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Monde - POLITIQUE

Élections en Italie : l’extrême droite en passe de prendre le pouvoir, malgré une forte mobilisation

Giorgia Meloni, la chef du parti postfasciste Fratelli d’Italia, crédité de près d’un quart des voix dans les derniers sondages, est favorite pour prendre la tête d’un gouvernement de coalition au sein duquel l’extrême droite dominerait la droite classique.

Élections en Italie : l’extrême droite en passe de prendre le pouvoir, malgré une forte mobilisation

Giorgia Meloni, la chef du parti postfasciste Fratelli d’Italia, lors d’un discours le 23 septembre 2022, à Naples, dans le sud de l’Italie, deux jours avant un scrutin historique promettant de propulser l’extrême droite au sommet du pouvoir. Andreas Solaro/AFP

C’est en nombre que les Italiens se sont rendus aux urnes, hier, pour un scrutin qui promettait d’être historique. Sauf surprise, l’extrême droite devrait en effet entrer en force au Parlement et proposer le Premier ministre qui succédera à Mario Draghi.

Selon le ministère de l’Intérieur, l’affluence était de plus de 19 % en fin de matinée, en ligne avec les législatives de 2018. Devant les bureaux de vote du pays, de nombreuses files d’attente se formaient. Les analystes, qui attendaient pourtant une baisse de la participation, ne savent pas s’il s’agit d’un sursaut pour faire barrage à l’extrême droite ou si les électeurs ont préféré voter tôt dans les régions où, comme à Rome, étaient annoncés orages et précipitations à partir de la fin d’après-midi.

« Je vote pour le Parti démocrate. J’ai toujours voté à droite, mais maintenant j’ai peur de Mme Meloni, c’est la droite de l’intolérance », a déclaré à Bologne, dans le centre du pays, Benedetta Tinti, 28 ans, employée dans une entreprise métallurgique. À seulement 45 ans, Giorgia Meloni, la chef du parti postfasciste Fratelli d’Italia, crédité de près d’un quart des voix dans les derniers sondages, est favorite pour prendre la tête d’un gouvernement de coalition au sein duquel l’extrême droite dominerait largement la droite classique. « Aujourd’hui, tu peux contribuer à écrire l’histoire », a-t-elle invité sur Twitter ses partisans hier matin. Sur TikTok, elle a publié une vidéo où elle pose avec un melon dans chaque main qui masquent sa poitrine, jouant sur le sens de son nom.

« La fête est finie »

« Je suis impatient de revenir à partir de demain au gouvernement de ce pays extraordinaire », a de son côté déclaré dans un bureau de vote de Milan Matteo Salvini, ancien ministre de l’Intérieur et chef de la Ligue anti-immigrés, allié à Giorgia Meloni dans ces élections. En cas de victoire, Mme Meloni deviendrait la première « présidente du Conseil » italien et la première chef de gouvernement postfasciste dans un pays fondateur de l’Europe communautaire. « En Europe, ils sont tous inquiets de voir Meloni au gouvernement (...) La fête est finie, l’Italie va commencer à défendre ses intérêts nationaux », a-t-elle mis en garde.

Cette ex-fan de Mussolini, dont la devise est « Dieu, patrie, famille », a réussi à dédiaboliser son parti et catalyser sur son nom les mécontentements et frustrations de ses compatriotes en campant résolument dans l’opposition au gouvernement d’unité nationale de Mario Draghi.

Mais la messe n’est pas dite : « Imprévisibles, les élections se jouent sur l’émotion et au dernier moment », rappelle Emiliana De Blasio, professeure de sociologie à l’Université Luiss de Rome, tout en soulignant le rôle-clé des indécis, estimés à 20 % environ. Les scores du Mouvement 5 Étoiles (M5S, ex-antisystème), crédité d’avoir institué un revenu minimum pour les plus pauvres, et du Parti démocrate (PD, centre gauche), bien implanté localement, pourraient réserver des surprises, notamment dans le sud du pays.

Quel que soit le gouvernement issu des élections, son chemin apparaît d’ores et déjà semé d’embûches. Il devra en effet gérer la crise causée par la flambée des prix, une dette colossale représentant 150 % du PIB, le ratio le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce et les 190 milliards d’euros accordés par l’UE dans le cadre de son plan de relance en échange de réformes. « L’Italie ne peut pas se permettre de se priver de ces sommes d’argent », observe l’historien Marc Lazar.

Giorgia Meloni réclame en outre une « révision des règles du Pacte de stabilité », suspendues en raison de la crise sanitaire, qui fixent un plafond de 3 % du PIB pour le déficit et de 60 % pour la dette. Sur les questions de société, cette Romaine pur jus s’affiche ultraconservatrice : « Oui à la famille naturelle, non au lobby LGBT ! Oui à l’identité sexuelle, non à l’idéologie du genre! Oui à la culture de la vie, non à l’abîme de la mort ! » a clamé en juin celle qui promet aussi de se battre « contre l’islamisation de l’Europe ».

Son arrivée au pouvoir se traduirait également par un verrouillage du pays, où débarquent chaque année des dizaines de milliers de migrants, une perspective qui inquiète les ONG humanitaires.

Alors que l’instabilité gouvernementale de l’Italie est légendaire, les experts s’accordent déjà sur la courte espérance de vie de cette coalition où Mme Meloni aura fort à faire pour gérer ses encombrants alliés, que ce soit l’inusable Silvio Berlusconi ou Matteo Salvini. Les premiers sondages à la sortie des urnes n’avaient pas encore été publiés à l’heure de mettre sous presse.

Source : AFP

C’est en nombre que les Italiens se sont rendus aux urnes, hier, pour un scrutin qui promettait d’être historique. Sauf surprise, l’extrême droite devrait en effet entrer en force au Parlement et proposer le Premier ministre qui succédera à Mario Draghi. Selon le ministère de l’Intérieur, l’affluence était de plus de 19 % en fin de matinée, en ligne avec les législatives...

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