Aoun demande à Mikati de revenir à Baabda ce soir pour permettre la formation du gouvernement

Le président libanais, Michel Aoun, dont le mandat s'achève le 31 octobre, a demandé mardi au Premier ministre désigné, Nagib Mikati, de revenir au palais de Baabda ce soir afin que le gouvernement puisse être formé, et lui a également demandé d'adopter des "critères unifiés" afin de faciliter, selon lui, la naissance du cabinet.

Les deux dirigeants se sont déjà rencontrés mardi matin, mais aucune avancée sur la formation du gouvernement ne semble avoir été enregistrée à l'issue de cet entretien, alors que le processus est dans une impasse politique depuis mai dernier.

"Régler la question de la formation du gouvernement est très simple. J'ai demandé aujourd'hui au Premier ministre Mikati d'être juste envers tout le monde et de revenir ce soir (au palais de Baabda, ndlr) pour que les décrets de la formation du gouvernement soient annoncés", a dit le président Aoun lors d'une causerie avec des journalistes, selon un communiqué de la présidence.

"Critères unifiés"

"Il faut adopter des critères unifiés dans la formation du gouvernement. C'est la bonne manière d'aboutir à un cabinet productif et capable de gérer les affaires, alors que ce qui se passe actuellement contredit le principe d'unicité des critères. Ce sont les partis présents au gouvernement qui nomment leurs ministres. Mais lorsque vient le tour du Courant patriotique libre (CPL, fondé par M. Aoun) de le faire, on insiste à s'y ingérer et à nommer les ministres à la place du parti", a déploré le chef de l'Etat. "Cela est anormal et inacceptable. Lorsque chaque parti veut nommer ses ministres, +ils+ doivent accepter que ce critère s'applique aux autres et soit unifié", a-t-il insisté.

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Interrogé sur les prérogatives du gouvernement actuel de Nagib Mikati qui expédie les affaires courantes depuis le mois de mai, suite aux élections législatives, le président Aoun a estimé que ce cabinet "sera amputé de certaines prérogatives" en cas de vacance à la présidence" (...) et il "ne pourra pas exercer toutes les prérogatives du président".

Mardi matin, M. Mikati avait été brièvement reçu par M. Aoun à Baabda, dans ce qui a été considéré comme une visite d'adieu par la presse locale. Interrogé au sujet de sa promesse de "dormir au palais présidentiel jusqu’à ce qu’un nouveau gouvernement soit formé", formulée il y a plusieurs semaines, il a répondu : "Ils ont tout déménagé vers Rabieh, il n’y a plus de place (au palais de Baabda) pour dormir", dans une référence à la résidence privée de M. Aoun.

Le Premier ministre sortant avait de nouveau été désigné pour former un cabinet, mais n'a toujours pas réussi à le faire, en raison de divergences avec le camp Aoun autour du remaniement de son équipe. Cette impasse politique fait craindre une vacance totale au niveau de l'Exécutif après le 31 octobre, ce qui serait une première dans l'histoire du Liban.

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Par le passé, l'élection d'un président a déjà débouché sur des violences ou des crises politiques, dans un pays fondé sur un partage communautaire du pouvoir, la présidence de la République étant réservée à un chrétien maronite.

Selon des analystes, la crise actuelle est principalement liée au refus du Hezbollah de tout processus électoral qui ne mènerait pas son candidat à la présidence, à l'instar de ce qui s'est passé lors de l'élection de son allié Michel Aoun, qui avait nécessité plus de deux ans et 46 sessions électorales en 2016. Son mandat a été marqué par un effondrement économique sans précédent, un soulèvement populaire en 2019 qui n'a pas abouti et une double explosion au port de Beyrouth qui ravagé la capitale l'année suivante.