France-Autriche : une victoire pour sortir du brouillard ?

Deux mois pile avant leur entrée en lice contre l’Australie au Mondial qatari, les Bleus recevront ce soir l’Autriche de David Alaba au Stade de France. Mais au-delà de l’importance qu’elle revêt dans le cadre de la préparation d’une telle échéance, cette rencontre sera tout aussi capitale dans le cadre moins clinquant mais non négligeable de la Ligue des nations. Car en cas de nouvelles défaites, contre l’Autriche ou le Danemark ce dimanche, l’équipe de France flirterait dangereusement avec la relégation dans la poule B de la compétition. Une rétrogradation qui compromettrait très fortement ses chances de qualification pour l’Euro 2024.

Mais pour revenir à des problématiques moins lointaines, le match de ce soir constitue surtout l’avant-dernier galop d’essai pour des Bleus en manque de certitudes à l’aune de la remise en jeu leur Coupe du monde. Compte tenu de ses dates hivernales, le Mondial mettra entre parenthèses pendant près de deux mois des championnats nationaux qui s’interrompront 15 jours seulement avant son match d’ouverture, qui opposera le pays hôte qatari à l’Équateur le 20 novembre.

Toutefois, les enseignement qui pourront être tirés de cette confrontation ne seront pas d’une très grande utilité pour Didier Deschamps, tant l’équipe alignée jeudi au Stade de France n’aura pas le même visage que celle qui remettra en jeu le titre mondial en novembre à Doha. Depuis l’annonce de sa liste la semaine dernière, le sélectionneur français doit en effet faire face à une cascade de blessures inédite qui s’est abattue sur la tête des Bleus. Chaque ligne est privée d’au moins un cadre : Hugo Lloris dans les buts, Presnel Kimpembe et Lucas Hernandez en défense, Paul Pogba et N’Golo Kanté au milieu ou encore Karim Benzema en attaque.

En résumé, le « onze » des absents aurait au moins aussi fière allure que celui des joueurs aptes. « Ce sont les deux derniers matches avant l’immense défi de novembre. Certainement que la situation d’aujourd’hui ne sera pas la même dans deux mois », a remarqué mercredi Didier Deschamps, qui espère toujours « que tous les joueurs soient disponibles » pour le Qatar.

Le péril jeune ?

Le sélectionneur se retrouve donc avec un groupe très peu capé, où seulement six joueurs sur vingt-trois comptent plus de douze sélections. Le milieu de terrain est particulièrement inexpérimenté : aucun des six joueurs appelés à ce poste lors du dernier Euro, il y a quinze mois, n’est à Clairefontaine cette semaine.

« De la jeunesse, oui, il y en a, mais de l’expérience, il y en a aussi : (Eduardo) Camavinga est champion d’Europe, Aurélien (Tchouaméni) joue au Real (Madrid). Des grands noms, il y en a quand même, évacue le Monégasque Youssouf Fofana, l’un des cinq novices du groupe. En ce qui concerne l’équipe de France, d’accord, on a peu d’expérience, mais dans ce qui est compétition et match de football, je pense qu’on est capables de s’en sortir. »

Escortés d’un climat pesant ces dernières semaines (affaire Pogba, audit ministériel à la Fédération après de multiples révélations sorties par la presse française, négociations sur leur droit à l’image...), les Bleus feraient bien de redresser la barre sur le terrain, car leurs derniers résultats laissent perplexes.

Le rassemblement de juin, avec deux défaites et deux matchs nuls, dont le match aller en Autriche (1-1), a jeté le doute sur le niveau des champions du monde et la capacité de leur sélectionneur à s’adapter tactiquement aux nombreuses absences. « DD » désirait initialement évoluer dans un schéma à trois défenseurs centraux, mais s’était résigné, en juin, à reconduire un système en 4-4-2, plus proche de celui du Mondial russe.

Éviter la relégation

Sur le plan comptable, les Bleus sont déjà hors course pour la phase finale de la Ligue des nations, dont ils sont les tenants du titre. Pire, deux nouvelles contre-performances, contre l’Autriche puis dimanche au Danemark, les condamneraient à une indigne relégation en deuxième division (Ligue B) dans cette épreuve lancée en 2018 pour remplacer les matchs amicaux.

La réception de l’Autriche offre donc aux Tricolores une occasion de se racheter, mais aussi de marquer de précieux points en vue du Mondial. Mike Maignan, propulsé gardien numéro 1 avec l’absence de Lloris, doit ainsi devenir le portier le plus utilisé cette année en sélection. Révélation de la saison dernière, Tchouaméni peut s’imposer encore davantage dans la hiérarchie au milieu, où Camavinga voudra gratter des minutes, près de deux ans après sa troisième et dernière sélection.

Malgré ses 22 ans, Tchouaméni « n’hésite pas dès ses premières sélections à demander le ballon, imposer le tempo au milieu de terrain. C’est un joueur déjà très mature, je lui souhaite de garder le cap », a salué Raphaël Varane, qui sera capitaine en l’absence de Lloris.

Ferland Mendy et Ousmane Dembélé, autres revenants après plus d’un an d’absence, ont aussi une place à gagner pour Doha, comme Olivier Giroud, qui cherche à prouver à Deschamps qu’il peut offrir une alternative apaisée et efficace à Benzema, aux côtés d’Antoine Griezmann et de Kylian Mbappé.

Pour les novices Fofana, Benoît Badiashile, Randal Kolo Muani, Adrien Truffert, et dans une moindre mesure le gardien Alban Lafont, obtenir de premières minutes sous le maillot aux deux étoiles serait déjà une réussite. Avant peut-être d’envisager d’autres rêves aux accents plus qataris.

Source : AFP