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Au Sloppy Joe’s Bar, un trésor d’inédits de Hemingway

Ces documents, textes, impressions inédits sortis de l’esprit d’Ernest Hemingway seront bien gardés à la Penn State University, dépositaire de ce legs.

Au Sloppy Joe’s Bar, un trésor d’inédits de Hemingway

Sloppy Joe’s Bar, Key West, Floride, États-Unis. Photo Creative Commons

« Bonjour madame, Ernest a laissé des affaires ici dans les années 30. Pouvez-vous venir les chercher ? » Cet appel téléphonique provenait, en 1962, du patron du Sloppy Joe’s Bar et s’adressait à Mary Welsh, quatrième épouse du célèbre écrivain Ernest Hemingway, qui s’était donné la mort un an auparavant, en 1961. Lorsque Mary se rend à Key West en Floride, où se trouvait ce bar fréquenté par Hemingway qui avait longtemps séjourné dans cette ville, elle découvre une montagne de feuilles et autres documents. Submergée et surprise par la quantité de travail à accomplir, elle demande à un ami proche et ancien assistant de l’écrivain, Toby Bruce, de l’aider à s’y retrouver. Gardant quelques documents pour elle, elle confie le reste à Toby et sa femme, Betty. Le couple a finalement transmis le trésor à son fils, Benjamin Dink Bruce, qui s’attèle à le classer, en collaboration avec l’historien Brewster Chamberlain et Sandra Spanier, spécialisée en littérature à la Penn State University. Dink espérait trouver un lieu d’accueil permanent pour cette collection unique, rarement exposée au public.

L’un des textes de l’écrivain faisant partie de la collection. Photo tirée de la page Facebook de la Penn State University

Une mine d’or pour les érudits

Après son décès en 2020, ses héritiers ont travaillé avec Sandra Spanier pour amener la collection aux Penn State University Librairies. « Je me suis sentie responsable de cette initiative, à la fois en tant que personne qui avait une affection et un respect incroyables pour Dink et Brewster, mais aussi parce que j’étais impliquée dans ce domaine. C’est une mine d’or pour un érudit ! » précise-t-elle à ce sujet, dans un texte posté sur le site de ces bibliothèques. En effet, c’est un très précieux trésor qu’avait engrangé Ernest Hemingway. Dans son illustre cache du Sloppy Joe’s Bar, il avait laissé de l’infiniment important à l’infiniment ordinaire, le tout demeurant un héritage très précieux. Dans ce trésor, la première nouvelle connue de Hemingway (écrite à l’âge de 10 ans), quatre nouvelles inédites, des centaines de photographies, des idées de manuscrit, des lettres, des vêtements et des effets personnels. L’écrivain était un collecteur compulsif notoire, il ne jetait rien et conservait, entre autres objets, des billets de spectacles de corrida (qui le passionnaient), des factures de bars, une liste de titres d’histoires refusés et notés sur un bout de carton. Un texte, rédigé par Hemingway à l’âge de 26 ans, soit environ 35 ans avant son suicide, interpelle toutefois Sandra Spanier. L’écrivain y parle de « la méditation morbide », partage ses réflexions « sur les meilleures manières de mourir », considérant que « tomber d’un paquebot la nuit est le scénario idéal, à moins de s’arranger pour mourir d’une façon ou d’une autre pendant son sommeil ».

Ernest et Mary Hemingway en safari, 1953-54. Photo Ernest Hemingway Photograph Collection, John F. Kennedy Presidential Library and Museum, Boston/Creative Commons

La Penn State University dépositaire de ce trésor

Autre pièce maîtresse découverte dans la cache de l’auteur de Pour qui sonne le glas, cette nouvelle quelque peu féroce sur son contemporain et rival, l’écrivain Francis Scott Fitzgerald. L’œuvre le présente dans le rôle de Kid Fitz, un jeune boxeur fictif avec une hernie étranglée, un nez manquant et deux yeux au beurre noir.

Compte tenu de la richesse de cette découverte, les chercheurs, qui vont étudier la collection Bruce, découvriront probablement de nouvelles informations sur la vie de Hemingway. « Notre travail ressemble à une chasse aux œufs de Pâques », s’enthousiasme Sandra Spanier auprès du New York Times. Vera Kwale, spécialiste de littérature à Penn State et rédactrice en chef adjointe du Hemingway Letters Project, souligne que « la collection sera particulièrement précieuse pour les étudiants de Penn State et leur permettra d’en apprendre plus sur l’écrivain. C’est une raison de plus de se réjouir du fait que la collection soit parvenue intacte dans une bibliothèque de recherches plutôt que de finir entre des mains privées ». Cette même collection, acquise en octobre 2021 par les Penn State University Librairies, les place au premier rang des dépositaires du legs culturel d’Ernest Hemingway, au même titre que la John F. Kennedy à Boston et la bibliothèque de l’université de Princeton.

« Bonjour madame, Ernest a laissé des affaires ici dans les années 30. Pouvez-vous venir les chercher ? » Cet appel téléphonique provenait, en 1962, du patron du Sloppy Joe’s Bar et s’adressait à Mary Welsh, quatrième épouse du célèbre écrivain Ernest Hemingway, qui s’était donné la mort un an auparavant, en 1961. Lorsque Mary se rend à Key West en Floride, où se...

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