
Le Dr Haïdar Nasser, l’élu alaouite de Tripoli. Photo fournie par le député
Confirmée jeudi par le Conseil constitutionnel, l’entrée au Parlement de Haïdar Nasser, candidat alaouite de Tripoli (Liban-Nord II), a suscité des réactions mitigées. Le nouveau représentant a été élu avec 332 voix préférentielles, mais ce sont surtout ses affiliations politiques qui posent question. Haïdar Nasser était candidat sur une liste intitulée « Révolte-toi pour la justice et la souveraineté », soutenue par des groupes d’opposition proches du mouvement de contestation. La liste était parrainée par l’ex-député Rami Fanj, sunnite – qui vient de perdre sa députation au profit de Fayçal Karamé dans la même circonscription. Le Conseil constitutionnel (CC) a en effet accepté jeudi deux recours en invalidation, à savoir celui du leader de Tripoli Fayçal Karamé contre Rami Fanj, pour un siège sunnite de Tripoli, et celui présenté par Haïdar Nasser contre Firas Salloum (indépendant) pour un siège alaouite de la même circonscription. Le retour de Fayçal Karamé, connu pour sa proximité avec Damas, au détriment de Rami Fanj est un revers pour le mouvement de contestation. Il l’est d’autant plus que Haïdar Nassar, qui était jusqu’à hier un parfait inconnu, ne semble pas si proche que cela de l’esprit du 17 octobre. « Je suis avec les armes de la résistance et contre Israël », a-t-il dit jeudi dans un premier entretien accordé à la chaîne al-Jadeed. Des propos qui ont surpris une partie de ses ex-colistiers. « Il a été placé sur notre liste seulement après avoir accepté, à l’instar des autres colistiers, de signer une charte d’honneur qui égrène les principes et les constantes du mouvement de contestation que nous étions censés représenter », dit Rami Fanj à L’Orient-Le Jour. Parmi ces principes, la question de la souveraineté et celle du monopole des armes par l’armée libanaise. M. Fanj reconnaît toutefois qu’il ne connaissait pas de près le personnage et qu’il a été quelque peu surpris de ce retournement soudain de situation.
« De deux choses l’une : soit les membres de la liste connaissaient ses allégeances et n’ont rien dit. Soit ils ont été trahis. La règle est bien connue à Tripoli : aucun alaouite ne peut échapper à l’obligation d’allégeance au régime syrien. Ils sont pro-Bachar par défaut », dit un ancien conseiller d’une figure politique à Tripoli. D’après notre correspondant à Tripoli, Souheib Jawhar, la manière dont il a été désigné pour figurer sur la liste n’a pas été très méthodique. « Les membres de la liste étaient pressés par le temps et avaient absolument besoin d’un candidat alaouite pour compléter leur liste. Ils ont fini par le choisir. »
« Un cheval de Troie »
Dans les milieux de la contestation, la déception est grande. « C’était un cheval de Troie qui a été infiltré sur la liste qui nous représente », témoigne un membre de la liste qui a requis l’anonymat. À Tripoli, l’allégeance de Haïdar Nasser au camp prosyrien est pourtant de notoriété publique. Il serait même bien plus proche du camp du 8 Mars que Firas Salloum, également proche du régime Assad, mais qui a passé de longues années en Australie, ce qui lui a probablement valu le qualificatif d’« indépendant ».
Chirurgien de profession, Haïdar Nasser est issu d’une famille de notables – sa mère est une écrivaine syrienne d’une famille très en vue à Damas, les Kheirbeik ; son père, Assef Nasser, est un diplomate qui a représenté le Liban au Kazakhstan. Professeur de mathématiques à l’origine, son père fut nommé à cette fonction diplomatique hors cadre, avec le soutien de Abdel Halim Khaddam, vice-président syrien à l’époque et personnalité influente au Liban. La mère de Haïdar était proche de M. Khaddam par alliance. Le médecin est toutefois apprécié dans la capitale du Nord. « Il a bonne réputation. Et beaucoup de Tripolitains se sont dits surpris de ne pas le voir élu dès le départ », confie une candidate de la contestation de la même ville sous le couvert de l’anonymat. Joint par L’Orient-Le Jour, Haïdar Nasser n’a pas souhaité répondre à nos questions au téléphone.
Confirmée jeudi par le Conseil constitutionnel, l’entrée au Parlement de Haïdar Nasser, candidat alaouite de Tripoli (Liban-Nord II), a suscité des réactions mitigées. Le nouveau représentant a été élu avec 332 voix préférentielles, mais ce sont surtout ses affiliations politiques qui posent question. Haïdar Nasser était candidat sur une liste intitulée « Révolte-toi pour...
commentaires (9)
Et bah voilà on change discretement quelques sièges au parlement dans un sens bien defini et on a une majorité 8 Mars sans faire de bruit. Franjieh président et 6 nouvelles années d'enfer et le peuple amorphe
Liban Libre
11 h 36, le 27 novembre 2022