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Politique - Gouvernement

Remaniement : deux scénarios dans les coulisses

Si le prochain cabinet risque d’être modifié, il sera une nouvelle fois composé de 24 ministres.

Remaniement : deux scénarios dans les coulisses

Le Premier ministre désigné Nagib Mikati, le 29 août 2022. Photo Nabil Ismaïl

Tout le monde attend Nagib Mikati. C’est le maître mot de l’écrasante majorité des protagonistes concernés par la formation du gouvernement. Car ce n’est qu’avec le retour du Premier ministre désigné – en déplacement à New York – que se décidera le sort du cabinet. Ce temps mort, les parties impliquées dans les tractations semblent vouloir l’investir en défrichant le terrain pour la genèse d’un cabinet après le retour du milliardaire sunnite. Deux scénarios portant sur un remaniement ministériel sont actuellement examinés dans les coulisses. L’un d’eux prévoit une modification limitée à deux portefeuilles seulement, notamment les Déplacés et l’Économie, alors que l’autre comprend de plus larges changements qui toucheraient d’autres postes sensibles, comme celui du vice-Premier ministre.

À sa sortie de Baabda jeudi dernier, le chef du gouvernement désigné avait distillé un optimisme prudent quant à une prochaine mise en place de son équipe. Une attitude qui avait été expliquée par un forcing exercé par la France et le Hezbollah en vue d’accélérer le processus pour éviter le vide total au niveau de l’exécutif après la fin du mandat du président de la République Michel Aoun le 31 octobre prochain.

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« Nous avons mené des contacts auprès du président Aoun et du Premier ministre, prônant la mise sur pied d’un cabinet de pleins pouvoirs pour gérer le pays dans la prochaine phase », confie à L’Orient-Le Jour un cadre du Hezbollah qui a souhaité garder l’anonymat. « C’est ce qui a fait dire au secrétaire général du parti Hassan Nasrallah, lors de son dernier discours – prononcé samedi à Baalbeck – qu’il y a de fortes chances de former un gouvernement dans un avenir proche. Des informations rapportées récemment par les médias locaux indiquent que le chef de l’État a renoncé à la demande d’élargir le gouvernement sortant de 24 à 30 ministres en y incorporant six figures politiques, trois chrétiens et trois musulmans. Une option que Nagib Mikati a longtemps rejetée pour ne pas permettre au chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil (gendre de M. Aoun) d’avoir un droit de regard sur l’action du cabinet qui pourrait gérer le pays dans une période de vacance présidentielle. Pourquoi le président a-t-il modifié sa position ? « C’est une énigme. Michel Aoun a surpris Nagib Mikati qui a évoqué ce point avec lui lors de leur réunion jeudi dernier », raconte un proche du Hezbollah qui suit le dossier gouvernemental. « Le Premier ministre désigné a fait savoir au chef de l’État que l’élargissement de l’équipe sortante se heurte à plusieurs veto. Le président a donc fait marche arrière », ajoute-t-il. Il fait référence au fait que le président de la Chambre Nabih Berry, grand adversaire du camp de Baabda, s’oppose à une telle démarche, rejoignant ainsi Nagib Mikati, dont il est un des principaux soutiens. « Nous sommes contre cette option parce qu’elle porterait atteinte aux équilibres politiques au sein de l’équipe ministérielle », justifie un proche de M. Mikati.

