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Politique - Crise politique au Liban

Nouveaux appels à élire un président à la veille d'une réunion du gouvernement sortant

Michel Aoun accuse Nagib Mikati de vouloir "s'accaparer le pouvoir" ; Neuf ministres boycottent le Conseil des ministres de lundi.

Nouveaux appels à élire un président à la veille d'une réunion du gouvernement sortant

Le bureau du président de la République libanaise toujours vide depuis que Michel Aoun a quitté le palais de Baabda, le 30 octobre 2022. Photo Dalati et Nohra

Énième appels à l'élection d'un président dans un Liban en proie à une double vacance à l'Exécutif depuis plus d'un mois déjà. Dimanche, le chef de l'Église maronite Béchara Raï a une nouvelle fois appelé à "accélérer" l'élection présidentielle, pointant du doigt l'incapacité des députés à choisir un successeur au président Michel Aoun, dont le mandat est arrivé à terme le 31 octobre. De son côté, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Kassem, a exhorté les groupes parlementaires au dialogue, une initiative à laquelle pourrait avoir recours son allié chiite et président de la Chambre Nabih Berry, après les fêtes de fin d’année.

Ces appels interviennent à la veille d'une réunion du gouvernement sortant de Nagib Mikati axée sur les aides sociales et médicales, une démarche dénoncée par l'ex-président Michel Aoun, qui y perçoit une effraction à la Constitution. Il s'agira de la première réunion du cabinet en sa qualité de gouvernement sortant depuis le mois de mai, suite aux élections législatives.

Dans son homélie dominicale, le patriarche maronite a appelé le président du Parlement à "accélérer l'élection présidentielle", regrettant que "certains partis soient prêts à perdre du temps pour des mois et des années pour arriver à leur fin". "Lors de notre rencontre la semaine dernière avec des ambassadeurs de pays arabes à Rome, nous avons senti qu'ils sont tous prêts à aider le Liban, mais qu'ils en veulent aux députés parce qu'ils s'abstiennent d'élire un président pour des raisons qui ne servent pas l'intérêt du pays", a-t-il souligné. Selon lui, "il était clair que l'aide effective au Liban est liée à l'élection en premier lieu d'un chef de l’État, à la formation d'un gouvernement capable de mettre en œuvre des réformes, et au retour du pays à sa politique de distanciation".

Convocation du cabinet sortant 

Le chef de l'Église maronite a par ailleurs demandé à Nagib Mikati, "qui s'est toujours distancié des divisions, qu'il remette les choses dans l'ordre, alors qu'ils s'apprête à réunir son équipe ministérielle lundi". Cette réunion sera consacrée à l'étude de plusieurs points, dont notamment une demande de validation d’une requête de la Banque du Liban pour le versement de 35 millions de dollars sur trois mois afin de couvrir l’achat de médicaments et de denrées de première nécessité et des aides à l’armée.

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Commentant la convocation du cabinet sortant, Michel Aoun a estimé qu'il s'agit d'une "tentative de s'accaparer le pouvoir et d'imposer sa volonté aux Libanais contrairement à ce que dicte la Constitution". "Répondre aux besoins hospitaliers, sanitaires, sociaux et autres (...) ne justifie pas cette décision qui met le pays dans une situation inédite et qui aura des répercussions sur la stabilité politique", a fustigé l'ancien président. Il a enfin appelé le gouvernement à "prendre une position unifiée pour ne pas enfreindre la Constitution qui précise clairement le rôle d'un gouvernement sortant".

Au vu du bras de fer qui oppose M. Mikati au parti aouniste, certains observateurs estiment que les ministres du gouvernement proches de l'ancien chef de l’État boycotteront naturellement la réunion.

Dimanche en fin de journée, les ministres sortants Abdallah Bou Habib, Henri Khoury, Maurice Sélim, Amine Salam, Hector Hajjar, Walid Fayad, Walid Nassar, George Bouchikian et Issam Charafeddine ont publié une déclaration annonçant qu'ils boycotteront la réunion du cabinet de lundi, ajoutant qu'"il a été convenu par le Premier ministre et le gouvernement qu'aucune session ne serait tenue à moins que deux nécessités ne s'imposent, la première étant une urgence (...) et la seconde une approbation de tous les membres du gouvernement".

"Nous ne pouvons pas considérer la vacance présidentielle accompagnée d'une vacance gouvernementale comme une affaire normale dans le pays (...)", ont ajouté les ministres, soulignant qu'ils "refusent de s'associer à une violation de la Constitution."

Appel au dialogue

Pour sa part, le numéro deux du Hezbollah, Naïm Kassem, a estimé dans un discours prononcé au cours d'une cérémonie sociale au Liban-Sud, que "la priorité, aujourd'hui est l'élection d'un président qui veille sur la mise en œuvre d'un plan de sauvetage économique, et ne soulève pas de questions controversées qui soient au service d'Israël et mènent à la sédition". "Nous devons nous mettre d'accord pour élire un président vu que les groupes parlementaires sont dispersés", a-t-il plaidé, selon des propos rapportés par notre correspondant dans le Sud Mountasser Abdallah.

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Il a souligné la nécessité pour les groupes parlementaires de "s'entendent entre eux", critiquant "ceux qui condamnent l'entente". Naïm Kassem a critiqué implicitement le député Michel Moawad, candidat d'une partie de l'opposition et farouche opposant au Hezbollah, estimant que le nombre de voix dont il bénéficiait "régresse de plus en plus chaque jour". M. Moawad a en effet vu le nombre de voix qui lui ont été accordées par la Chambre diminuer au cours des dernières séances. "Nous appelons au dialogue, et ceux qui s'y opposent bloquent l'échéance présidentielle", a enfin insisté le responsable chiite, estimant qu'il "n'existe pas d'autre voie" pour élire un chef de l’État.

