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Économie - Nomination

Un Libano-Canadien nommé directeur général de Shell

À l’œuvre depuis 25 ans au sein de la multinationale pétrolière, Waël Sawan prendra ses nouvelles fonctions en janvier 2023. 

Un Libano-Canadien nommé directeur général de Shell

Waël Sawan, un Libano-Canadien de 48 ans, prendra les rênes de l'entreprise pétrolière Shell en janvier 2023. Photo DR

Il y a du mouvement à la tête de Shell. Fin décembre, Ben Van Beurden quittera ses fonctions de directeur général de l’une des plus importantes sociétés multinationales du secteur énergétique, au 8e rang mondial en termes de production, selon un classement du magazine The Economist publié en juillet dernier. C’est en tout cas ce qu’a rapporté le major pétrolier dans un communiqué jeudi.

Le Néerlandais sera remplacé par un Libano-Canadien de 48 ans, Waël Sawan, actuel directeur des systèmes intégrés en gaz et renouvelables au sein de cette même société et membre du comité exécutif du groupe depuis trois ans.

Pour les commentateurs, cette nomination montre que le groupe veut monter en puissance sur la transition énergétique, alors que l’entreprise est assise sur des montagnes de bénéfices grâce à la flambée des cours des hydrocarbures, qui ont rebondi de manière spectaculaire depuis la reprise économique post-Covid-19 et l’invasion russe de l’Ukraine qui a perturbé l’approvisionnement mondial.

Né à Beyrouth en 1974, élevé à Dubaï et détenteur depuis 1997 d’un master en génie chimique de l’Université McGill à Montréal (Canada) et d’un second en gestion à la Harvard Business School à Boston (États-Unis) en 2003, Waël Sawan a passé les derniers 25 ans de sa carrière au sein de l’entreprise Shell qu’il a intégrée dès 1997 et où il a depuis gravi les échelons. Selon son curriculum vitae publié sur le site de la compagnie, l’ingénieur a notamment été à la tête de Shell au Qatar entre 2012 et 2015, y développant par exemple des partenariats avec l’entreprise Qatar Petroleum, du projet « Global Deep Water » de Shell pour l’exploration des profondeurs sous-marines, entre 2015 et 2019, et directeur de la plateforme Upstream, qui gère l’exploration, l’extraction, la commercialisation et le transport des ressources, entre 2019 et 2021.

Si Ben Van Beurden, âgé de 64 ans, gardera un rôle de conseiller du conseil d’administration jusqu’en juin 2023 avant de quitter le groupe, selon le communiqué, il n’a pas été précisé s’il partira alors à la retraite ou prendra un poste au sein d’une nouvelle entreprise. Le président du conseil d’administration Andrew Mackenzie a salué dans le texte son « extraordinaire carrière de 39 ans » chez Shell, culminant « avec 9 années en tant qu’exceptionnel directeur général ». Il a également souligné que le dirigeant « laisse derrière lui une entreprise rentable et solide avec un bilan robuste, des capacités de création de liquidités très fortes et des options de croissance prometteuses ».

Marié et père de trois enfants, Waël Sawan est « un leader exceptionnel, doté de toutes les qualités nécessaires pour mener Shell de manière sûre et rentable tout au long de sa prochaine phase de transition et de croissance », a déclaré Andrew Mackenzie. Portée par Ben Van Beurden, Shell souhaite devenir « une entreprise énergétique à zéro émission nette d’ici à 2050 », a ajouté ce dernier. Un défi que Waël Sawan s’est dit prêt à relever « pour fournir l’énergie fiable, abordable et plus propre dont le monde a besoin », a-t-il indiqué lors de l’annonce officielle. En attendant janvier 2023, la nomination de Waël Sawan doit encore être approuvée par l’Autorité néerlandaise des marchés financiers, Shell étant une compagnie anglo-néerlandaise dont le siège social est situé à La Haye. Contacté par L’Orient-Le Jour, le bureau des relations publiques de l’entreprise a indiqué que Waël Sawan « ne donnera pas d’interview ».

