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Société - Tensions Hezbollah-Israël

Des Libanais inquiets de l’éventualité d’une guerre

Beaucoup ont toujours en mémoire l’éclatement de la guerre de 2006 et se préparent au pire en stockant des médicaments et de la nourriture, ou même en déménageant provisoirement.

Des Libanais inquiets de l’éventualité d’une guerre

Un bateau d'activistes avec une affiche sur laquelle on peut lire : "Le pétrole du Liban au Liban", le 4 septembre au large de Tyr, au Liban-sud. Photo MAHMOUD ZAYYAT / AFP

Alors que la tension monte entre Israël et le Hezbollah au sujet du champ gazier contesté de Karish, beaucoup de Libanais éprouvent la même angoisse « chaque été depuis la guerre de 2006 ». Ces mots sont ceux d’Aya Hamiyé, 33 ans, mère de deux enfants, qui raconte à L’Orient Today avoir fait des provisions de médicaments dans la banlieue sud de Beyrouth en cas d’« escalade ». Bien que les analystes minimisent la possibilité d’un nouveau conflit militaire, de nombreux citoyens craignent l’escalade depuis que les médias locaux évoquent, ces derniers jours, le retour de l’envoyé américain Amos Hochstein à Beyrouth, pour transmettre aux autorités la réponse israélienne aux revendications libanaises sur la frontière maritime. Le médiateur US est en effet arrivé vendredi pour une visite éclair lors de laquelle il a eu des entretiens avec les autorités libanaises.

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Entre-temps, les exercices militaires israéliens ont commencé dimanche dernier à la frontière entre le Liban et Israël et se sont poursuivis jusqu’à mardi soir, ainsi que l’avait révélé dans un tweet le porte-parole arabophone de l’armée israélienne Avichay Adraee. « Durant ces exercices, des mouvements de véhicules militaires seront observés et des détonations seront entendues dans la zone », avait alors prévenu Adraee, précisant que « l’exercice fait partie du plan de manœuvres annuel 2022 ». Les manœuvres israéliennes interviennent dans un contexte de tensions croissantes autour de la délimitation de la frontière maritime entre les deux pays. Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait mis en garde : « Si l’extraction israélienne de pétrole et de gaz commence en septembre avant que le Liban n’obtienne ses droits, nous allons nous battre. Nous nous sommes fixé un objectif et nous agirons en conséquence. »

Sac derrière la porte, voyages annulés…
Certains citoyens inquiets se sont rués sur les achats frénétiques de médicaments et de nourriture – principalement des boîtes de conserve en raison de leur longue durée de vie –, tandis que d’autres révèlent à L’Orient Today qu’ils envisagent de quitter le pays.
Firas Habchi, 50 ans, propriétaire d’un supermarché dans la banlieue sud de Beyrouth, raconte qu’il a préparé un sac contenant ses économies, quelques sacs de conserves et des effets personnels, et qu’il le garde près de sa porte d’entrée depuis qu’Israël a envoyé le 5 juin une plateforme de forage sur le champ de gaz de Karish, situé dans les eaux contestées entre le Liban et Israël.

Pour mémoire

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« Ma sœur, qui vit au Qatar et avait prévu de rentrer au Liban en septembre, a annulé son voyage après les menaces de Nasrallah », dit pour sa part Ayla Dahdouh, une institutrice de 39 ans, dans la rue principale animée du quartier de Hamra. Elle-même se dit convaincue qu’une guerre éclatera prochainement. « Hochstein n’est manifestement pas de notre côté et Israël ne s’inclinera pas devant le Hezbollah, alors ce sera la guerre », poursuit-elle. Elle affirme avoir convaincu sa sœur, qui vit à l’étranger, de ne pas rentrer à cette période et risquer de passer son temps dans « un abri antibombes de fortune, comme durant notre enfance ». Hochstein est né et a grandi en Israël de parents américains et a servi dans l’armée israélienne. Pour Ayla Dahdouh, « il est paradoxal que le Hezbollah prétende ne pas permettre aux Israéliens d’empiéter sur les droits du Liban alors qu’il est de notoriété publique que l’envoyé américain, Hochstein, a servi dans l’armée israélienne ».

Certains disent qu’ils prévoient de quitter le pays, au moins provisoirement, en prévision d’un conflit. Nazha Souheir, 65 ans, originaire de Beyrouth, se dit convaincue que la guerre pourrait éclater « dans quelques semaines, voire quelques jours ». « Je me souviens encore de la guerre de 2006. Nous nous sommes couchés en pensant que le pire était passé et qu’Israël et le Hezbollah échangeaient simplement leurs menaces habituelles, et nous nous sommes réveillés en plein conflit généralisé. » Souheir s’exprimait à la veille de son départ pour Dubaï, où elle a rejoint son fils « jusqu’à ce que les choses se calment ». Elle a vécu trop de traumatismes dans sa vie au Liban et ne peut pas supporter davantage de « désolation », lâche-t-elle.

