Le président libanais, Michel Aoun, a déclaré lundi que "les négociations indirectes" avec Israël sur la démarcation de la frontière maritime "ont déjà fait un bon bout de chemin" et que les "écarts se réduisent" entre les positions des deux pays, quelques jours après que l'Etat hébreu a rejeté des amendements suggérés par les autorités libanaises à une proposition de résolution américaine présentée par le médiateur Amos Hochstein.
Le Liban s'apprête à finaliser dans les prochains jours "tous les arrangements" liés aux négociations maritimes, a déclaré M. Aoun lors d'une rencontre avec le patriarche arménien catholique de Cilicie, Raphaël Bedros XXI Minassian à Baabda. "Les écarts discutés la semaine dernière se sont réduits", a-t-il ajouté.
Selon le chef de l'Etat, la conclusion d'un accord sur la démarcation de la frontière marquera "le début du processus d'exploration du pétrole et du gaz dans la zone économique exclusive libanaise, ce qui permettra de donner un nouvel élan au processus de relance économique". Les responsables libanais ont fait miroiter à de nombreuses reprises les perspectives économiques d'une exploitation des hydrocarbures offshore, alors que le pays est enfoncé, depuis plus de trois ans, dans une grave crise socio-économique et financière, une des pires dans le monde depuis la seconde moitié du 19e siècle selon la Banque mondiale.
Un porte-parole du département d'Etat a pour sa part déclaré au média al-Arabiya, sous couvert d'anonymat, qu'Amos Hochstein "est en contact avec toutes les parties et œuvre pour résoudre les différends restants, alors que les négociations sont dans leur phase finale". "Nous demeurons engagés à parvenir à une solution et pensons qu'un accord sur le long terme est possible et à portée de main", a-t-il précisé.
"L'unité de la position libanaise"
De son côté, le Mouvement Amal, dirigé par le président du Parlement Nabih Berry, a déclaré dans un communiqué qu'il soutenait "l'unité de la position libanaise [sur la démarcation de la frontière] pour empêcher Israël de voler les droits du Liban et ses richesses" éventuelles en hydrocarbures. M. Berry était le parrain de l'accord-cadre pour les négociations avec Israël, conclu en 2020.
Jeudi, Israël avait rejeté les amendements de Beyrouth au projet d'accord proposé par Amos Hochstein. Ce revers a semblé refroidir les espoirs qu'un accord soit conclu avant la fin du mandat de M. Aoun, le 31 octobre. Toutefois, dimanche soir, la présidence avait annoncé qu'une nouvelle "version finale" de la proposition de médiation sera envoyée par M. Hochstein au Liban "dans les prochaines heures".
En début de journée de dimanche, l'entreprise Energean avait, elle, commencé à pomper du gaz vers son installation flottante de production dans le champ gazier offshore de Karish, dans le cadre des procédures de test de flux inversés approuvées par le gouvernement israélien. Deux responsables libanais impliqués dans les négociations avaient alors indiqué à l'AFP avoir été informés par le médiateur américain que la société Energean ne procédait qu'à des tests et n'avait donc pas entamé l'exploitation de Karish, alors que toute exploitation de ce champ gazier par Israël constitue une ligne rouge absolue pour le chef du parti chiite Hassan Nasrallah, qui avait menacé l’État hébreu de guerre à plusieurs reprises s'il venait à entamer l'extraction du gaz avant qu'un accord ne soit conclu entre le Liban et Israël.
commentaires (4)
Personnellement je n'arrive à croire que les gisements sont à 100% déconnectés, dans le ventre de la terre, les uns par rapport aux autres quand ils sont aussi près. Il aurait fallu que les deux pays commencent l'exploitation en même temps.
Céleste
19 h 00, le 10 octobre 2022