Deux ou quatre

Vers quel cabinet se dirige-t-on donc? « Nous allons vers une équipe de 24 ministres avec quelques remaniements », répond Ali Darwiche, ancien député tripolitain gravitant dans l’orbite de Nagib Mikati. Deux scénarios sont évoqués dans les coulisses. Le premier prévoit le remplacement du ministre de l’Économie Amine Salam (sunnite) par une personnalité sunnite du Akkar. Le ministre des Déplacés Issam Charafeddine (druze, proche du chef du Parti démocratique libanais Talal Arslane) ferait lui aussi fort probablement l’objet d’un remaniement, notamment après le différend qui l’a récemment opposé au Premier ministre avec, en toile de fond, la question du retour des réfugiés syriens. Selon une personnalité proche du Hezbollah, M. Charafeddine pourrait être remplacé par un technocrate druze. « Le nom de Saleh Gharib, ex-ministre d’État pour les Affaires des réfugiés et proche de M. Arslane, a été évoqué puis écarté », confie-t-elle. Est-ce une façon d’éviter de provoquer le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, dans la mesure où le nom de M. Gharib est lié aux affrontements de Qabr Chmoun qui avaient opposé, en juin 2019, des éléments du PSP à d’autres proches de Talal Arslane ? « Nous ne sommes pas concernés par les tractations parce que le ministre (druze) de l’Éducation Abbas Halabi jouit de notre confiance », tranche Marwan Hamadé, député joumblattiste du Chouf. Il précise que sa formation n’a mis de veto sur aucune nomination.

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De son côté, notre chroniqueur politique Mounir Rabih indique que le Hezbollah pourrait s’activer pour rétablir les ponts coupés entre le chef du gouvernement et le ministre des Déplacés. Une information que les milieux du parti chiite ne confirment pas. Modifier la composition d’un gouvernement devrait toutefois obéir à la norme qui régit toute l’action politique au Liban, pays à l’équilibre confessionnel précaire. Tout changement qui concerne une communauté religieuse doit inévitablement s’appliquer aux autres. Le remaniement dont il est actuellement question ne déroge pas à la règle. C’est le second scénario en discussion. Outre le remplacement des ministres de l’Économie et des Déplacés, le remaniement porterait aussi sur des ministres chrétiens et chiites, apprend-on de sources concordantes. Il s’agirait surtout du ministre des Finances Youssef Khalil, chiite, proche du président de la Chambre Nabih Berry. Ce dernier chercherait à le remplacer par Yassine Jaber, ex-député berryste de Nabatiyé. Selon une source proche du dossier, le remaniement pourrait également porter sur un ministre chrétien relevant de la quote-part de Michel Aoun. Il s’agirait de la ministre d’État pour le Développement administratif Najla Riachi (grecque-catholique). Plusieurs observateurs s’attendent, de leur côté, à ce que le président de la République en profite plutôt pour demander le limogeage du vice-Premier ministre Saadé Chami, proche du Parti syrien national social et vétéran du Fonds monétaire international qui dirige les négociations en cours entre le Liban et cette instance. Il s’agirait là d’un règlement de comptes entre le chef de l’État et le tandem Mikati-Chami. Ces deux derniers s’étaient en effet opposés il y a un an à ce que Michel Aoun greffe deux de ses conseillers à la délégation négociant avec le FMI pour avoir son mot à dire dans un dossier aussi sensible. « Nous ne pouvons pas nous prononcer avant le retour de M. Mikati », se contente de commenter Ali Darwiche.

Tout le monde attend Nagib Mikati. C’est le maître mot de l’écrasante majorité des protagonistes concernés par la formation du gouvernement. Car ce n’est qu’avec le retour du Premier ministre désigné – en déplacement à New York – que se décidera le sort du cabinet. Ce temps mort, les parties impliquées dans les tractations semblent vouloir l’investir en défrichant le...

commentaires (5)

Le remaniement ministériel devrait surtout se faire au niveau de l'énergie... On nous a promis du gaz Égyptien, du pétrole Jordanien, du pétrole Irakien ensuite du pétrole Iranien... Depuis, plus rien silence radio !! L'on pensait que le premier ministre avait fait de son départ une priorité. Donc les finances resteront avec berry et l'énergie avec le cpl... Bien entendu on ne change pas une équipe qui gagne..

C…

23 h 57, le 22 septembre 2022

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Commentaires (5)

  • Le remaniement ministériel devrait surtout se faire au niveau de l'énergie... On nous a promis du gaz Égyptien, du pétrole Jordanien, du pétrole Irakien ensuite du pétrole Iranien... Depuis, plus rien silence radio !! L'on pensait que le premier ministre avait fait de son départ une priorité. Donc les finances resteront avec berry et l'énergie avec le cpl... Bien entendu on ne change pas une équipe qui gagne..

