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Société - Entretien

Le rôle-clé de la Croix-Rouge en temps de choléra comme de Covid-19

L’organisation, qui fonctionne principalement sur la base du volontariat, s’avère une nouvelle fois essentielle pour endiguer l’épidémie. Le point avec son directeur médical Anthony Nasr.

Le rôle-clé de la Croix-Rouge en temps de choléra comme de Covid-19

Des membres de la CRL déployés dans le Nord dans le cadre d’une campagne de vaccination contre le choléra, le 12 novembre. Photo fournie par notre correspondant Michel Hallak

Leurs ambulances et leurs uniformes orange symbolisent depuis longtemps l’image rassurante du sauveteur pour les Libanais. En temps de pandémie de Covid-19, les bénévoles de la Croix-Rouge libanaise (CRL) se sont donnés à fond dans une situation inédite et poursuivent leurs efforts depuis la réapparition, le 5 octobre, d’une nouvelle vague de choléra, au bilan de 580 cas confirmés et 20 décès. Face à un système de santé défaillant en raison d’une crise économique sans précédent, l’association intervient pour répondre aux besoins et pallier les manques. En ces temps de choléra, une maladie causée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par la bactérie Vibrio cholerae, l’organisation tient encore une fois un rôle-clef dans la prévention et la vaccination, les soins préhospitaliers ou le transfert vers les centres de traitement.

« Le choléra, ce n’est pas que dans le Akkar »

« Le nombre de cas de choléra suspects est beaucoup plus élevé que ne l’indiquent les chiffres correspondant aux cas avérés, alerte le directeur médical de la Croix-Rouge Anthony Nasr lors d’un entretien accordé à L’Orient-Le Jour. Beaucoup de patients ne sont pas dépistés, et dans les régions où il y a beaucoup de cas, il n’est pas jugé nécessaire de faire des examens. » Sauf que le choléra, ce n’est pas que dans le Akkar et dans les localités lointaines, mais partout ailleurs. « Il y a des cas à Beyrouth et au Mont-Liban en raison des infrastructures défectueuses et des gens qui ne lavent pas correctement les fruits et légumes, ou mangent de la salade au restaurant », affirme-t-il.

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Dans la lutte contre l’épidémie, la CRL est partout et à tous les stades, secondant un système de santé fatigué. Depuis le Covid-19, la Croix-Rouge a ouvert un centre d’appel, le 1760, qui sert désormais aussi pour le choléra. Les individus ayant des symptômes peuvent téléphoner 24h/24 afin d’être transférés vers un médecin spécialiste des maladies infectieuses capable d’établir un diagnostic, de prescrire un traitement et d’assurer un suivi. « Le choléra nécessite de commencer le traitement au plus tôt car l’évolution est très rapide », souligne Anthony Nasr, médecin de formation. Les soins préhospitaliers délivrés par la CRL sont indispensables pour endiguer l’épidémie, éviter la saturation des hôpitaux et réduire le nombre de cas graves pouvant conduire à des décès (par déshydratation).

« Les hôpitaux ne seraient pas en mesure de répondre à une telle demande vu le manque de fonds, les problèmes d’approvisionnement en énergie et le manque de personnel parti travailler à l’étranger pour fuir la crise économique au Liban », explique le Dr Nasr.

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L’association assure en outre le transfert des malades depuis leur domicile vers les différents centres de soins gérés par le ministère, mais aussi entre ces centres. La prise en charge des malades est assurée actuellement par les centres de premiers secours, les sections réservées au choléra dans les hôpitaux de campagne (lorsqu’il n’y a pas d’hôpitaux, comme à Ersal) et la douzaine d’établissements hospitaliers dédiés au choléra listés par le ministère.

Dans les prisons et aux frontières

Une semaine après le lancement de la campagne de vaccination publique au Liban-Nord et dans la Békaa par le ministère et ses partenaires locaux et internationaux, plus de 235 000 vaccins ont déjà été administrés, soit plus du tiers des 600 000 doses envoyées au Liban par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Unicef. La CRL, qui participe à l’opération, avait aussi assuré une première phase : grâce à un don français de 13 000 doses, elle avait pu vacciner 4 000 détenus, une précaution essentielle dans des geôles surpeuplées. Depuis le 12 novembre et pour une durée de trois semaines, l’association fait du porte-à-porte afin de vacciner la population du Akkar, principal foyer de l’épidémie, aux côtés d’autres ONG.

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« Nous profitons également de notre présence aux postes-frontières, où nous administrons habituellement des vaccins de routine, pour sensibiliser au choléra et dépister d’éventuels cas avant l’entrée dans le pays », annonce le Dr Nasr. Selon lui, l’épidémie de choléra, très répandue en Syrie, a pénétré au Liban à travers les voyageurs et s’est ensuite propagée très probablement à travers la consommation de fruits et légumes contaminés par les eaux usées qui s’infiltrent dans l’eau d’irrigation en raison des infrastructures défectueuses. Et la CRL joue, à ce niveau, un rôle assez méconnu du grand public : son personnel chargé de la surveillance et de l’assainissement de l’eau intervient en soutien aux municipalités des différentes régions afin de traiter l’eau qui provient de sources à risque et de trouver des alternatives propres. « À titre d’exemple, nous aidons les propriétaires de camion-citerne à purifier leur eau grâce au chlore, examinons cette eau et surveillons les sources d’approvisionnement de cette filière informelle (qui dessert les consommateurs quand l’eau courante assurée par l’État est coupée, NDLR), poursuit Anthony Nasr. Et dans les foyers de choléra, nous faisons du porte-à-porte pour éduquer les habitants. Nous leur distribuons du chlore à usage domestique et leur apprenons à assainir l’eau en coordination avec les autres associations présentes sur le terrain. »

Leurs ambulances et leurs uniformes orange symbolisent depuis longtemps l’image rassurante du sauveteur pour les Libanais. En temps de pandémie de Covid-19, les bénévoles de la Croix-Rouge libanaise (CRL) se sont donnés à fond dans une situation inédite et poursuivent leurs efforts depuis la réapparition, le 5 octobre, d’une nouvelle vague de choléra, au bilan de 580 cas confirmés et...

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