Le Parlement libanais a échoué, au terme de huit séances parlementaires, à élire un successeur à Michel Aoun, faute de consensus sur un candidat, comme cela est de coutume au Liban. Si une partie de l'opposition s'entend autour de la candidature de Michel Moawad, des députés du camp aouniste et du tandem chiite Amal-Hezbollah continuent de voter blanc et de se retirer du Parlement à l'issue du premier tour de vote, engendrant une perte du quorum indispensable à la poursuite des séances électorales.

Énième appels à l'élection d'un président dans un Liban en proie à une double vacance à l'Exécutif depuis plus d'un mois déjà. Dimanche, le chef de l'Église maronite Béchara Raï a une nouvelle fois appelé à "accélérer" l'élection présidentielle, pointant du doigt l'incapacité des députés à choisir un successeur au président Michel Aoun, dont le mandat est arrivé à terme...

commentaires (10)

Je reprends. Ce président qui a achevé le pays vient pleurer sa dépouille alors que jusqu’au bout il s’est tenu là, la corde à la main pour, soit disant abréger ses souffrances. Il est le dernier à exiger ou à reprocher les crimes commis par les autres puisqu’il a été l’instigateur et le contrôleur de sa mise à mort. À sa place je me ferais tout petit et m’abstiendrais à la ramener.

Sissi zayyat

12 h 43, le 05 décembre 2022

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Commentaires (10)

  • Je reprends. Ce président qui a achevé le pays vient pleurer sa dépouille alors que jusqu’au bout il s’est tenu là, la corde à la main pour, soit disant abréger ses souffrances. Il est le dernier à exiger ou à reprocher les crimes commis par les autres puisqu’il a été l’instigateur et le contrôleur de sa mise à mort. À sa place je me ferais tout petit et m’abstiendrais à la ramener.

    Sissi zayyat

    12 h 43, le 05 décembre 2022

  • Il n’y a que la dernière phrase de mon commentaire qui échappé aux griffes de la censure. Cela ne ressemble pas à votre politique de la libre expression.

    Sissi zayyat

    12 h 17, le 05 décembre 2022

  • Pardon, ex, président.

    Sissi zayyat

    12 h 02, le 05 décembre 2022

  • Pourquoi le géant magnat n’a pas pensé aux aides sociales qu’après la fin du mandat du mandait de Michel Aoun.? Avec un sournois il y’a toujours anguilles sous roche. Il a lambiné des mois dans le but de ne pas former un gouvernement et profiter de la vacance présidentielle pour renforcer son pouvoir. Le beurre et l’argent du beurre.

    Hitti arlette

    11 h 47, le 05 décembre 2022

  • Ceux qui enfreignent la constitution depuis 1990 est essentiellement le tandem Chiite rejoint par le CPL avec le restants de leurs sbires. Leurs méfaits ont poussé les autres a vouloir faire de même. Peut-on leur en vouloir? Qui sème la merde fini par en recevoir en contre partie. Il est temps que le CPL prenne sa destinée entre ses mains, se débarrasse de GB et de sa clique, et retourne a ses sources patriotiques en retournant la table sur le tandem et leurs manigances. Le peut-il encore ou les talents encaissés pèsent très lourds pour faire marche arrière?

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    10 h 10, le 05 décembre 2022

  • Enfreindre la constitution? On plaisante ou quoi? Urgence? Quand la livre poursuit sa chute chaque jour, y a-t-il une urgence plus "urgente" (???) On se croirais dans une bande dessinée. L'état d' urgence financière aurait dûe être déclarée depuis l'abominable crise bancaire (!!!!!), mais où vivent tous ces politiques, en premier le chef du gouvernement, qui aurait dû convoquer à des réunions successives et incessantes, en présence des deux autres présidents (????) Le peuple brûle à vif, même Caligula aurait eu des sentiments à cet égard. En attendant d'élire un président, c'est bien sûr l'urgence, surtout avec un Salemeh qui nous sort une mauvaise blague tous les jours (!!!!) Un film bien noir...

    Raed Habib

    19 h 54, le 04 décembre 2022

  • Quelle est la part des médicaments de ces 35 millions ? On paie pour fabriquer des médicaments au Liban à bon prix, mais, beaucoup de ces médicaments de fabrication locale sont introuvables dans les pharmacies. Il faut douter qu'ils sont vendus à l'étranger à meilleur prix, et on en prive les libanais sans problème.. D'ailleurs, les prix de bon nombre de médicaments locaux sont inabordables, mais, pas tous. Qui contrôle cet état de choses ?

    Esber

    17 h 31, le 04 décembre 2022

  • Par quel retournement, peut-on accuser de blocage ceux qui mettent un bulletin portant le nom d'un candidat dans l'urne ? Il faudrait peut etre dire a Naim Kassem que ceux qui bloquent l'election presidentielle sont ceux qui votent blanc et organisent le defaut de quorum. Certains devraient retourner a l'ecole primaire .....

    Michel Trad

    16 h 13, le 04 décembre 2022

  • "… Michel Aoun accuse Nagib Mikati …" - C’est qui lui?

    Gros Gnon

    13 h 51, le 04 décembre 2022

  • Quelles manies ont ces députés à ne vouloir prendre leurs responsabilités ? Ils sont payés pour quoi faire ? S’enrichir ? Honte à ceux qui ont peur du grand méchant loup !

    TrucMuche

    13 h 17, le 04 décembre 2022

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