Rechercher
Rechercher

Culture - Éclairage

Le point sur l’affaire Georges Boustany vs Sélim Nassib

Le dernier roman de Sélim Nassib, Le Tumulte (éditions de l’Olivier, août 2022), accompagne la trajectoire d’un personnage qui a grandi à Beyrouth. Des années après avoir quitté le Liban, il revient passer trois mois dans cette ville qui le hante, en pleine occupation israélienne. Un de ses amis l’avait pourtant mis en garde, via cette phrase : « Beyrouth te suivra jusqu’à ton dernier souffle, où que tu sois, c’est elle qui te fermera les paupières une dernière fois. »

Or, le 10 octobre 2020, dans un article publié dans L’Orient-Le Jour, intitulé Comment te quitter, Georges Boustany avait écrit : « Beyrouth vous suivra jusqu’à votre dernier souffle, où que vous soyez, et c’est elle qui fermera vos paupières une dernière fois. »

Notre collègue, qui est également écrivain, souhaite avant tout rappeler le contexte dans lequel il a écrit cette phrase dans nos colonnes. « Je faisais implicitement référence à l’explosion d’août 2020, je voulais évoquer symboliquement cette douleur et cet amour mortel pour une ville que vous aimez et qui vous tue. Je n’ai pas choisi le terme de souffle par hasard, et quand je dis qu’elle vous suit partout, j’ai en tête des amis qui se sont réfugiés dans leur salle de bains et qui n’ont pas survécu au drame », explique l’auteur qui, aujourd’hui, déplore que son nom n’ait pas été cité dans l’ouvrage de Sélim Nassib. « L’écrivain aurait pu mettre un astérisque avec mon nom, en mentionnant cette phrase à deux reprises dans son texte ; s’il l’avait fait, j’en aurais été honoré. Ce que je souhaite, c’est que ma paternité sur cette phrase soit reconnue, d’autant plus qu’elle est utilisée comme argument de vente sur le bandeau, sans mon accord », souligne Georges Boustany qui est entré en contact avec l’auteur et sa maison d’éditions. « Nous en avons parlé ensemble, et j’ai pu dire à Sélim Nassib que j’avais apprécié son livre. Il s’est excusé et s’est engagé à préciser lors des prochains entretiens avec les médias que cette phrase était de moi. Il a ajouté que les prochaines impressions de l’opus comporteraient une mention de mon nom et a proposé que cette formule ne soit plus utilisée sur le bandeau de la couverture », poursuit Georges Boustany. Mais il ajoute avoir été déçu par la réponse de l’éditeur du Tumulte. « Si ce dernier a bien confirmé les deux premiers engagements, il a décliné le dernier, le jugeant trop onéreux à mettre en œuvre. »M. Boustany a publié, sur sa page Facebook, les correspondances autour de cette affaire, à la fois avec M. Nassib et la maison d’éditions. « Peut-être que pour une autre phrase je n’aurais pas choisi de me battre, mais celle-ci sera reprise dans mon prochain livre, qui est le second volet de mon recueil d’articles Avant d’oublier, dont la couverture sera rouge, car dédiée aux victimes du 4 août 2020 », enchaîne le chroniqueur qui se dit sensible aux marques de soutien qu’il a reçues sur les réseaux sociaux. « Je ne m’y attendais pas ; certaines librairies à Beyrouth ont même pris l’initiative d’enlever le bandeau de la couverture du livre », déclare Georges Boustany.

Aujourd’hui, Georges Boustany se réserve la possibilité d’entamer des poursuites judiciaires au Liban et en France. L’éditeur Olivier Cohen, fondateur de la maison d’éditions l’Olivier, rappelle de son côté que lorsque le 12 septembre Georges Boustany a protesté contre l’utilisation d’une phrase dont il est l’auteur, Sélim Nassib a immédiatement appelé M. Boustany pour s’excuser personnellement de ne pas lui avoir demandé l’autorisation de citer cette phrase. Il s’est également engagé à faire son possible pour lui en reconnaître la paternité lorsque l’occasion se présenterait. « Le lendemain, il (Sélim Nassib, NDLR) a pu constater que le contenu de cette conversation avait été posté sur Facebook par M. Boustany ainsi qu’une série de requêtes adressées sur un ton comminatoire à son éditeur », poursuit l’éditeur, qui précise que « le 16 septembre, les éditions de l’Olivier ont répondu point par point dans un e-mail très mesuré adressé à M. Boustany ». « Celui-ci s’est à nouveau empressé de divulguer cette correspondance privée sur Facebook, en accompagnant sa publication de diverses insinuations, menaces voilées et allégations variées. Ce qui n’a pas manqué de provoquer un torrent de commentaires agressifs de la part de ses “amis” sur le même réseau social », note encore Olivier Cohen, contacté par L’Orient-Le Jour. Et d’ajouter : « Depuis, ces attaques verbales totalement disproportionnées sont devenues quasi quotidiennes. Il appartient à M. Boustany de les faire cesser en donnant lui-même l’exemple d’une modération dont il n’a guère fait preuve jusqu’à maintenant », conclut le directeur des éditions l’Olivier. Des accusations que M. Boustany réfute, assurant défendre sa cause « avec beaucoup de modération ». Il déplore également que la photo de l’ouvrage de M. Nassib, sur le site de la maison d’éditions, n’ait pas été republiée sans le bandeau portant sa phrase.

Contacté par notre rédaction, Sélim Nassib n’a, pour sa part, pas souhaité faire de commentaires sur le sujet. Ce que regrette M. Boustany, car il se serait agi là, pour lui, d’une première reconnaissance publique de la paternité réelle de cette phrase.

Le dernier roman de Sélim Nassib, Le Tumulte (éditions de l’Olivier, août 2022), accompagne la trajectoire d’un personnage qui a grandi à Beyrouth. Des années après avoir quitté le Liban, il revient passer trois mois dans cette ville qui le hante, en pleine occupation israélienne. Un de ses amis l’avait pourtant mis en garde, via cette phrase : « Beyrouth te suivra...

commentaires (3)

N'importe qui aurait traîné l'auteur et l'éditeur en justice...

B Malek

22 h 19, le 24 septembre 2022

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • N'importe qui aurait traîné l'auteur et l'éditeur en justice...

    B Malek

    22 h 19, le 24 septembre 2022

  • Le plagiat est un délit au regard du Code de La Propriété et il est interdit et punissable par la loi. Georges Boustany a tous les droits de défendre son droit d’auteur. Que cette phrase plaise ou pas, elle lui appartient. C’est un écrivain talentueux et très apprécié par ses fidèles lecteurs. Il s’agit d’une phrase évoquant les victimes du crime du 4 août sortie des tripes de l’auteur. Le dénigrement n’a pas de place ici.

    Tabet

    16 h 20, le 23 septembre 2022

  • Que d'egos dans cette minable "affaire*. Une phrase que pourrait dire n'importe quel libanais.

    Marie Mamarbachi Seurat

    10 h 30, le 23 septembre 2022

Retour en haut