Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil, a déclaré vendredi à Bkerké qu'il poursuivrait ses contacts au Liban et à l'étranger pour trouver une solution à la crise politique, après un entretien avec le patriarche maronite Béchara Raï, qui a également reçu, plus tard dans l'après-midi, le président sortant Michel Aoun. "Je ne suis pas là pour parler de la présidentielle", a lancé ce dernier à la presse. "Le pacte national n’est pas respecté, la Constitution et certains droits non plus", a encore déclaré l'ancien président à l'issue de cette rencontre.
Gebran Bassil avait indiqué pour sa part, dans une déclaration à Bkerké rapportée sur son compte Twitter, avoir "poursuivi avec le patriarche les discussions sur les efforts déployés pour sortir de la crise". "Nous sommes ouverts, mais si d'autres que nous ne le sont pas, nous ne pouvons pas les forcer", a-t-il dit. "Nous continuerons à chercher une solution, à l'intérieur du pays et à l'étranger", a-t-il souligné, refusant toutefois de s'attarder sur cette question qu'il devrait évoquer plus longuement dimanche soir dans un entretien télévisé.
Le Liban est dépourvu de pouvoir exécutif, le palais de Baabda restant vide faute d'élection d'un nouveau chef de l’État depuis le départ de Michel Aoun et le cabinet de Nagib Mikati est uniquement chargé des affaires courantes.
M. Bassil s'est rendu ces dernières semaines à Paris et au Qatar afin de discuter de la crise politique actuelle. S'il se considère comme un présidentiable "naturel", il n'a toutefois jamais officialisé sa candidature. Depuis le début de la période électorale pour la présidentielle, neuf séances parlementaires successives se sont soldées par autant d'échecs, faute de candidat consensuel entre les parties. Du côté du Hezbollah et de ses alliés, si le parti chiite a affiché sa préférence pour le leader de Zghorta Sleiman Frangié, le CPL n'a aucune intention de voter pour lui. Et du côté de l'opposition, la figure du député de Zghorta également, Michel Moawad, ne fait pas l'unanimité, notamment auprès de députés issus de la contestation.
"Coup porté à la République"
"Ce qu'il s'est passé sur la question gouvernementale et sur les décrets est un coup porté à l'entité libanaise et à la République et pas seulement à la présidence de la République", a par ailleurs dénoncé M. Bassil.
Le Premier ministre sortant avait convoqué lundi le Conseil des ministres, alors qu'un bras de fer politique oppose M. Mikati au camp aouniste, qui l'accuse de vouloir s'accaparer les prérogatives du chef de l'État après la fin du mandat Aoun, le 31 octobre. Cette initiative a été également critiquée par le patriarche Raï qui, lors d'une discussion avec des journalistes présents à Bkerké à l'issue de sa rencontre avec M. Bassil, a estimé, une nouvelle fois, que la réunion du Conseil des ministres "n'aurait pas dû avoir lieu, surtout que plusieurs parties y étaient absentes".
Le patriarche a également évoqué l'idée d'un dialogue interchrétien à Bkerké : "Toute solution doit passer par un dialogue", a-t-il lancé, évoquant "soit un dialogue bilatéral, entre moi et chaque groupe, soit un dialogue général". Il a toutefois reconnu que cette dernière option s'avèrerait compliquée, au vu des relations hostiles entre les différents pôles chrétiens.
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"Je ne suis pas là pour parler de la présidentielle". C'est pourtant le premier pas indispensable pour sortir de la crise. Et ce n'est pas avec des bulletins blancs et un défaut de quorum que l'on y arrivera.
Yves Prevost
07 h 39, le 10 décembre 2022