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Société - Liban

« J’ai peur que Tripoli ne redevienne une boîte aux lettres sanglante »

Un plan annoncé par le ministre de l’Intérieur Bassam Maoulaoui après les incidents qui ont secoué la ville, et dont il n’a pas révélé les détails, n’a pas suffi à apaiser les esprits.

« J’ai peur que Tripoli ne redevienne une boîte aux lettres sanglante »

Le ministre Maoulaoui (à droite) lors d'un aparté avec le chef des Forces de sécurité intérieure, au cours d'une conférence de presse mardi où il a abordé le sujet d'un plan sécuritaire à Tripoli. Photo Hussam Shbaro

En cette saison de rentrée scolaire, la papeterie de Abdel Razak Ghanem à Tripoli aurait dû ressembler à une ruche. Or le libraire est régulièrement obligé de fermer ses portes assez tôt, à 18 heures au maximum, de peur des incidents sécuritaires qui secouent la ville généralement à la tombée de la nuit. « Nous vivons en plein chaos, dit-il à L’Orient-Le Jour. J’ai peur que ma ville ne se transforme une fois de plus en boîte aux lettres sanglante entre parties politiques rivales, qui veulent se lancer des messages à la veille de grandes échéances au Liban. »

La grande ville du Liban-Nord a été secouée dernièrement par de graves incidents, notamment une tuerie dans un magasin de portables qui a fait quatre morts, un des assaillants, le propriétaire et deux frères employés. Catalogué très vite comme une affaire de vol à main armée, cet incident s’avère, suivant les dernières informations, un meurtre prémédité, celui du propriétaire, Mahmoud Khodr, habitant de Jabal Mohsen. Un autre incident grave dans le quartier Abi Samra avait fait un mort, un jeune homme de la famille Agha. Sans compter d’autres incidents. Cette série de crimes a poussé le ministre de l’Intérieur Bassam Maoulaoui à annoncer mardi un plan de sécurité pour la ville, dont il a gardé les principaux points secrets en vue d’une application plus efficace sur le terrain, selon lui.

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La dégradation de la sécurité dans la ville a été exacerbée par la crise économico-financière, qui mine le quotidien de la majorité écrasante des habitants de cette région traditionnellement pauvre. Jimmy Chammas est un commerçant de tissu à Tripoli et il ressent vivement les effets de cette insécurité : il est quotidiennement obligé d’appeler plusieurs fois les membres de sa famille pour demander des nouvelles de ses enfants et petits-enfants. « La ville se transforme en bunker. Les tanks de l’armée sont partout, il y a des patrouilles incessantes. Les incidents et les crimes sont devenus monnaie courante dans les quartiers populaires, où la propagation d’armes illégales et de drogue est spectaculaire, notamment auprès des adolescents et des jeunes au chômage. Comment cela est-il possible, alors que la présence des forces de l’ordre est si visible ? », lance-t-il.

Pour sa part, Rana Matraji, enseignante dans un collège public, s’étonne de constater que plus les forces de l’ordre font étalage de leur puissance, plus le chaos règne en maître. Rebondissant sur une phrase du ministre Maoulaoui, qui promet « d’imposer l’ordre et de ne pas dialoguer avec les contrevenants, qui qu’ils soient », elle se désole de voir que sa ville est continuellement traitée en tant que foyer sécuritaire, en l’absence totale de toute politique de développement durable.

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En réponse au scepticisme des habitants, une source de sécurité tripolitaine rappelle que les forces de l’ordre ont arrêté des dizaines de contrevenants ces dernières semaines et ont réussi à empêcher de multiples opérations de vol à main armée et/ou de vente de drogue et d’armes illégales. Selon cette source, les forces de l’ordre, malgré tous leurs efforts, font face à une dégradation prévisible dans un pays en plein effondrement. Elle craint que l’insécurité qui règne à Tripoli, causée par des mafias, ne devienne bientôt le quotidien de toutes les régions.

En cette saison de rentrée scolaire, la papeterie de Abdel Razak Ghanem à Tripoli aurait dû ressembler à une ruche. Or le libraire est régulièrement obligé de fermer ses portes assez tôt, à 18 heures au maximum, de peur des incidents sécuritaires qui secouent la ville généralement à la tombée de la nuit. « Nous vivons en plein chaos, dit-il à L’Orient-Le Jour. J’ai peur...

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