Le chef de l'Église maronite, Béchara Raï, a appelé le président Michel Aoun à quitter le palais de Baabda à la fin de son mandat le 31 octobre, et affirmé qu'il ne réunira pas les leaders chrétiens au siège patriarcal de Bkerké en amont de l'élection présidentielle.
Lors d'un entretien dimanche soir sur la chaîne locale al-Jadeed, le prélat a souhaité que M. Aoun ne s'accroche pas à son poste, alors que nombre d'observateurs craignent qu'il ne le fasse si un nouveau gouvernement n'est pas formé entretemps. Le chef de l'État s'oppose en effet à ce que le cabinet sortant de Nagib Mikati dispose des prérogatives présidentielles en cas de vacance, à l'heure où les tractations gouvernementales semblent toujours stagner.
"Je ne compte pas réunir les personnalités chrétiennes à Bkerké. Je préfère réunir les Libanais", a déclaré Mgr Raï, les principales figures de la communauté maronite semblant toujours être loin de s'entendre sur un candidat unique. "Que tout le monde se regroupe autour d'une table de dialogue. S'ils en sont incapables, qu'ils demandent un parrainage international", a-t-il dit, précisant en avoir discuté avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui aurait affirmé "être prêt à le faire s'il y un accord libanais à ce sujet".
"S'en aller avec honneur"
Le patriarche a également espéré que M. Aoun déploie des efforts avec les personnes concernées afin qu'un nouveau chef de l'État soit élu "avant la fin de son mandat". Il doit "faire tout ce qui est en son pouvoir à cette fin", a-t-il insisté, estimant que "la vacance présidentielle est un crime". "Je conseille au président Aoun de quitter le palais de Baabda avec honneur, tout comme il y est entré", a-t-il plaidé, notant que ses "prérogatives s'arrêtent à la fin de son mandat".
Mgr Raï a par ailleurs estimé qu'il "ne revient pas à l'Église de proposer des noms de présidentiables". Il a ainsi indiqué ne pas être convaincu par l'idée d'un "président fort" ou du "président le plus fort au sein de sa communauté", assurant "vouloir un président qui fédère et qui ne présente pas d'intérêts personnels".
Le dignitaire religieux a également dit qu'il ne s'oppose pas à l'élection du chef des Marada Sleiman Frangié "s'il est à même de regrouper les forces politiques et s'il y a une entente autour de son nom". Interrogé au sujet d'une éventuelle élection du commandant en chef de l'armée Joseph Aoun, il a réitéré que "tout candidat autour duquel il y a une entente ne pose pas de problème".
Depuis des mois, et bien avant le début le 31 août du délai constitutionnel pour élire un successeur à Michel Aoun, le patriarche appelle régulièrement les forces politiques à déployer des efforts pour élire un nouveau chef de l'État et éviter une vacance présidentielle.
Au sujet de la relation de Bkerké avec le Hezbollah, le cardinal Raï a indiqué qu'un comité regroupant des représentants des deux parties "poursuit ses réunions pour échanger des idées". "Le Hezbollah n'a toujours pas pris de décision concernant la stratégie de défense", a-t-il déploré, estimant que "la neutralité sert l'intérêt du Hezbollah". Le patriarche appelle régulièrement au désarmement du parti pro-iranien, le seul à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile libanaise en 1990, et prône la neutralité du Liban dans un Moyen-Orient en pleine convulsion.
Sur le dossier des réfugiés syriens présents sur le sol libanais, Mgr Raï s'est adressé directement à eux : "Vous vous êtes vus imposer une première guerre, votre pays a été brisé et détruit. Mais si vous ne revenez pas chez vous, vous créez une seconde guerre, de vos propres mains. Vous détruisez votre histoire, votre culture et votre civilisation", a-t-il lancé. "Vous ne pouvez pas rester au Liban, aux frais du Liban, et dérégler son économie", a-t-il poursuivi, appelant à dialoguer avec le président syrien Bachar el-Assad pour organiser le retour des réfugiés.
commentaires (6)
A mauvais,mauvais et demi,père Rahi... sinon,on n aura rien.
Marie Claude
06 h 51, le 13 septembre 2022