Le patriarche maronite Béchara Raï a réagi hier au grave incident entre des « habitants » et la Finul à Aaqibiyé (Sud), mercredi soir, dans lequel a été tué un Casque bleu irlandais. Le prélat a demandé une enquête libanaise et internationale transparente « qui révèle la vérité et administre la justice », présentant ses condoléances à la famille du « soldat irlandais, venu au Liban pour protéger la paix du Sud, et qui est mort en martyr, atteint par une balle de haine qui l’a assassiné ».
Le militaire irlandais, membre de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (Finul), a été tué après qu’un convoi de deux véhicules utilitaires blindés, en route vers Beyrouth, transportant huit personnes a essuyé des « tirs d’armes légères », selon les Forces de défense irlandaises. Des enquêtes libanaise, irlandaise et des Nations Unies sont en cours pour déterminer les circonstances de cette attaque.
Mgr Raï, au cours de son homélie hier à Bkerké, a estimé que le temps était venu pour l’État « de saisir toutes les armes illégales et illicites, et d’appliquer pleinement la résolution 1701 », dans une critique évidente de l’arsenal du Hezbollah. La résolution de l’ONU en question avait mis un terme à la guerre de 2006 entre Israël et ce parti.
Le Hezbollah, qui avait automatiquement nié toute implication dans l’incident de Aaqibiyé dès jeudi, s’est exprimé hier sur la question par le biais d’un membre de son conseil central, le cheikh Nabil Kaouk. Celui-ci a noté qu’il existe une relation de « coopération et de coordination entre le Hezbollah et la Finul, une relation stable et continue, car le Hezbollah respecte la résolution 1701 » du Conseil de sécurité de l’ONU. Il a démenti une nouvelle fois que le Hezbollah ait joué un rôle dans le meurtre du soldat irlandais.
Un président « qui ne trahit pas »
Par ailleurs, le patriarche maronite a abordé une nouvelle fois hier la question de la vacance présidentielle, au lendemain d’une dixième séance de vote au Parlement, dimanche, qui n’a pas abouti. Le peuple libanais veut un président qui « ne le trahit pas, ne prend pas parti pour les axes dans la région, et protège le dos et la poitrine du Liban », a dit le prélat. « Les Libanais veulent un président qui travaille avec un nouveau cabinet, efficace et unifié, afin que la vie normale reprenne dans les institutions et les administrations de l’État », a-t-il dit.
S’adressant aux députés à ce sujet, Mgr Raï leur a lancé : « Le peuple vous a choisis pour élire un président, pas pour créer un vide présidentiel. » Il a appelé à l’arrêt de « cette série de réunions farfelues au Parlement qui, à la fois, rabaissent la dignité de la présidence de la République, et permettent de profiter du vide à des fins politiques et sectaires, sans compter le démantèlement de l’État et de ses institutions. »
« Tout ce qui se passe aux niveaux présidentiel, gouvernemental, parlementaire et militaire dans le Sud et aux frontières ainsi que l’érosion de l’État confirment la nécessité de renouveler notre appel à une neutralité active et positive, et à la convocation d’une conférence internationale sur le Liban censée aborder les questions qui restaurent son privilège et son identité », a-t-il dit. La tenue de telles assises est une revendication récurrente du patriarche.
Abordant également la question présidentielle, le cheikh Kaouk a appelé à un « consensus interne pour résoudre la crise de l’élection du président de la République » et à « ne pas parier sur une médiation étrangère ».
Si la présence de la Finul au Liban sud, sans laquelle pourtant il n'y aurait plus de Liban indépendant, pose problème à certains, pourquoi ne pas revenir au régime d'un mandat sur le Liban ? Ce serait le seul moyen de sauvegarder le Liban dans toutes ses composantes et sur tout le territoire national.
18 h 41, le 19 décembre 2022