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Économie - Start-up

The Cloud, cofondée par un Libanais, veut devenir le Airbnb de la restauration

The Cloud a annoncé le 14 septembre avoir levé un investissement de 10 millions de dollars. 

The Cloud, cofondée par un Libanais, veut devenir le Airbnb de la restauration

La plus grande compagnie de taxis sans pour autant posséder une seule voiture ? Uber. La plus grande chaîne d’hôtels sans même détenir une chambre ? Airbnb. La plus grande chaîne de restaurants n’ayant aucune cuisine ? Voilà le titre que The Cloud, une start-up émiratie cofondée fin 2019 par le Libanais Georges Karam, souhaiterait revendiquer un jour.

Originaire du village de Zghorta (Liban-Nord), le jeune homme identifie ainsi son modèle : « Nous voulons devenir le Airbnb de la restauration. » En d’autres termes, les leaders des cloud kitchens (cuisines en nuage) de troisième génération. « La première génération de ce type de cuisines, explique-t-il, consiste en une société qui possède une grande surface, divisée en plusieurs cuisines louées à différentes enseignes et à partir desquelles celles-ci préparent les commandes et les livrent à leurs clients. La deuxième génération, elle, est une seule société qui possède toute la surface et se charge d’y préparer les plats pour le compte de plusieurs enseignes avec lesquelles elle aurait passé des accords. »

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Or dans le cas de The Cloud, et par conséquent dans celui des cloud kitchens de troisième génération, la société ne possède ni espaces à louer, ni cuisines, ni chefs. Son modèle repose plutôt sur le fait qu’il permet aux restaurateurs de mettre leurs cuisines à disposition pour la préparation de plats d’autres enseignes, vendus sous leurs labels. « D’un côté, ce modèle permet aux propriétaires de restaurants d’optimiser l’usage de leur cuisine et de leur personnel, et donc de générer plus de revenus, même s’ils ne commercialisent pas leurs propres plats. De l’autre, il permet à ces mêmes restaurateurs d’élargir leur clientèle et de commercialiser leurs produits dans des villes ou même dans des pays dans lesquels ils n’ont aucune présence », explique le PDG.

Pionniers du modèle

Georges Karam donne ainsi l’exemple d’une enseigne physiquement établie à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, mais qui, grâce à The Cloud, arrive à faire produire et commercialiser, via une autre enseigne, ses plats en Belgique, deuxième pays dans lequel s’est implantée cette société après les Émirats. « En moyenne, les restaurants qui adoptent notre modèle réussissent en quatre mois à augmenter de 30 % le nombre de plats produits », continue Georges Karam. Dans ces cas, les restaurants reçoivent ces commandes par le biais des applications mobiles d’agrégateurs, comme Zomato, Talabat ou encore Deliveroo, qui se chargeront ensuite de la livraison de ces plats.

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Rien ne prédisposait Georges Karam à lancer une start-up « pionnière de ce modèle dans le domaine de la restauration dans la zone MENA » et « l’une des premières à l’avoir adopté de par le monde ».

À l’âge de 18 ans, celui qui a toujours vécu aux Émirats arabes unis, à l’exception des nombreux étés passé au Liban avec sa famille, décide de revenir au pays pour y poursuivre ses études. Il s’inscrit en 2008 à l’Université américaine de Beyrouth (AUB), où il obtiendra, trois ans plus tard, une licence en économie. Il décroche par la suite une bourse pour poursuivre ses études en Lituanie où il obtiendra un master en gestion, avec une spécialisation en finance. Ses diplômes en poche, il retourne en 2013 aux Émirats où il occupe jusqu’en 2019 plusieurs postes liés à son cursus universitaire.

Passionné de cuisine, il décide en 2017 de « se lancer dans une nouvelle aventure » et ouvre son propre restaurant, sans pour autant quitter son emploi. Les mois qui suivent seront difficiles, son restaurant peine à séduire un grand nombre de clients. « C’est dans l’objectif d’augmenter les ventes du restaurant que Kamil Rogalinski (second cofondateur de The Cloud) et moi nous étions plusieurs fois réunis. Or, petit à petit, le concept de The Cloud s’est développé, a pris vie et est devenu un projet à part entière », se souvient-il.

