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Lifestyle - Joyaux de la Couronne

Le diamant Koh-i-Noor a accompagné les obsèques de la reine Elizabeth

Dans l’actualité de ces dix derniers jours marquée par le décès de la reine Elizabeth II, focus sur les joyaux de la Couronne britannique et plus particulièrement le diamant Koh-i-Noor, toujours sujet à controverse.

Le diamant Koh-i-Noor a accompagné les obsèques de la reine Elizabeth

La couronne impériale, bâtie autour du Koh-i-Noor, a été placée sur le cercueil de la reine Elizabeth II, l’accompagnant durant ses funérailles. Daniel Leal/Pool via Reuters

Depuis le décès de la reine Elizabeth II le 8 septembre dernier, un regain d’intérêt pour la fortune qu’elle a laissée est apparu, et encore plus sur les joyaux de la Couronne. Une occasion de revisiter l’un de ses trésors, le diamant Koh-i-Noor que le monde entier a vu sobrement posé sur son cercueil. Et d’abord l’histoire de son origine, quelque peu rocambolesque, qui a entraîné un débat autour de ce dilemme : comment restituer un objet précieux pillé, passé de main en main à travers le temps ? Le passé très complexe de ce diamant d’exception a donné lieu à moult légendes et mythes. L’ouvrage intitulé Koh-i-Noor : The History of the World’s Most Infamous Diamond sur ce caillou brillant aux 66 facettes et 105,6 carats, nous en apprend un peu plus sur ses origines. Les historiens Anita Anand et William Dalrymple se sont plongés dans plus de quatre siècles d’histoire indienne pour tenter de découvrir la vérité sur ce diamant qui a donné lieu à plusieurs narrations, différentes les unes des autres. Les auteurs ont d’abord balisé les anciennes recherches qui stipulaient, entre autres, que les Indiens passaient au tamis fin le sable des rivières pensant y trouver des diamants. « La véritable histoire a sa part de drame », précise Anita Anand à la correspondante du Smithsonian Magazine. « C’est comme un scénario parfait du style épique de la célèbre série télévisée, Game of Thrones. Tout y est, la romance, le sang et tout le bling-bling », rebondit son collègue William Dalrymple.

La couronne impériale déposée sur le cercueil de la Reine Elizabeth II en route pour Westminster. Dan Kitwood/Pool via Reuters

Un symbole de prestige et de puissance

Ce que l’on sait, c’est que ce diamant, qui a connu une existence mouvementée, aurait été découvert en Inde centrale au XIIIe siècle, devenant rapidement l’objet de convoitise des dynasties régnantes locales, celles des pays avoisinants et des conquérants venus de plus loin. Ce diamant, qui est l’un des plus gros du monde, est passé dans diverses mains et contrées : des guerriers mongols à l’Afghanistan en passant par l’Iran où il a acquis son nom (Koh-i-Noor signifiant en perse, montagne de lumière), pour enfin atterrir au Royaume-Uni au milieu du XIXe siècle. C’est la British East India Company qui était parvenue à mettre la main sur ce diamant lors d’une chaotique passation du pouvoir en Inde vers la moitié de ce siècle. Pour ce faire, elle avait su manipuler l’héritier du pouvoir, un jeune garçon de 10 ans, Duleep Singh, et sa mère, Rani Jindan. En 1849, les Britanniques forcent Duleep à signer un document juridique modifiant le traité de Lahore, qui l’obligeait à céder le Koh-i-Noor et à ne pas revendiquer sa souveraineté sur le pays. Pour les Britanniques, ce diamant représentait un irrésistible symbole de prestige et de puissance, valant la peine de se battre et de tuer. S’ils pouvaient posséder le joyau de l’Inde ainsi que le pays lui-même, cela symboliserait leur puissance et leur supériorité coloniale.

Quid de l’héritage colonial du pillage

C’est la reine Victoria qui réceptionne l’illustre diamant pour le 250e anniversaire de la Compagnie anglaise des Indes orientales. La souveraine l’arbore alors serti en broche. En 1852, sous la supervision de son époux, le prince consort Albert, le Koh-i-Noor est taillé, passant de 186 carats à sa masse actuelle de 105 carats, pour améliorer sa brillance. Par la suite, il est monté sur une tiare avec plus de deux mille autres diamants. Dès 1936, cette impressionnante création passe successivement sur les têtes des reines qui lui succèdent. Ces dix derniers jours, la couronne a été placée sur le cercueil de la reine Elizabeth II, l’accompagnant durant ses funérailles. Ce qui avait déjà été fait lors du décès, en 2002 de sa mère la reine Mary.

Revendications

Le gouvernement de l’Inde demande périodiquement aux Britanniques le retour de la pierre, revendiquant sa propriété légitime. Mais sous le drame du diamant se cache une question plus sérieuse qui n’a toujours pas obtenu de réponse claire : comment les nations modernes doivent-elles gérer l’héritage colonial issu du pillage ? Un sujet qui concerne de nombreux pays (dont l’Inde, le Pakistan et les talibans en Afghanistan) ayant revendiqué sa propriété. L’histoire tumultueuse du Koh-i-Noor n’est pas sans rappeler celle d’un autre illustre diamant, le Hope, qui a fait notamment l’objet d’’un ouvrage intitulé Hope Diamond : The Legendary History of a Cursed Gem, (Le Diamant Hope : La Légendaire histoire d’une gemme maudite), paru en 2006. Selon son auteur Richard Kurin, un éminent érudit du Smithsonian Institution, une partie des raisons pour laquelle ces pierres précieuses ont été perçues comme « maudites » est due à la manière dont elles ont été acquises. « Lorsque les puissants se servent chez les moins puissants, les faibles n’ont pas grand-chose à faire à part maudire les puissants », explique-t-il. Comme le Koh-i-Noor, le diamant Hope est venu d’Inde et a été présenté à l’Exposition de Londres en 1851. Il est actuellement conservé au Musée national d’histoire naturelle du Smithsonian, un cadeau du joaillier et diamantaire Harry Winston, qui, lui, l’avait acheté légalement.

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commentaires (1)

La mère de la reine Elizabeth II s’appelait aussi Elizabeth, pas Mary. La reine Mary, mère de George VI, est la grand-mère de la reine Elizabeth.

Karim El-Dahdah

11 h 06, le 21 septembre 2022

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Commentaires (1)

  • La mère de la reine Elizabeth II s’appelait aussi Elizabeth, pas Mary. La reine Mary, mère de George VI, est la grand-mère de la reine Elizabeth.

    Karim El-Dahdah

    11 h 06, le 21 septembre 2022

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