Quelques dizaines de personnes rassemblées lundi sur la place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, pour le troisième anniversaire du mouvement de révolte du 17 octobre 2019 au Liban, ont installés l'emblème du soulèvement, le poing de la "thaoura" (révolution en arabe), en tissu, sur un échafaudage en métal.
Selon notre journaliste sur place Lyana Alameddine, des chants révolutionnaires rythmaient ce rassemblement timide, alors qu'un léger déploiement policier et militaire a été constaté sur les lieux. Des slogans contre l’accord sur la frontière maritime avec Israël ont été brandis sur certaines banderoles. Jeudi, le président libanais Michel Aoun a annoncé l'approbation par le Liban de la version finale de l'accord sur la délimitation de sa frontière maritime avec Israël, fruit d'un long processus de négociation sous l'égide des États-Unis.
Présent sur la place des Martyrs , Tarek Charaf, 48 ans, affirme que "le mouvement du 17 octobre n'est pas arrivé à sa fin". "C’est une lutte qui s’inscrit sur le long terme, ajoute-t-il. Le peuple libanais doit changer son état d’esprit. Il faut comprendre ce qu’est une bonne politique de gouvernance, la transparence… et se rappeler que les politiciens sont des fonctionnaires au service du peuple".
Vers 17h30, les manifestants ont prévu d'observer une minute de silence en mémoire des "martyrs du 17 octobre", puis de se diriger vers le Parlement, situé un peu plus loin sur la place de l'Etoile, autour de 18h.
Les collectifs ont également annoncé une seconde mobilisation pour ce jeudi, parallèlement à la troisième séance du Parlement consacrée à l'élection présidentielle, dénonçant un "spectacle donné par la classe au pouvoir lors de ces séances stériles".
Dans un communiqué commun publié dimanche et rapporté par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), les collectifs demandent "au peuple libanais de [les] retrouver le jeudi 20 octobre, jour de la troisième séance consacrée à l'élection d'un président". "D'abord pour mettre fin au spectacle donné par la classe au pouvoir lors de ces séances stériles qui ne mènent qu'à l'anarchie et l'effondrement, et pour forcer l'élection d'un président qui rende au Liban son éclat et son rang", poursuit le communiqué, alors que les députés ont déjà échoué à deux reprises à élire un successeur au président Michel Aoun, faute de consensus entre les forces politiques.
Le 17 octobre 2019, un mouvement de révolte sans précédent avait vu le jour au Liban, dénonçant la classe politique au pouvoir. La mobilisation sur tout le territoire avait duré plusieurs mois, et de nombreux heurts avaient éclaté entre manifestants et forces de sécurité. Lors de la commémoration de ce soulèvement en 2021, la mobilisation avait été plutôt timide dans la capitale.
Entre-temps, le pays poursuit son effondrement économique et 80 % de la population vit maintenant dans la pauvreté, selon des chiffres de l'ONU.
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