Il n’y a pas que Batroun dans la vie. Et ce n’est pas Philippe Tabet, originaire de Tyr, qui dira le contraire. Le directeur général de HAR Properties y développe à titre personnel plusieurs projets hôteliers. Tous ayant à cœur de préserver le patrimoine d’une ville dont les ruines en bord de mer, classées parmi les sites de l’Unesco, rivalisent avec celles de Taormine en Sicile.
Dans la vieille ville de Tyr, l’un des derniers quartiers de ce type existant au Liban avec celui de Saïda, Philippe Tabet a déjà ouvert deux maisons d’hôtes, Dar Alma en 2015 puis Dar Camelia en 2017. Toutes deux affichent un taux d’occupation d’environ 40 %, contre 60 % avant la crise.
Une grosse baisse de régime qui n’empêche pas l’homme d’affaires d’inaugurer courant octobre un nouveau complexe de 670 m2 au cœur d’une belle demeure patricienne construite vers 1850 et dont les fenêtres à triple arcade plongent sur le vieux port. « Le projet est cette fois un peu différent », explique Philippe Tabet en pleins travaux.
Il est en effet plus diversifié : dénommée Dar Alice (en référence au prénom de la mère du dernier propriétaire), la nouvelle maison d’hôtes de sept chambres (dont deux suites) n’occupe que les 350 m2 du premier étage.
Le rez-de-chaussée, côté jardin (et piscine), est laissé à un spa d’une centaine de m2, géré par l’équipe de Clouds Spa (Faqra), tandis qu’un pub et une pizzeria ouvriront côte à côte face au port. « L’intervention sur le bâtiment est minimaliste. Une telle maison se suffit à elle-même », défend le jeune architecte Ziad Bedros qui en supervise la rénovation et l’aménagement.
Élargir l’offre
La diversification vers davantage de F&B répond à des enjeux économiques. « Nous devions réduire les coûts fixes. Une des façons est d’élargir l’offre : les trois établissements seront ainsi gérés par une même équipe managériale. » Malgré tout, 20 à 30 employés ont été recrutés pour assurer le service dans le bar et le restaurant. « C’est autant de jeunes qui vont rester chez eux. Dans un contexte de crise, où une large partie de la jeunesse part à l’étranger, pouvoir en retenir certains, c’est lutter contre l’effondrement du pays. »
Mais cela répond aussi à l’histoire de ce palais oublié : longtemps propriété de la famille Farah, une partie a été rachetée dans les années 1990 par Saba Nader, ancien dirigeant du groupe d’assurances et de réassurances Nasco Karaoglan.
À sa mort en 2017, celui-ci en a fait don à une organisation caritative qui l’a transformé en un centre médical pour les plus démunis. Avec la crise cependant, les besoins de « cash » sont devenus plus pressants et l’association a estimé que l’argent perçu sous la forme de loyers pourrait davantage aider sa communauté. « L’appel d’offres avait une forte dimension sociale qui justifiait un prix de location relativement élevé », reprend Philippe Tabet, avant d’ajouter : « Si nous avions seulement développé une maison d’hôtes, le projet n’aurait pas été profitable. Au final, la partie maison d’hôtes ne représente que 40 % de la surface exploitée. »
Le coût de la rénovation a été pris en charge par l’organisation caritative, tandis que Philippe Tabet a financé l’aménagement intérieur. « Le contrat a été signé peu de temps avant le déclenchement de la crise économique. J’ai eu la chance de pourvoir les principaux équipements au tout début, lorsque le taux dollar/livre libanaise était encore accessible. »
Cet article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec Hodema Consulting Services n’a aucune vocation promotionnelle. Ce rendez-vous hebdomadaire sera consacré au secteur de la restauration et de l’hôtellerie qui continue, malgré tout, de se battre.
commentaires (5)
Bravo. Je suis resté à Dar Camélia l’été 2021 et c’est super , ça fait plaisir les Libanais qui protègent leur patrimoine
Alexandre Choueiri
08 h 57, le 10 octobre 2022