Idéalisme interdit

Pourquoi le fait de vouloir un pays d’égalité des chances dans un univers laïc certes, mais où le spirituel de chaque religion définit les décisions visant à ancrer une paix durable, doit être qualifié d’idéalisme ?

Pourquoi le fait de vouloir vivre dans une société où la seule arme véhiculée entre les civils est l’amour d’une même patrie, et l’appartenance sacrée à elle, doit être qualifié d’idéalisme ?

Pourquoi le fait de vouloir vivre dans un pays où toutes les dépenses d’infrastructure sont contrôlées par plusieurs comités autonomes et non intéressés pour limiter les frais inutiles doit être qualifié d’idéalisme ?

Pourquoi le fait de vouloir d’un Liban propre, beau et bien géré, refuge des libertés en droit de la personne et des consciences, doit être qualifié d’idéalisme ?

Pourquoi le fait de vouloir vivre dans un pays où les religieux demeurent dans leurs couvents et leurs mosquées pour rayonner de spiritualité et guider les consciences doit être qualifié d’idéalisme ?

Pourquoi doit-on accepter que des parasites du système, sous prétexte de vouloir continuer le chaos qui leur sert en pompant les richesses, nous traitent d’idéalistes ?

Pourquoi le fait de vouloir se dresser droit devant une justice au-dessus de la mêlée qui protège l’innocent et punit le coupable doit être qualifié d’idéalisme ?

Pourquoi le fait de vouloir rebâtir une nouvelle Constitution saine et qui évite les querelles militaires dans la durée doit être qualifié d’idéalisme ?

Pourquoi le fait de refuser toute ingérence étrangère dans le destin de notre pays doit être qualifié d’idéalisme ?

Si tout cela est qualifié d’idéalisme, cela voudrait dire que les gens, soit ont abandonné toute envie de liberté, soit profitent d’un système mafieux et favorisant le clientélisme en prétendant en souffrir.

J’ai bien peur que des navigateurs non guerriers que nous fûmes un jour, nous soyons devenus des pirates abandonnés volontairement sur une ferme libanaise au cœur d’un pays imaginaire.

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