Critiques littéraires

Le paradis à la porte de l'enfer

Le paradis à la porte de l'enfer

D.R.

Taormine d’Yves Ravey, éditions de Minuits, 2022, 139 p.

Taormine. L’évocation du nom fait apparaître les images d’une carte postale de vacances italiennes, la mer, le soleil et la lumière vive sur les monuments antiques. Le roman d’Yves Ravey en fait le lieu d’une aventure déroutante, cauchemardesque et kafkaïenne.

Un couple entreprend un voyage en Sicile. Il espère que ce séjour sera le temps « du calme et du repos », mais aussi de la réconciliation. Melvil, l’époux, s’oblige à être à l’écoute de son épouse Louisa ; comme un homme qui doit se faire pardonner des égarements. Melvil et Louisa sont dans la voiture de location dont ils viennent de prendre possession à l’aéroport. Sur le chemin vers leur hôtel, Louisa exprime le désir urgent de voir la mer. Melvil dévie donc de sa trajectoire, sort de l’autoroute et se dirige vers la mer. Après la plage, puis un verre pris dans un café, le couple reprend la route. Et c’est alors la pluie, le vent, l’orage. Soudainement, dans la nuit noire, la voiture heurte violemment « une forme ». Louisa voudrait sortir voir ce qu’il en est. Melvil lui ordonne de rester dans la voiture et, dans la nuit et la tempête, ils poursuivent leur chemin.

À l’hôtel, dès son arrivée, Melvil s’enquiert de l’adresse d’un carrossier. Il voudrait, à tout prix, effacer les traces de l’accident sur l’automobile. Le lendemain, les journaux font état de la mort d’un enfant migrant renversé par une voiture.

La voiture est au cœur de l’intrigue et le centre névralgique du récit. Tout semble se jouer autour d’elle. Elle est le moteur du rêve mais aussi le piège en forme de labyrinthe dans lequel Melvil tente désespérément de se débattre.

Il y a dans ce roman, l’histoire du couple, sa relation fêlée ; il y a aussi tout ce qui n’est pas raconté mais qui surgit dans les sous-entendus, les non-dits. Entre les lignes, on saisit des choses plus grandes, plus larges, plus graves que cette histoire de couple. Dans la dramaturgie finement construite, dans l’épure des phrases, dans l’apparente banalité de certains détails de l’histoire, ressort l’art du récit d’Yves Ravey. L’air de rien, sans narratif revendicatif, le roman nous mène vers les fractures du monde à travers la figure des deux acteurs de notre mondialisation inégalitaire : le touriste et le migrant-demandeur d’asile.


Taormine d’Yves Ravey, éditions de Minuits, 2022, 139 p.Taormine. L’évocation du nom fait apparaître les images d’une carte postale de vacances italiennes, la mer, le soleil et la lumière vive sur les monuments antiques. Le roman d’Yves Ravey en fait le lieu d’une aventure déroutante, cauchemardesque et kafkaïenne.Un couple entreprend un voyage en Sicile. Il espère que...

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