    C…

    23 h 57, le 22 septembre 2022

  • Le plan du Hezbollah et de ses maîtres apparaît de plus en plus clairement: former un nouveau gouvernement qui n'est qu'un léger remaniement du précédent. Ainsi il ôte à Michel Aoun le prétexte de rester à Baabda, et il espère endormir le peuple libanais sur la vacance présidentielle, comme il l'a si bien fait entre 2014 et 2016. La grande révolution libanaise aurait commencé dès le 15 mai 2022 si l'opposition avait su s'unir. Elle ne peut pas être reportée aux prochaines législatives prévues en 2026: si rien ne bouge d'ici là il n'y aura peut-être même plus assez de patriotes libanais restés au Liban pour faire une révolution, et le Hezbollah aura monté le reste des sunnites et le reste des chrétiens les uns contre les autres avec le truchement de ce qui reste de ses deux chevaux de Troie aouniste et haririen.. Le 31 Octobre 2022 est donc la date ultime pour lancer la grande révolution libanaise ou voir le Liban mourir ou plutôt entrer dans un coma définitif, maintenu à l'état végétatif uniquement pour nourrir l'entité néo-safavide. Si pas de président élu d'ici le 31 octobre alors que l'opposant le plus fort se présente (on sait tous que le seul mouvement d'opposition qui peut être qualifié de véritable parti politique est les Forces Libanaises), le député censé être d'opposition qui refusera de voter pour lui devra être considéré comme un traître et devra être remplacé par de nouvelles élections législatives, considérant que les traîtres ont fraudé leurs électeurs.

    Citoyen libanais

    15 h 32, le 22 septembre 2022

  • A aucun moment l’intérêt du pays est évoqué ou fait l’objet des réticences des protagonistes. La vengeance personnelle sur des actes de profits mutuels sont les seuls points de litiges. Comment pouvons nous accepter que ces marchands de malheur continuent de nous gouverner alors que tous leurs actes prouvent que leur seul but est de nous anéantir et se maintenir au pouvoir pour continuer de profiter des dollars qui leur parviennent de toute part sans fournir le moindre effort. Ils ne partiront pas de sitôt puisque des milliards seront en jeu bientôt, il faut donc les déloger de force maintenant. Ça aurait dû être fait hier et nous avons loupé le coche, alors unissons-nous pour cette dernière échéance du 31 octobre en faisant le bon choix pour les mettre hors d’état de nuire.

    Sissi zayyat

    11 h 31, le 22 septembre 2022

  • LES MARCHANDAGES ! LE CONSENSUS PLAIE DU PAYS ! AOUN, MIKATI ET BERRI ! PLUS LA CORRUPTION, LE VOL ET LA MAFIOSITE EN HONNEUR ! - POURQUOI LE FMI VEUT AVEC LES MAFIEUX VOLER LES ECONOMIES DES DEPOSANTS AU LIEU DE FAIRE PAYER LES MILLIARDAIRES ET MULTIMILLIONNAIRES LIBANAIS, ENRICHIS SUR LE DOS ET DE LA SUEUR DU PEUPLE, ET LE PAYS N,AURA PAS BESOIN DES 3 MAIGRES MILLIARDS DE PRET SUR 4 ANS DE CETTE ORGANISATION INHUMAINE. DEMANDEZ L,AVIS DU PEUPLE GREC QUI A SOUFFERT POUR DIX ANS ET SOUFFRE ENCORE ET LES DETTES DU PAYS SONT TOUJOURS LES MEMES SINON PIRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 04, le 22 septembre 2022

  • Toujours de la cuisine! Nous n'avons pas de gouvernants, au Liban, mais des gâte-sauce!

    Yves Prevost

    07 h 00, le 22 septembre 2022

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