Entretiens

Christophe Ono-Dit-Biot de retour sur le mont Athos

Christophe Ono-Dit-Biot de retour sur le mont Athos

Après Birmane (prix Interallié 2007) ou Plonger (Grand Prix du roman de l’Académie française et prix Renaudot des lycéens 2013), Christophe Ono-Dit-Biot est de nouveau sous les flashes des projecteurs avec Trouver refuge. On retrouve dans ce roman nombre de thèmes et de motifs romanesques qui parcouraient déjà ses livres précédents, articulés autour de préoccupations très actuelles telles que la tentation populiste qui menace les démocraties, la réduction drastique des libertés et la surveillance généralisée d’individus devenus si dépendants de leur « téléphones intelligents », la fragilisation de l’Europe et la montée des extrêmes. Avec le sens de la construction romanesque qu’on lui connaît, Ono-Dit-Biot mêle habilement son goût pour la mythologie, son amour de la Grèce antique, sa connaissance de l’Histoire et son talent de raconteur d’histoires pour composer un roman à la fois très actuel et qui éclaire le présent par le recours au passé.

Vous aviez déjà situé un de vos romans sur le mont Athos. Pourquoi avez-vous eu envie de recommencer ? Est-ce un lieu que vous trouvez particulièrement inspirant pour l’écriture ?

C’était le moment et je ne l’ai pas vraiment choisi : j’ai été stimulé et guidé par une image mentale, énigmatique, qui m’est apparue. Chacun de mes romans est ainsi déclenché par une image simple et puissante, que le roman va contribuer à élucider. Là, c’était celle d’une main d’enfant dans celle de son père, au milieu d’une nature édénique d’une beauté renversante. Cette nature, c’était celle du mont Athos, véritable sanctuaire coupé du monde où j’allais donc emmener ce père et cette petite fille, alors que ce territoire est interdit aux enfants. Cela s’est imposé comme ça et vingt ans après, j’ai donc été reconduit sur le mont Athos par un roman qui l’exigeait, après y avoir emmené mon fils de 10 ans, il y a quelques années. C’est un lieu incroyable, hors norme, d’un romanesque inouï. Un antimonde, un contre-monde en plein cœur de notre monde, mais coupé de ce monde…

L’Antiquité, grecque, surtout, occupe une place importante dans votre œuvre. Pour quelle raison ?

Depuis mon enfance, j’ai été construit par des histoires liées à l’Antiquité, grâce à une professeure de grec, aux textes qu’elle nous enseignait, pleins de héros sillonnant les mers, de princesses intrépides, de dieux capricieux et de nymphes qui promettaient l’immortalité à leurs amants mortels… Et par-delà ces histoires, j’ai compris avec les années que ces temps anciens étaient aussi un gisement précieux pour éclairer notre époque. Bien des situations qui nous apparaissent inédites ont été vécues, pensées, racontées par Homère, Plutarque ou Cicéron. Pour moi, l’Antiquité nous permet de regarder notre époque avec une distance critique qui nous aide à la comprendre.

La thématique de la transmission est tout à fait centrale ici, mais ce n’est pas la première fois qu’elle vous occupe. Est-ce parce que vous vous inquiétez de ce qu’est devenue l’école de la République ? Et que l’envahissement par les écrans met à mal cette transmission ?

C’est la question qui me préoccupe en effet, depuis toujours, et que je voulais traiter à fond dans ce roman : que transmettre à son enfant quand le temps manque, dans une époque pleine de dangers, quand les écrans font écran ? Des connaissances, sans doute, mais aussi des histoires qui émerveillent et font grandir, des histoires qui ont façonné notre monde, notre humanité. Comment rester humain dans un monde où l’inhumanité menace par l’hypertechnologisation, par le retour de la guerre, de la violence physique et digitale, des famines ? Comment garder ce qui en nous est humain ? C’est cela le programme de Trouver refuge.

Trouver refuge de Christophe-Ono-Dit-Biot, Gallimard, 2022, 416 p.

Christophe-Ono-Dit-Biot au Festival :

Un café avec Christophe Ono Dit-Biot, présenté par Georgia Makhlouf, samedi 29 octobre à 12h30 (Café des Lettres).

Un café avec Manuel Carcassonne, Paul Audi et Christophe Ono-Dit-Biot autour du thème de la quête d’identité, présenté par Elsa Yazbeck, dimanche 30 octobre à 14h45 (Café des Lettres).

Après Birmane (prix Interallié 2007) ou Plonger (Grand Prix du roman de l’Académie française et prix Renaudot des lycéens 2013), Christophe Ono-Dit-Biot est de nouveau sous les flashes des projecteurs avec Trouver refuge. On retrouve dans ce roman nombre de thèmes et de motifs romanesques qui parcouraient déjà ses livres précédents, articulés autour de préoccupations très actuelles...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut