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Économie - Liban

Les banques fermées pour une durée indéterminée après une série d'actions de déposants

A Nabatiyé, un déposant armé parvient à retirer 11.000 dollars frais de son compte après onze heures de négociations avec sa banque. 

Les banques fermées pour une durée indéterminée après une série d'actions de déposants

Des clients devant l'entrée d'une branche de la Banque Byblos à Antélias, au Liban, le 5 octobre 2022. Photo Reuters/Mohamed Azakir

Les banques dans tout le Liban fermeront leurs portes pour une durée indéterminée suite à des "attaques" en série menées par des déposants voulant retirer leurs propres économies, a annoncé jeudi soir l'Association des banques du Liban (ABL) dans un communiqué succinct. 

"Au vu des attaques que subissent les banques, toutes les agences bancaires de tout le pays fermeront leurs portes et se contenteront pour le moment d'assurer leurs services via les distributeurs automatiques pour les particuliers et via le service clientèle pour les entreprises", a écrit l'ABL. 

L'Association ne précise pas la durée de cette nouvelle fermeture. Selon notre correspondant dans le Sud, toutes les banques de Saïda sont effectivement fermées ce vendredi matin et des files s'allongent devant les distributeurs automatiques de billets.

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D'après une source au sein de l'ABL contactée par L'Orient-Le Jour, certaines banques avaient déjà fermé leurs portes plus tôt que prévu jeudi tandis que d'autres avaient mis leurs distributeurs automatiques hors service. La décision d'une fermeture semble ensuite avoir été décidée dès le milieu de journée, avant d'être officiellement annoncée en fin de soirée. 

Alors que les banques imposent des restrictions drastiques à leurs clients, limitant tous retraits et transferts, sur fond de crise multiforme au Liban, un phénomène de hold-ups particuliers, au cours desquels les déposants font irruption dans les banques pour réclamer, avec plus ou moins de force, leur propre épargne, a vu le jour. Ces opérations, menées par des clients armés ou non et avec plus ou moins de succès, avaient déjà poussé les banques à fermer une semaine mi-septembre. Elles avaient ensuite rouvert mais avec des mesures de sécurité renforcées et ne recevaient leurs clients qu'au compte-gouttes, certaines uniquement sur rendez-vous.

Dénouement d'un braquage au Liban-Sud
Par ailleurs, jeudi soir, le déposant Yahia Badreddine a été évacué de la BankMed de Nabatiyé, au Liban-Sud, après plus de 11 heures de négociations avec l'administration, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). L'homme de 55 ans, qui tient un supermarché de la ville, avait fait irruption armé dans l'établissement dans la matinée et menacé les employés, réclamant la totalité de son épargne. Il a finalement pu récupérer 11.000 dollars "frais" et le reste de son épargne en livres libanaises, au taux de 8.000 LL pour un dollar, rapporte notre correspondant Mountasser Abdallah. Le solde total de son compte courant s'élève à 40.000 dollars.

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Après avoir récupéré son argent et l'avoir remis à son fils, qui n'a pas été arrêté, le déposant s'est livré aux Forces de sécurité intérieure (FSI). Dans une vidéo envoyée par notre correspondant, on peut le voir sortir sous les acclamations de quelques personnes rassemblées devant la banque. "Ya-hia ! Ya-hia !" scandent certains. "Yahia, tu es un héros !", hurle une autre.

L'Ani indique que dès le début du braquage de la BankMed, vers 11h15 jeudi, les FSI ont dépêché directement des équipes pour participer aux négociations avec la banque et calmer la situation. Après des heures passées sans que les choses n'évoluent, le déposant armé a accepté l'entrée d'un officier des FSI pour intervenir dans les discussions. Ensuite, le colonel Toufik Nasrallah, chef du commandement des FSI de Nabatiyé, est entré et a évacué M. Badreddine.

Les opérations de ce type, parfois menées sous la menace d'une arme, se sont dernièrement multipliées au Liban, alors que les déposants ne parviennent pas à retirer leurs propres économies bloquées depuis le début de la crise économique en 2019. Mercredi, plusieurs actions ont été menées par des épargnants, dont la députée Cynthia Zarazir. Une agence à Jbeil, dans le Mont-Liban, a été ciblée par les tirs d'un déposant mécontent tandis que, devant la Banque du Liban, à Hamra, des dizaines d'activistes ont manifesté contre les circulaires de la banque centrale qui légitiment les mesures illégales prises par les banques. Un collectif a même annoncé que des déposants ont menacé de mettre le feu aux domiciles des propriétaires de banques.

