déplacés syriens au Liban », a-t-il déploré, soulignant que la priorité est de trouver les moyens de sortir de la crise. Au sujet de son entretien avec le prince héritier du royaume saoudien, en marge du sommet sino-arabe il y a quelques jours à Riyad, Nagib Mikati a précisé que Mohammad ben Salmane a exprimé « toute l’affection qu’il porte au Liban et aux Libanais », notamment ceux qui résident en Arabie, ajoutant que cet entretien a été de bon augure pour le Liban.

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Interrogé sur ses relations avec le patriarche maronite Béchara Raï, il a affirmé qu’il avait eu de nombreuses réunions avec le chef de l’Église maronite et que tous les deux coordonnent leurs positions sur de nombreux dossiers. Il a toutefois précisé qu’il y a des divergences sur certains sujets. Par exemple, il préfère parler de « politique de distanciation » plutôt que de « neutralité positive ».

Alors que rien ne présage un dénouement proche des crises successives qui secouent le Liban, le Premier ministre sortant Nagib Mikati prône l’entente et l’apaisement. Pour lui, la clé des solutions réside dans une entente interne loin des propos « populistes » qui divisent les Libanais. Devant une délégation du conseil de l’ordre des rédacteurs conduite par Joseph Kossaïfi, M....

commentaires (2)

Mikati devance et conclut l'enquête : acte non prémédité, car en dehors de la zone de la Finul ! Une fois de plus, ingérence dans l'enquête, et à fortiori, il est porte-parole du parti incriminé. Mieux vaut se taire une fois de plus.

Esber

19 h 19, le 20 décembre 2022

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Commentaires (2)

  • Mikati devance et conclut l'enquête : acte non prémédité, car en dehors de la zone de la Finul ! Une fois de plus, ingérence dans l'enquête, et à fortiori, il est porte-parole du parti incriminé. Mieux vaut se taire une fois de plus.

    Esber

    19 h 19, le 20 décembre 2022

  • Le lexique de l’argent, enchères et surenchères, est le domaine de prédilection de l’ogre milliardaire . Paradoxalement, le dollar qui va sur les cinquante mille ne l’intéresse pas.

    Hitti arlette

    13 h 41, le 20 décembre 2022

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