Entreprise tech avant tout

Initialement lancée à Abou Dhabi, puis à Dubaï, Sharjah et Al-Aïn les quatre mois suivants, « notre activité a été brusquement bouleversée par la pandémie de Covid-19 et les restrictions qui ont suivi, bien que nous ayons montré le potentiel à exploiter », explique-t-il. « Le retour à la normale » et l’adaptation à la pandémie ne se fera que quelques mois plus tard, vers juin. Si tout a été « très difficile » au début, Georges Karam voit aujourd’hui les choses d’un autre angle. « La pandémie a représenté une aubaine dans notre cas. Nous étions au bon endroit, au bon moment et dans le bon secteur », les restaurants cherchant une sortie de secours pour survivre et les consommateurs se tournant encore plus vers un modèle d’achat en ligne et de livraison à domicile.

Le modèle fait ses preuves, The Cloud réussit à lever 1,2 million de dollars en septembre 2020, principalement auprès du fonds MEVP. La start-up installée au sein de Hub71 – le centre technologique international d’Abou Dhabi – voit alors plus grand, beaucoup plus grand. Elle s’implantera successivement dans 39 villes aux Émirats arabes unis, en Belgique, en Lituanie, en Arabie saoudite, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Roumanie et aux Pays-Bas. Deux ans plus tard, le 14 septembre, elle annonce avoir conclu une levée de fonds de 10 millions de dollars, auprès de MEVP, d’Olayan Financing Company et de Rua Growth Fund. Cette nouvelle injection de fonds aura pour objectif d’aider la start-up à élargir sa présence à court terme dans la zone MENA et à travers le monde. Au niveau régional, The Cloud compte prochainement s’implanter à Djeddah, en Arabie saoudite, pour y établir son second bureau dans le royaume, et veut également s’installer au Koweït afin de renforcer sa présence dans les pays du Golfe. Au niveau international, The Cloud souhaite continuer à se focaliser à court terme sur le marché européen et prévoit une entrée prochaine sur les marchés français et italien. Si la plateforme rassemble aujourd’hui 700 enseignes de la restauration, elle s’attend à pouvoir porter ce total à plus d’un millier d’ici à la fin de l’année.

En parallèle, cette enveloppe fraîchement levée lui permettra aussi d’accroître ses effectifs, passant d’environ 130 employés aujourd’hui à près de 200 d’ici à fin 2023, en gardant l’accent sur le renforcement de son équipe de développeurs à plein temps, au nombre de 15 aujourd’hui. Car, bien que The Cloud soit un acteur du secteur de la restauration, son atout majeur se trouve néanmoins au niveau de sa plateforme numérique.

Entièrement conçue et développée en interne sous la direction de Kamil Rogalinski, directeur technique, cette interface technologique permet d’afficher en temps réel et d’analyser toutes les commandes qui passent par The Cloud. En parallèle, et outre l’accès à cette plateforme, les restaurants qui y adhèrent bénéficient aussi d’une application mobile, elle aussi intégralement développée en interne, qui leur permet de surveiller plusieurs paramètres de leur processus de préparation de sorte à les pousser à améliorer leur service. Parmi les indicateurs affichés par cette application figurent notamment les délais de préparation des plats et de livraison, l’évolution des ventes, les plats les plus commandés et les régions de provenance des commandes. Le tout dans le souci d’optimiser la chaîne de production.

La plus grande compagnie de taxis sans pour autant posséder une seule voiture ? Uber. La plus grande chaîne d’hôtels sans même détenir une chambre ? Airbnb. La plus grande chaîne de restaurants n’ayant aucune cuisine ? Voilà le titre que The Cloud, une start-up émiratie cofondée fin 2019 par le Libanais Georges Karam, souhaiterait revendiquer un jour.
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