Pour une bonne partie des forces du changement, il est le candidat consensuel idéal à la présidence de la République libanaise. Il pourrait aussi recevoir le soutien de partis de l’opposition, comme les Forces libanaises, les Kataëb et le Parti socialiste progressiste, s’ils n’arrivent pas à faire élire leur candidat Michel Moawad. Hier, au Parlement, Salah Honein a obtenu sa première voix sur un total de 105 députés présents, lors de la neuvième séance parlementaire consacrée à l’élection d’un président de la République, qui n’a pas abouti à l’élection d’un successeur à Michel Aoun. Une voix qui lui a été accordée par le député de Zghorta Michel Doueihy, issu de la contestation populaire. « Dans ce paysage politique, je suis convaincu que Salah Honein, qui n’a nul besoin d’être présenté, est doté de la verve et de la volonté politique nécessaires au changement », confirme M. Doueihy à L’Orient-Le Jour. « C’est la raison pour laquelle son nom figure parmi les personnalités politiques que nous avons nommées, lors de réunions consultatives du bloc du changement », précise celui qui a quitté ce groupe en octobre dernier, tout en continuant à communiquer et coopérer avec ses membres.
Lui éviter trop peu de voix
Salah Honein vient tout juste d’annoncer sa candidature à la fonction suprême de l’État. « Oui, sans aucune équivoque, je suis candidat à la présidence de la République, affirme-t-il à L’Orient-Le Jour. Avec pour vision et priorité en cette étape de mener la bataille de restauration de l’État, de sa souveraineté, de sa Constitution et de ses institutions. » Une annonce qu’il a faite mercredi au siège du Bloc national, lors d’une séance de questions-réponses, au cours de laquelle il a reconnu être le candidat des députés de la contestation populaire avec lesquels il s’est réuni à plusieurs reprises. Sauf que ces derniers (12 députés après l’annulation du mandat de Rami Fanj, dont 10 restent unis au sein d’un même bloc) ne lui ont accordé qu’une toute petite voix. « Nous sommes à l’initiative de la candidature de Salah Honein à la présidence, car il est le candidat de sauvetage idéal, réformiste, souverainiste, à l’éthique irréprochable », assure la députée Paula Yacoubian. En septembre, certains députés de la contestation avaient proposé son nom. Les FL et le PSP n’avaient pas suivi. Et si les députés du changement n’ont pas voté massivement pour lui hier, c’est « pour lui éviter trop peu de voix ». Car ces députés « envisagent de s’engager avec d’autres parties pour que M. Honein obtienne le plus de voix possible », observe Mme Yacoubian, espérant un mûrissement du dossier après le Nouvel An. Najate Saliba fait partie de ces parlementaires du changement qui se disent « impressionnés par les prises de position du candidat Honein, par son sérieux et son indépendance » et le considèrent comme « le candidat consensuel par excellence, s’il n’y a pas consensus autour de Michel Moawad ». Et de noter que M. Honein a mis du temps pour annoncer sa candidature. Des voix dissonantes s’élèvent toutefois au sein des élus de la contestation. « Mon choix porte sur Issam Khalifé (historien et ancien professeur à l’Université libanaise) », affirme la députée Halimé Kaakour qui s’insurge contre la recherche du consensus imposée par les deux courants adverses du 14 et du 8 Mars.
Au sein de la classe politique traditionnelle, le nom de Salah Honein commence aussi à circuler. Le député Waël Bou Faour du PSP a affirmé dans un tweet que le groupe parlementaire pourrait soutenir l’ex-député (son ancien allié), « après avoir discuté avec d’autres blocs ». « Salah Honein figure parmi les options envisageables. Mais pour l’instant, le candidat Moawad reste notre porte-étendard », souligne le député Marwan Hamadé. Des propos confirmés par le chef du parti, Walid Joumblatt. « Salah Honein faisait partie du Rassemblement démocratique, rappelle le leader druze. Mais le choix de sa candidature ou d’un autre nom doit être le fruit d’une décision commune avec les autres grands blocs politiques », résume-t-il.
