Le clin d'œil Le clin d'œil de Nada Nassar-Chaoul

Nostalgie

a s’appelait encore « Lire en français et en musique ». Très tôt, les garçons, tout excités, vous rappelaient que c’était pour aujourd’hui et qu’il leur fallait plein de sous. C’était une sorte de récré, une sortie scolaire bienvenue en ce début d’année scolaire toujours un peu morose. Les cars de l’école allaient les amener à l’exposition du livre francophone où ils pourraient acheter plein de B.D., des CD de musique et des articles de papeterie kitsch, genre gommes à la fraise, cahiers parfumés à la rose et autres crayons en forme de ballon de foot, sans oublier les « manakichs » et ces jus triangulaires en carton qu’on écrasait sous le pied avec un bruit de bombe.

De votre côté, les choses étaient nettement plus sérieuses. Dès que le programme du Salon était lancé, vous cochiez consciencieusement, sous l’égide de votre auguste époux, autorité culturelle incontestable et incontestée dans votre petite famille, les activités auxquelles vous alliez participer. Conférences, débats, signatures d’ouvrages, tables-rondes, cérémonies de remise de prix littéraires et autres événements culturels, vous aviez fort à faire pour tout, tout, tout voir durant les dix jours de l’expo.

C’était aussi l’occasion de rencontrer tout le monde, de vos amis intellos exilés à Paris, auréolés de la gloire du label « écrivain francophone », aux philosophes et écrivains arabophones venus de leurs lointaines montagnes humer au Salon les effluves de la liberté à la française, en passant par les mondains et mondaines qui ne rateraient pour rien au monde la signature du livre sur les arrangements floraux d’une femme du monde very in.

Vous vous souvenez encore de la visite palpitante de Valérie Trierweiler au Salon. Dédaignant complètement ses éventuelles et incertaines qualités littéraires, vous aviez décidé, avec vos bonnes copines, qu’elle était bien plus belle que sur les photos de Paris-Match, (c’était avant qu’elle ne soit congédiée par qui vous savez…). Vous vous souvenez aussi de Douglas Kennedy, l’auteur américain de romans bien connu, courant comme un dératé dans le parking pour arriver à temps à sa signature, de Mazarine Pingeot qui ressemblait de manière si saisissante à Tonton que vous aviez illico acheté son roman, sans même savoir de quoi il parlait. Et comment oublier l’interview « iconique » d’Amin Maalouf, dont nous étions déjà si fiers, par la talentueuse Georgia Makhlouf et la visite historique du héros des émissions littéraires de notre jeunesse, Bernard Pivot, venu en chair et en os, en bon vivant qu’il était, disserter sur le vin et nous lire sa célèbre dictée truffée de pièges.

C’était Beyrouth, c’était dans une autre vie…

Nous la pensions éternelle. Reviendra-t-elle un jour ?

a s’appelait encore « Lire en français et en musique ». Très tôt, les garçons, tout excités, vous rappelaient que c’était pour aujourd’hui et qu’il leur fallait plein de sous. C’était une sorte de récré, une sortie scolaire bienvenue en ce début d’année scolaire toujours un peu morose. Les cars de l’école allaient les amener à l’exposition du livre francophone...

commentaires (1)

Hélas, non! Maintenant, c'est l'époque de la "moumana3a", sous l'égide du grand barbu de Téhéran, le représentant sur terre de "sahib az-zaman", et de son représentant au Liban, l'index toujours prêt à menacer les "agents sionistes" et les laquais du "Grand Satan"!

Georges MELKI

12 h 32, le 06 décembre 2022

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Hélas, non! Maintenant, c'est l'époque de la "moumana3a", sous l'égide du grand barbu de Téhéran, le représentant sur terre de "sahib az-zaman", et de son représentant au Liban, l'index toujours prêt à menacer les "agents sionistes" et les laquais du "Grand Satan"!

    Georges MELKI

    12 h 32, le 06 décembre 2022

Retour en haut