Des auteurs et des intellectuels participant au festival Beyrouth Livres ont lancé une pétition condamnant les propos du ministre de la Culture Mohammad Mortada, jugeant sa prise de position "inacceptable" et insistant sur le fait que le livre reste "un espace de liberté non négociable". À l’origine de cette affaire, un tweet du ministre daté du 8 octobre dans lequel il avait prétendu qu’un nombre d’écrivains s’apprêtent à visiter le pays, parmi lesquels se trouve "un certain nombre ayant embrassé les projets sionistes dans la pensée et dans la pratique, les soutenant aussi bien dans leurs travaux littéraires que dans leur vie quotidienne". "Nous ne permettrons pas la normalisation culturelle masquée avec le sionisme au Liban", avait-il ajouté.
Une centaine d’auteurs francophones composent l’affiche de Beyrouth Livres, premier festival littéraire de cette envergure, organisé par l’Institut culturel français en collaboration avec des partenaires du secteur de l’édition. L’événement, qui survient quatre ans après le dernier Salon du livre francophone de Beyrouth, se déroule du 19 au 30 octobre dans divers lieux de la capitale et dans les régions. Les quatre finalistes du prix Goncourt 2022 doivent être annoncés depuis la capitale libanaise le mardi 25 octobre.
Mais quatre membres du prestigieux Goncourt (Éric-Emmanuel Schmitt, Tahar ben Jelloun, Pascal Bruckner et Pierre Assouline) se sont désistés. Si les propos du ministre n’ont pas été directement mis en cause, certains ont invoqué "la situation sécuritaire dans le pays", et d’autres pour des raisons personnelles. L’écrivain Sélim Nassib s’est pour sa part déclaré "dégoûté par les propos" du ministre.
Mercredi 19 octobre, un manifeste rédigé par des auteurs participant au festival a commencé à récolter des signatures de confrères, vite rejoints par des intellectuels libanais de tous bords ainsi que par des confrères étrangers.
"La prise de position du ministre de la Culture, Mohammad Mortada, au sujet du festival francophone du livre à Beyrouth est inacceptable, souligne le texte partagé. Nous ne cesserons de répéter que le livre est un espace de liberté non négociable et qu’il est interdit d’interdire de parole toute personne n’ayant qu’elle même pour exposer et défendre sa pensée. Nous comprenons que certains auteurs aient choisi de se désister. Nous les assurons de notre solidarité et nous réaffirmons que nous participerons d’autant mieux à cette manifestation littéraire qu’elle prend désormais le caractère d’une forme de résistance contre tous les obscurantismes, d’où qu’ils viennent."
La liste de ceux qui ont apposé leurs noms sur cette dénonciation collective s’allonge au fil des heures. Ce jeudi à 17h, nous pouvions retrouver les signatures suivantes.
Liste des signataires (encore en évolution) :
Rasha al-Ameer, Issa Goraieb, Dima Abdallah, Marie-Rose Abomo Maurin, Fifi Abou Dib, Camille Ammoun, Hoda Barakat, Sophie Bessis, Antoine Boulad, Carmen Boustany, Hind Darwich, Sedef Ecer, Dominique Eddé, Laurence Gavron, Joumana Haddad, Rabih Haddad, Imane Humaydan, Élias Khoury, Henry Laurens, Charif Majdalani, Ziad Majed, Georgia Makhlouf, Mona Moukarzel, Marie José Alie Monthieux, Alexandre Najjar, Cécile Oumhani, Catherine Pont-Humbert, Emmanuel Ruben, Michèle Standjofski, Hyam Yared, Faouzia Zouari, Hoda Rizk, Hala Kawtharani, Marie Tawk, Nada Moghaizel Nasr, Lamia Ziadé, Iman Humaydan, Geneviève Damas, Siham Harb, Alawiyah Sobh, Amal Makarem, Najwa Barakat, Antoine Courban, Henri Zougheib, Edmond Rabbath, Monika Borgmann, Sahar Khatib, Fadi Stephan, Michèle de Freige.
Voici le texte de la pétition en arabe :
موقف وزير الثقافة محمد مرتضى من مهرجان الكتاب ليس مقبولا. فنحن لن نتوقف عن التأكيد بأن الكتاب هو فضاء للحرية التي لا يمكن التنازل عنها. الممنوع هو منع أي شخص من الكلام والدفاع عن أفكاره. نحن نتفهم انسحاب بعض الكتاب احتجاجا، ونتضامن معهم، لكننا نؤكد مشاركتنا في هذه التظاهرة الأدبية التي تتخذ طابع مقاومة الظلامية على مستوى جميع الهويات
Quelle hypocrisie! Le HB n’a-t-il pas approuve la signature du traite maritime de Cana avec Israel? Finissons-en avec cette comédie! Merci de publier le manifeste pour qu’on puisse ajouter notre signature.
10 h 04, le 22 octobre 2022