Critiques littéraires

Femme des années 2020

Femme des années 2020

© Jérôme Bonnet

Journaliste et critique littéraire, rédactrice adjointe du magazine français Elle depuis 2012, Olivia de Lamberterie est chroniqueuse littéraire de l’émission Télématin sur France 2 et au Masque et la plume sur France Inter. Elle pose à travers Comment font les gens ?, ouvrage paru chez Stock, une question primordiale dans cette rentrée littéraire. Quelles sont les recettes pour trouver un chemin du bonheur dans le monde compliqué d’aujourd’hui ? 

 

Anna, personnage central du roman, vous ressemble étrangement. Ceux qui ont lu votre premier roman vous y devine à chaque page. Est-ce pour vous une autobiographie ? Quel rapport entretenez-vous avec le texte ?

Non, c’est bien un roman, Anna, ce n’est pas moi ! Disons que je lui ai prêté pas mal de mes pensées, une certaine conception de l’existence, mais sa vie n’est pas la mienne. En fait, pour Anna, je ne me suis pas mal inspirée de mes amies, des femmes fantastiques, avec des compagnons, des enfants et qui, à 23 heures, au lieu de regarder tranquillement la nouvelle saison de Fleabag attaquent la lecture d’un manuscrit… 

 

Être critique littéraire impose forcément une exigence et beaucoup d’appréhension lorsque l’on prend soi-même la plume. Mais cela peut être également un passeport. Cette démarche vous a-t-elle été difficile ? 

 

Oui être critique littéraire impose de se mettre la barre assez haut… Mais pour moi, il n’y a pas d’antinomie entre la lecture et l’écriture, au contraire, les deux proviennent du même élan, de la même volonté de découvrir une vérité indicible. Mais, critique littéraire ou pas, je crois qu’on ne peut pas écrire n’importe quoi, et encore moins n’importe comment ! J’ai énormément travaillé le rythme du livre, la ponctuation, le style, je voulais vraiment qu’on soit dans la psyché d’une femme, qu’on entende sa voix.

Trois générations de femmes se retrouvent dans votre ouvrage : les militantes d’hier, les activistes anti-patriarcales d’aujourd’hui et l’héroïne principale Anna qui essaie de se frayer un chemin dans le monde compliqué d’aujourd’hui. Être femme pour vous, impose-t-il toujours autant une obligation de performance ?

 

Oui, je pense que la société demande bien plus aux femmes d’être performantes qu’aux hommes. Elles doivent être parfaites. À la première sortie de route, on leur tombe dessus… Je crois certes qu’il existe aujourd’hui trois générations de féministes très différentes dans leur conception des relations hommes/femmes, mais avec ce livre, je voulais les rapprocher, surtout pas les opposer. Car si on regarde ce qui arrive en Amérique, l’interdiction de l’avortement surtout, il va falloir s’unir pour se battre. J’aime beaucoup le mot « sororité » et j’y crois énormément.

Les épreuves d’une vie peuvent-elles ciseler du merveilleux ?

J’adore cette question ! J’en ai assez de la résilience brandie à toutes les sauces et dénaturée à tout va, j’en ai assez du bonheur obligatoire. Moi, je pense qu’on doit chérir nos chagrins, nos disparus, nos blessures, qu’on ne doit surtout pas les dénier mais les sublimer.

 L’amitié féminine occupe une place particulièrement importante et salvatrice dans votre livre. Quelle est votre qualité préférée chez une femme ?

Mes amies sont tellement précieuses, sans elles je mordrais la poussière. Ce que je préfère chez elles ? Leur humour. Car une fille drôle est forcément élégante et intelligente.

Être une mère parfaite est une tâche qui semble hors de portée pour Anna. Quels sont les critères d’après vous pour être une mère parfaite ?

Une mère parfaite, si vous connaissez les critères, dites-le-moi ! Je pense que ce n’est pas grave d’oublier le goûter, de s’énerver parfois, de leur donner des chips au petit déjeuner parce qu’on n’a rien d’autre sous la main. Je pense que la seule chose qui compte vraiment c’est que les enfants sachent qu’on est là, pas loin, toujours, un recours et un secours.

 

Avez-vous une recette personnelle pour supporter les aléas du monde d’aujourd’hui ? 

Ouvrir un album de Sempé au hasard, écouter une musique de Michel Legrand, manger du chocolat, regarder un film de Christophe Honoré, lire Colette, Kessel ou Bretécher… Des remèdes basiques !


Comment font les gens ? d’Olivia de Lamberterie, Stock, 2022, 280 p.

Journaliste et critique littéraire, rédactrice adjointe du magazine français Elle depuis 2012, Olivia de Lamberterie est chroniqueuse littéraire de l’émission Télématin sur France 2 et au Masque et la plume sur France Inter. Elle pose à travers Comment font les gens ?, ouvrage paru chez Stock, une question primordiale dans cette rentrée littéraire. Quelles...

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