Le titre Et toi, comment vas-tu ? invite d’emblée à pénétrer dans un univers d’hospitalité et d’attention à l’autre. Et c’est cette posture de délicatesse que déploie l’écriture de Lise Gauvin qui raconte l’histoire d’une lignée familiale à travers ses femmes.
Le récit se déploie autour de cinq journées pendant lesquelles la narratrice veille sa mère mourante. Ces moments où la vie bascule font jaillir en elle des souvenirs, des images, des scènes « nourries par sa propre vie et celle des femmes de sa lignée ».
Dans une langue de mélancolie douce, où l’on retrouve des échos de Camus et de Pérec, Lise Gauvin raconte les destinées de cinq femmes, la narratrice, sa mère, sa grand-mère, son arrière-grand-mère et l’aïeule Anne, orpheline et « fille du Roi » de France qui a traversé l’Atlantique pour se rendre dans la nouvelle colonie du Canada en 1665.
Les scènes de vie des cinq protagonistes, bien que datées, sont disposées selon un assemblage disparate, non chronologique. Telles des pierres ramassées puis disposées les unes par rapport aux autres, elles finissent par dessiner une forme, comme une étoile à cinq branches. Cette histoire en forme de bannière étoilée est entretissée des vies singulières des femmes de la famille et de l’histoire collective du Canada. On y lit les transformations du statut de la femme lié à l’histoire politique et sociale du Québec. Les mots de Lise Gauvin disent l’importance de l’éducation dans la vitalité de ces femmes. Au-delà de leurs histoires générationnelles différentes, le temps présent, qui conjugue chacun de leur récit, donne à ces femmes un air de permanence, comme si un fil les rassemblait au-delà des époques, dans une forme de sororité horizontale qui fait de la narratrice qui vit au XXIe siècle la sœur de ses ancêtres.
Et toi, comment vas-tu ? de Lise Gauvin, éditions des femmes-Antoinette Fouque, 2022, 139 p.
Lise Gauvin au Festival :
Débat « Où en est le combat pour le droit des femmes ? » avec Lise Gauvin, Sophie Bessis et Fatoumata Ki-Zerbo, présenté par Joelle Hajjar, jeudi 27 octobre de 12h à 13h30 (Théâtre Gulbenkian, Lebanese American University).
Le Grand procès des Écrivaines - Les femmes qui écrivent sont-elles dangereuses ?, vendredi 28 octobre à 17h30 (Salle Leila Turqui, Bibliothèque Orientale de l’Université Saint-Joseph).
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