Une solution plutôt que la guerre
Malgré l’anxiété de la population, les experts sont nettement moins alarmistes. Randa Slim, directrice du programme de résolution des conflits et des dialogues Track II à l’Institut du Moyen-Orient, explique que « le Liban et Israël ne veulent pas la guerre, les bases sont posées pour une solution qui serve les intérêts des deux parties, mais elle nécessite une volonté politique et des concessions de part et d’autre ». Elle ajoute que le Liban et Israël ont tous deux intérêt à maintenir le statu quo actuel, car la situation, tant sur le plan intérieur que géopolitique, n’est pas propice à la guerre. Les deux parties ne s’en sont pas moins engagées dans une rhétorique belliqueuse. « Nous atteindrons Karish, tout ce qui est au-delà de Karish et même au-delà, avait tonné Hassan Nasrallah dans un discours télévisé le 13 juillet. La guerre est beaucoup plus honorable que la situation vers laquelle le Liban se dirige actuellement, l’effondrement et la famine. »
Dimanche, plusieurs bateaux ont embarqué du port de Tripoli au Nord et de Saïda et Tyr au Sud, en direction de Naqoura, près de la frontière libanaise avec Israël, pour exprimer le « droit des Libanais à l’eau et aux richesses gazières offshore », sous le slogan « Le pétrole du Liban appartient au Liban ».

Le Hezbollah, garant ou « fou » ?
Aymane Hamdane, 29 ans, diplômé en génie civil, est sans emploi et vit à Tripoli. Il faisait partie des militants sur le bateau qui se rendait de Tripoli à Saïda. Il pense qu’« Israël a trop peur du Hezbollah pour lancer une guerre, voilà pourquoi, en tant que Libanais, nous devons nous mobiliser pour faire valoir notre richesse nationale, qu’il faut empêcher l’État hébreu de piller ».

Ce n’est pas l’avis de Hana Khoury, graphiste indépendante de 27 ans résidant à Aïn el-Remmané, au sud de Beyrouth, pour qui le Hezbollah est « assez fou pour entraîner le Liban dans une guerre qu’il ne peut pas se permettre ». Elle fait remarquer que les Israéliens ont des abris antibombes sophistiqués pour les protéger en cas de guerre, alors que les Libanais n’ont rien. « Je ne pourrai même pas quitter ma maison pour me réfugier ailleurs si une guerre éclate car je suis au chômage partiel depuis octobre 2020 et je vis au jour le jour. » Hassan Nasrallah avait déclaré en juin que son parti ne participerait pas aux négociations sur la frontière maritime contestée avec Israël, mais qu’il ne resterait pas inactif « devant le pillage des richesses du Liban », ajoutant que le Hezbollah « ne veut pas la guerre, mais ne la craint pas pour autant ».

Cependant, certains Libanais accueillent cette escalade avec un haussement d’épaules. Retraité de l’armée de 89 ans, Sami Dalloul en a vu d’autres. Pour lui, « rien de majeur ne se produira. Ils échangeront quelques menaces lourdes de sens et ce sera tout. C’est ce qui se passe depuis des années, je ne me laisserai pas avoir ». 

Alors que la tension monte entre Israël et le Hezbollah au sujet du champ gazier contesté de Karish, beaucoup de Libanais éprouvent la même angoisse « chaque été depuis la guerre de 2006 ». Ces mots sont ceux d’Aya Hamiyé, 33 ans, mère de deux enfants, qui raconte à L’Orient Today avoir fait des provisions de médicaments dans la banlieue sud de Beyrouth en cas d’« escalade »....

commentaires (3)

Il n'est pas bon de terroriser la population dans le seul but de gagner des points poliutiquement . Article à proscrire svp

Chucri Abboud

08 h 50, le 10 septembre 2022

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Commentaires (3)

  • Il n'est pas bon de terroriser la population dans le seul but de gagner des points poliutiquement . Article à proscrire svp

    Chucri Abboud

    08 h 50, le 10 septembre 2022

  • Je ne sais pas combien ce genre de titre alarmant et terrorisant fait du sens. Perso je suis entourée de personnes qui reviennent après 1 ou 2 ans d'exil. Je ne dis pas que rien n'arrivera ou que tout va bien du tout, mais à quoi ça sert d'en rajouter ?

    aouad myriam

    19 h 23, le 09 septembre 2022

  • Quelle guerre ? Une main seule ne peut applaudir et un seul parti à les armes et tellement qu il en a qu’il ressemble à un gorille dans un magasin de porcelaine !!!!!!

    PROFIL BAS

    18 h 56, le 09 septembre 2022

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