Rechercher
Rechercher

Culture - Rencontre

Quand Assadour devient l’« Horloger des songes » et des sons de Dzovinar Mikirditsian

La musique fait une incursion et fusionne avec le monde de la gravure grâce à cette jeune musicienne. Lumière sur le parcours d’une compositrice libanaise d’origine arménienne, installée à Paris depuis 2015.

Quand Assadour devient l’« Horloger des songes » et des sons de Dzovinar Mikirditsian

Dzovinar Mikirditsian, une musicienne aux compositions interprétées par différents ensembles et formations en Europe. Photo DR

Le piano et ses touches magiques lui ont lancé, depuis sa plus tendre enfance, le plus impérieux et enchanteur des appels. Née en 1979 à Beyrouth, sous les auspices d’Apollon, dieu de la musique et du chant, Dzovinar Mikirditsian, boucles rouquines encadrant un visage avenant aux yeux rieurs, rejoint très tôt sa famille d’adoption, celle des musiciens du Conservatoire national supérieur du Liban. Elle ira par la suite peaufiner sa formation académique et musicale à Erevan et à Genève, où elle s’intéressera à la composition musicale dans le domaine de l’art vidéo, du théâtre et du cinéma. Ses études incluent également la composition instrumentale et électroacoustique avec différents maîtres dont Michael Jarrell, Luis Naon, Martin Matalon, Nicolas Tzortzis, Georges Aperghis...

Aujourd’hui, sa musique est appréciée et interprétée par différents ensembles, dont : Sillages, Itinéraire, Ars Nova, Il Suono Giallo, le quatuor Arod, Proxima Centauri, le Collectif Kahraba ou encore les solistes de l’Orchestre national de musique de chambre d’Arménie… Et la liste est loin d’être exhaustive.

Celle qui a plusieurs œuvres à son actif, aux titres souvent poétiques – à l’instar de Ce murmure dans la nuit du monde (avec le Collectif Kahraba en 2018), Stambol on the Hide of the Queen Bee (avec Ghassan Halwani en 2010) ou encore Asphaltu avec Pascal Corm – a signé en 2022 L’Horloger des songes, une suite instrumentale pour flûte, alto et harpe, diffusée avec succès sur France Musique, avec Sophie Deshayes à la flûte, Ada Aragoneses à la harpe et Gilles Deliège à l’alto. Une création enregistrée à la Muse en circuit à Alfortville.

Lire aussi

Assadour : La peinture, c’est au-delà des mots, et bientôt, je vais regretter ce que je viens de dire...

Cette composition au titre surréaliste mêle des images sonores inspirées de l’admiration qu’elle voue à Assadour, artiste franco-libanais (d’origine arménienne), conjuguée aux souvenirs d’un grand-père horloger, attachant artisan typiquement arménien, penché sur son établi tel un graveur sur sa plaquette.

C’est au hasard d’une promenade au Canal Saint-Martin à Paris que la musicienne croise l’enseigne du peintre et graveur, installé dans la capitale française depuis de longues années. Elle frappe aussitôt à la porte du grand artiste qui la reçoit cordialement. Moment d’émotion très vive pour la jeune compositrice, hantée par le travail pictural de son compatriote depuis son enfance.

De cette rencontre naîtra spontanément une amitié entre eux. Et cet Horloger des songes jaillit des strates d’une mémoire qui a en partage un même pays, des racines communes et une même sensibilité. Une composition que Dzovinar Mikirditsian présente dans les termes suivants : « Je dédie cette pièce à Assadour, l’artiste dont la finesse m’a toujours impressionnée, au point que face à ses gravures je ne parvenais pas à dissocier l’œuvre que je regardais de l’image même de l’artiste au travail, tel que je l’imaginais : une loupe à l’œil, des outils très fins et délicats dans les mains, penché sur le cuivre et plongé dans la ciselure d’un détail, comme un horloger... »

Voilà comment la beauté des sons et le geste d’inciser une matière se sont rejoints dans son imaginaire pour faire émerger une partition qui fusionne les univers de la musique et de la gravure avec une harmonie insoupçonnée.

Les hasards n’existent pas, affirment certains. La preuve est cette œuvre musicale originale qui réunit deux enfants du pays du Cèdre, dont les langages parfaitement et fondamentalement différents vibrent pourtant au même diapason ! Celui d’un percutant hommage à une terre qui brûle et se désagrège, mais que ses artistes, à travers leur talent non entaché par la politique ambiante et sa sombre faillite, tentent de sauver d’un grand naufrage…

Le piano et ses touches magiques lui ont lancé, depuis sa plus tendre enfance, le plus impérieux et enchanteur des appels. Née en 1979 à Beyrouth, sous les auspices d’Apollon, dieu de la musique et du chant, Dzovinar Mikirditsian, boucles rouquines encadrant un visage avenant aux yeux rieurs, rejoint très tôt sa famille d’adoption, celle des musiciens du Conservatoire national...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut