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Culture - Théâtre

Farha : Entrez dans le jeu, entrez dans la danse !

Dans le cadre de « Beyrouth, une ville à l’œuvre » aux usines Abroyan, une pièce de théâtre qui ne ressemble à aucune autre. Écrite et mise en scène par Julien Boutros et Karl Hadifé, elle est une aventure personnelle, tant ce moment qui dure 50 minutes est une expérience unique et inoubliable.

Farha : Entrez dans le jeu, entrez dans la danse !

Rita la pieuse, qui choisit une de ses nuisettes pour l'offrir à la mariée. Photo Charlotte Mallat

Pour la première fois, vous allez au théâtre, mais peu importe que vous soyez bien assis ou non, car vous serez tout simplement debout à vous déplacer ! Pas de scène ni de sièges, l’action se passe partout, au sein d’un immeuble, les spectateurs montent et descendent les étages, traversent les pièces, vont et viennent et assistent dans un moment de voyeurisme au quotidien intime des acteurs voisins. L’un des leurs se marie et tout le voisinage est convié à la cérémonie. Vous aussi…

Dans un premier temps, l’immeuble grouille de va-et-vient, les spectateurs découvrent à chaque étage la face cachée de chacun des voisins. C’est le côté immersif de la pièce, on est spectateur-voyeur sans interaction.

Dans un second temps, tout le monde est dans la cour. Les spectateurs sont conviés au mariage qui sera un moment interactif. Les acteurs vont traiter les spectateurs comme s’ils étaient les amis des mariés ou des invités. Les spectateurs vivront un moment qui rendra l’expérience unique. Alors, un conseil, mettez votre plus belle tenue car ce soir, vous n’êtes pas seulement invité au théâtre, mais à une cérémonie de mariage entièrement mise en scène. Autant jouer le jeu ! Car il s’agit d’un jeu théâtral, une forme de théâtre appelée théâtre immersif.

Les spectateurs découvrent à chaque étage la face cachée de chacun des voisins. C’est le côté immersif de la pièce, on est spectateur-voyeur sans interaction. Photo Charlotte Mallat

Tous en scène

Julien Boutros était professeur de théâtre au Grand Lycée franco-libanais de Beyrouth, alors que Karl Hadifé n’était qu’un élève. « Mais il ne m’a jamais enseigné, raconte Karl. Je passais néanmoins tous mes moments de recréation avec lui à discuter, dénigrant mes amis et les parties de foot. Au fil des jours, une solide relation s’est tissée, et nous sommes devenus de grands amis avec des rêves en commun. Le Covid-19 nous a encore plus rapprochés, et le projet de réhabiliter une ancienne salle de cinéma pour la transformer en centre culturel a germé. Durant les séances de brainstorming pour réfléchir ce lieu (nous étions en plein Covid-19 sévère avec beaucoup de victimes et un confinement violent), nous vient a l’esprit l’idée de monter une pièce légère et drôle qui aurait pour but de rassembler à nouveau les gens épuisés par cette solitude imposée et de les faire à nouveau sourire. Une pièce avec un volet immersif pour contrecarrer cette frustration vécue au moment de la pandémie où il fallait garder ses distances, se cloîtrer et n’approcher personne. Et quoi de plus rassembleur et joyeux qu’un mariage où tout le monde partage un moment de bonheur, un moment de farha ! Voilà comment est né le titre. Les voisins d’un même immeuble sont invités à un mariage de l’un des leurs, et le public aura droit aux préparatifs qui précèdent le mariage. Celui-ci sera célébré dans la cour de l’immeuble en présence de tous les acteurs et de tout le public. »

Ou les protagonistes parlent entre eux, vous parlent, se hurlent dessus, interagissent et réagissent à vos propos, et ça donne une tout autre saveur, plus « vivante », à la pièce. Vous faites donc partie du spectacle et vous vivez un moment délicieux.

Samira, la veuve qui lit dans le marc de café pour tuer le temps. Photo Charlotte Mallat

Bienvenue chez nous

C’est un immeuble abandonné qui va être investi par Faek Homaissi, Rita el-Achkar, Ramez Awad, Mazen Kiwan, Aline Chami, Kathy Younès, Émile Chalhoub, Theresa Fattouch et Selam Makarsa, acteurs et actrices qui vont accueillir un public divisé en 4 groupes de 10 personnes. Au départ de cette aventure, on distribue le plan de l’immeuble avec un billet sur lequel est inscrit l’ordre du visionnage. Il sera différent pour chaque groupe. Des scènes parallèles à la réalité seront présentées et les acteurs devront répéter 4 fois la même scène avec forcément des modifications ou des improvisations. Le public pénètre l’intimité de chaque voisin dans ce moment qui précède le mariage. Le but étant de mettre en exergue le contraste entre la vie privée de chacun des voisins et sa vie en société, et celui entre ce qui est montré et ce qui est vécu. Les mariés, eux, sont juste le lien qui relie toute cette histoire. Parmi les personnages, Samira (Rita el-Achkar) une veuve qui souffre de solitude et comble le vide de ses journées en lisant l’avenir dans le marc du café et qui va prédire le développement de cette soirée, Mansour (Faek Homaissi), qui vit dans ses souvenirs et qui passe son temps à feuilleter ses albums photos et à se remémorer le bon vieux temps où il a connu Donald Trump et côtoyé la reine d’Angleterre. Bachir (Ramez Awad), qui lustre son fusil et broie du noir un verre d’alcool à la main, Avo (Mazen Kiwan) et Carmen (Kathy Younès), un couple de danseurs, Rita (Aline Chami), qui range ses dessous affriolants et ses porte-jarretelles en écoutant des prières et des cantiques religieux, et Tigest… adorable Tigest (Selam Makarsa). Derrière ces portraits, on partage avec les acteurs des moments où traînent une mélancolie, une solitude sournoise et une routine usante. Mais surtout, on rit ! Et on s’oublie, on plonge dans ce monde monté de toutes pièces dans des décors réalisés par Assaad Khoueiri avec beaucoup de recherche et de créativité, tellement réalistes et où le moindre détail est réfléchi. Tout cela crée une qualité de rencontre inoubliable.

Si vous êtes venu avec des amis, chacun de vous peut vivre une expérience totalement différente puis se retrouver dans la cour pour discuter, faire la fête, danser et passer un moment unique. Farha est un mariage à ne surtout pas manquer.

Le jeu de patience qui attend Samira... Photo Charlotte Mallat

« Farha », de Julien Boutros et Karl Hadifé

Avec Faek Homaissi, Rita el-Achkar, Ramez Awad, Mazen Kiwan, Aline Chami, Kathy Younès, Émile Chalhoub, Theresa Fattouch et Selam Makarsa.

Jusqu’au 9 octobre, en face du cinéma Royal de Bourj Hammoud.

Dans le cadre de « Beyrouth, une ville à l’œuvre », en partenariat avec l’Institut culturel français.

Réservation obligatoire au : 03/222592.

Pour la première fois, vous allez au théâtre, mais peu importe que vous soyez bien assis ou non, car vous serez tout simplement debout à vous déplacer ! Pas de scène ni de sièges, l’action se passe partout, au sein d’un immeuble, les spectateurs montent et descendent les étages, traversent les pièces, vont et viennent et assistent dans un moment de voyeurisme au quotidien intime des...

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