Qui est Salah Honein
Salah Honein, 66 ans, marié depuis 1988 à Astrid OpdenBosch et père de deux grands enfants, est de ces avocats constitutionnalistes salués par leurs pairs. Un ancien député qui a toujours considéré la politique comme une responsabilité plutôt qu’un héritage. Fils d’Édouard Honein, ancien ministre de l’Éducation et député de Baabda, il entre en politique après le décès de son père en 1992. Cet élève des pères jésuites, docteur en droit international de l’Université de Southampton (Royaume-Uni), a grandi à Warwar, dans un environnement vert et protégé. Il s’active alors à découvrir les localités du caza de Baabda auxquelles il n’avait pas accès durant la guerre civile. Il va d’abord à la rencontre des familles de Bourj al-Brajné et de Ghobeyri, dans la banlieue sud de Beyrouth, afin de mieux les connaître. Il étend durant quatre ans ses rencontres à toute la région. Sa première expérience électorale date de 1996. Il tente sa chance en tant que candidat individuel aux législatives. S’il n’a pas été élu, il a en revanche obtenu un score honorable qui lui a permis d’exister sur la scène politique et de se préparer pour la prochaine échéance.
En 2000, Salah Honein se présente aux législatives au sein d’une alliance formée par Walid Joumblatt, l’ancien président Amine Gemayel (parti Kataëb) et les FL, avec pour objectif la lutte contre la présence armée syrienne au Liban. Le chef des FL Samir Geagea est en détention. Et l’alliance soutenue par le leader sunnite Rafic Hariri semble ne pas faire le poids face à la liste adverse, une coalition propouvoir et pro-Assad, présidée par Nagi Boustany. Mais à la surprise générale, la quasi-totalité de la liste de Baabda-Aley, à l’exception du candidat Abdo Bejjani, est élue.
Le courage de se positionner politiquement
De 2000 à 2005, Salah Honein représente la région de Baabda au Parlement, pour un seul mandat. À cette période, il est l’une des figures fondatrices du Rassemblement de Kornet Chehwane (2001) qui se revendique de l’opposition antisyrienne, sous le parrainage du patriarche maronite Nasrallah Sfeir. « Sans aucun doute, Salah Honein était l’élément le plus stabilisateur de Kornet Chehwane, un homme de grande qualité, gardien des valeurs de la République libanaise », souligne à L’Orient-Le Jour l’ancien député Farès Souhaid, fondateur du rassemblement. C’est aussi la période de l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 1559 (2004), qui appelle au respect de la souveraineté et de l’indépendance politique du Liban, afin d’empêcher la Syrie d’obtenir la prolongation du mandat du président Émile Lahoud. S’il est encore tabou d’aborder la question dans les médias, Salah Honein, à l’instar de rares personnalités politiques, n’hésite pas à s’engager ouvertement pour l’application de la 1559. « Il a fait preuve de courage. Il n’a jamais eu peur de se positionner politiquement », confirme Farès Souhaid.
Soucieux d’élargir l’opposition et d’y inclure d’autres parties libanaises, Salah Honein participe à la transformation du Rassemblement de Kornet Chehwane. Est alors créée la Rencontre du Bristol qui consacre un rapprochement entre certains partis chrétiens d’opposition et des alliés d’autres communautés, notamment Walid Joumblatt et Rafic Hariri, ainsi que l’alliance de mouvements de gauche, pour former une coalition contre la tutelle syrienne. L’assassinat de Rafic Hariri le 14 février 2005 conduit à la grande coalition du 14 Mars au sein de laquelle évoluera Salah Honein. En 2005, le constitutionnaliste se retire de la bataille électorale, après avoir été écarté de la liste de la Rencontre du Bristol au profit du candidat FL, Edmond Naïm. Il se représentera de nouveau en 2009, mais perdra la bataille. Il restera actif toutefois sur le plan professionnel, au sein de son cabinet d’avocats. Salah Honein continue aussi de mettre des idées sur la table, souvent par écrit, et de s’investir avec détermination dans la recherche d’une formule pour bâtir un État. Avec pour credo, faire face sans aller jusqu’à la confrontation et l’affrontement. Et pour projet, d’assurer d’abord à la population une vie décente en mettant fin à la corruption, afin de gagner la confiance de l’opinion publique. Ce n’est qu’alors que le dialogue avec le Hezbollah sera possible, sous le principe de l’unité du peuple, du territoire et des institutions, car il ne peut y avoir d’État avec deux peuples ou deux armées. « C’est l’homme consensuel par excellence, conclut Farès Souhaid. Il est capable d’arrondir les angles pour le bien du pays, tout en étant gardien des principes démocratiques de la République. »
Mais qu'est-ce qui pousse encore les hommes politique à briguer la présidence de cette république bordélique et déglinguée, qui a deux voisins de la pire espèce l'un tout autant que l'autre? Je n'arriverais jamais à le comprendre...sauf en pensant à ces abrutis qui s'acharnent encore sur la quadrature du cercle, problème dont l'impossibilité a été prouvée d'une manière on ne peut plus rigoureuse en 1882!
10 h 23, le 12 décembre 2022