Un signal clair
Shell a publié fin juillet un bénéfice net de 18 milliards de dollars pour le deuxième trimestre grâce à l’envolée des prix du pétrole et du gaz, des profits tels qu’ils ont fait polémique en pleine crise du coût de la vie et de flambée des factures énergétiques. Vu leurs « superprofits », les géants des hydrocarbures britanniques s’étaient vu imposer une taxe spéciale sur les bénéfices par Londres, mais la nouvelle Première ministre Liz Truss, qui a travaillé pour Shell plusieurs années avant son entrée en politique, a prévu d’y mettre un terme.

Le géant pétrolier et gazier est régulièrement critiqué pour son impact sur l’environnement, et son assemblée générale en mai a notamment été largement chahutée par des militants écologistes. En mai, une consultante de Shell avait démissionné avec fracas, accusant le géant pétrolier britannique d’« échouer complètement dans (son) ambition de transition ». Un investisseur institutionnel, Royal London Asset Management, avait aussi critiqué le plan de transition climat de Shell. L’entreprise a par ailleurs fait appel de la décision d’un tribunal néerlandais qui lui avait ordonné de réduire ses émissions de CO2 dans une affaire retentissante lancée par un collectif d’ONG.

Menée par Ben Van Beurden, Shell avait fait l’acquisition jugée réussie, en 2016, du groupe britannique BG pour 54,1 milliards de dollars, ce qui lui a permis de se développer largement dans le gaz et de bénéficier depuis de l’envolée du prix de cette énergie, notamment depuis la guerre en Ukraine. L’action prenait 0,19 % à 2 345,5 pence vers 10 heures à la Bourse de Londres. « Elle a retrouvé son niveau prépandémie », et c’est un « bon moment pour passer le relais », estime Russ Mould, analyste de AJ Bell.

En décembre, les actionnaires du géant des hydrocarbures avaient voté massivement en faveur du transfert du siège social des Pays-Bas vers le Royaume-Uni et du retrait de « Royal Dutch » du nom du groupe, né au début du XXe siècle de la fusion entre la britannique Shell et la néerlandaise Royal Dutch. Pour Victoria Scholar, analyste de Interactive Investors, il n’est pas étonnant que Waël Sawan, en charge notamment des énergies renouvelables jusqu’à présent, ait décroché le poste de directeur général, vu la transition énergétique en cours dans le groupe.

« Pour un groupe dont la stratégie sur les énergies renouvelables est assez vague, c’est un signal clair que Shell veut changer cela », même si « cela ne se fera pas en un jour », renchérit Sophia Lund-Yates, analyste de Hargreaves Lansdwon. Shell entre dans « une nouvelle ère », note Neil Wilson, analyste de Markets.com, soulignant que la guerre en Ukraine a fait revenir au premier rang des priorités la sécurité énergétique, et donc le forage pétrolier et gazier. 

Il y a du mouvement à la tête de Shell. Fin décembre, Ben Van Beurden quittera ses fonctions de directeur général de l’une des plus importantes sociétés multinationales du secteur énergétique, au 8e rang mondial en termes de production, selon un classement du magazine The Economist publié en juillet dernier. C’est en tout cas ce qu’a rapporté le major pétrolier dans un...

commentaires (3)

Ne vous fatiguez plus, au Liban il n’y a plus que la racaille aux manettes. Les politiques brillent par leur incompétence, leur manque de vision et surtout leur souci de se protéger de s’autoamnistier et d’amnistier les banquiers.

mokpo

22 h 05, le 16 septembre 2022

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Commentaires (3)

  • Ne vous fatiguez plus, au Liban il n’y a plus que la racaille aux manettes. Les politiques brillent par leur incompétence, leur manque de vision et surtout leur souci de se protéger de s’autoamnistier et d’amnistier les banquiers.

    mokpo

    22 h 05, le 16 septembre 2022

  • Si Wael Sawan etait au Liban, il n aurait pas ete president de la republique. Il aurait eté un petit conseiller d'un Nabi Berri, ejectable a souhait lors de n'importe quelle crise. Comme Diab a ete ejecté... Le systeme au Liban avec 2 millions de voteurs achetés ne permet qu'aux mediocres de s'epanouir. Et c'est ceci notre vraie tragedie.

    Tina Zaidan

    09 h 44, le 16 septembre 2022

  • Tous ces Libanais qui brillent à l’étranger et qui occupent des postes préstigieux, alors que des minables nous gouvernent …et nous pillent. Ce mandat a amené la poisse et la malédiction au Liban.

    Goraieb Nada

    07 h 51, le 16 septembre 2022

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