En outre, les collectifs Le Cri des déposants et Mouttahidoun ('Unis', en arabe), qui affichent leur soutien aux actions des déposants contre leurs banques, ont indiqué vendredi que le procureur général de la Békaa a "décidé de libérer Ali Sahili, le braqueur de la Banque libanaise pour le commerce (BLC) de Chtaura, qui a pu rentrer chez lui après avoir quitté l'hôpital", rapporte l'Ani. Dans un communiqué conjoint, les deux collectifs rappellent que la BLC n'a pas engagé de poursuites à son encontre.

M. Sahili avait pénétré armé dans une agence de la BLC afin de réclamer son épargne de 24.502 dollars mardi dernier. Il en avait été expulsé par les employés, mais la banque n'avait pas porté plainte et s'était engagée à transférer 4.300 dollars à son fils, qui fait des études de médecine en Ukraine.

Les banques dans tout le Liban fermeront leurs portes pour une durée indéterminée suite à des "attaques" en série menées par des déposants voulant retirer leurs propres économies, a annoncé jeudi soir l'Association des banques du Liban (ABL) dans un communiqué succinct. "Au vu des attaques que subissent les banques, toutes les agences bancaires de tout le pays fermeront leurs...

commentaires (7)

Il est préférable de voir les banques fermées, bien que ce ne soit pas la meilleure solution , que de voir les voyous voler à tour de rôle ce qui reste du maigre résidu de nos économies.

Esber

16 h 50, le 07 octobre 2022

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Commentaires (7)

  • Il est préférable de voir les banques fermées, bien que ce ne soit pas la meilleure solution , que de voir les voyous voler à tour de rôle ce qui reste du maigre résidu de nos économies.

    Esber

    16 h 50, le 07 octobre 2022

  • Les personnes analphabètes ou illettrées, ne savent pas à utiliser le distributeur sans l'aide des chargés clients. Ce matin, une dame d'âge mûr n'a pas pu retirer son salaire au distributeur. D'ailleurs, il n'y avait pas de liquide en LL. Non seulement ils ont dilapidé notre labeur, ils nous humilient. la justice endormie et le chaos prospere !!

    saliba rima

    15 h 28, le 07 octobre 2022

  • Tant que les médias au Liban (journaux et Télévisions) continuent de parler de braquage par les clients des banques et non du braquage par les banques des clients!!!! les libanais n’auront jamais gain de cause malheureusement

    Rafeh alam

    13 h 58, le 07 octobre 2022

  • Maintenant que Mme Cynthia Zarazir a réussi son coup de communication, les autres déposants peuvent aller se faire cuire un œuf en attendant la réouverture des banques. Tiens comme par hasard, les banques ferment après avoir payé tous les salaires des fonctionnaires civils et militaires. Dans un même journal on lit qu’on est le peuple le plus con (braquage Dalton) et le plus brillant (Mayas) du monde

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 01, le 07 octobre 2022

  • plus un deposant reclame et recoit son droit, plus les autres deposants perdrons leurs droits aussi...cest triste et dur mais cest comme ca....

    Jack Gardner

    10 h 42, le 07 octobre 2022

  • Tout le monde applaudit ces braquages à la mode des frères Dalton mais est ce la solution pour que TOUS les déposants récupèrent leur épargne? Est ce que les banques sont les SEULES RESPONSABLES de la présente situation? Ou étaient tous ces héros de pacotille dont la députée a moins de 500 voix au moment des manifestations populaires. Ils étaient tous aux stations d’essence à faire la queue et se faire humilier au lieu de descendre dans la rue et braver la répression sauvage. Les iraniennes modernes sont en train de nous donner une nouvelle leçon de courage. Nous sommes un peuple d’égoïstes et chacun ne pense qu’à son propre intérêt. Le système actuel ne peut plus survivre, une nouvelle équation politique est indispensable.

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 28, le 07 octobre 2022

  • Bandes de Bandits,les banques actuelles....avec des "films" de mafieux sur nous.

    Marie Claude

    10 h 04, le 07 octobre 2022

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