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Inas, taxi-scooter, au service des femmes de la banlieue sud de Beyrouth

Ses clientes apprécient ses prestations. Certaines font régulièrement appel à elle pour se déplacer à tarifs réduits dans une capitale congestionnée.

Inas, taxi-scooter, au service des femmes de la banlieue sud de Beyrouth

Inas Fakih, 33 ans, opère sur un taxi-moto depuis un an et demi dans la banlieue sud de Beyrouth. Photo Zeina Antonios

Il n’est que dix heures du matin et Inas Fakih a déjà effectué plusieurs courses sur son scooter-taxi. En jean et tee-shirt, casquette vissée sur le crâne, la jeune femme sillonne chaque jour la banlieue sud de Beyrouth, ainsi que les quartiers avoisinants et au-delà. Et ce depuis un an et demi. La clientèle d’Inas, exclusivement féminine, apprécie son véhicule, un moyen de transport rapide et économique dans une capitale souvent sujette aux bouchons. « Je viens de déposer une cliente au centre-ville », raconte la jeune femme, lors d’une pause entre deux courses, dans une rue de Bourj el-Brajné. Devant un des commerces, elle retrouve des amis et des membres de sa famille qui n’hésitent pas, eux non plus, à recourir à ses services. « Je suis fière d’elle parce qu’elle a réussi à se mettre à son compte. C’est une chance par les temps qui courent », lance Fayza, la tante d’Inas et une de ses premières clientes. À 33 ans, cette passionnée de moto s’est fait un nom sur les réseaux sociaux, après que son histoire a fait le tour des médias arabophones du pays. Une exposition qui lui a valu beaucoup de commentaires positifs et d’encouragements, mais également d’être harcelée par certains internautes. « Certains ont critiqué mon apparence physique, notamment mon poids. D’autres estiment que conduire un scooter est une activité plutôt masculine. Je n’ai répondu à aucun de ces commentaires haineux. Je suis satisfaite de ce que je fais », lance Inas qui se dit pleinement convaincue par son activité professionnelle. Chaque jour, elle enfourche son scooter à 9h. Et n’en descend, souvent, que tard le soir. « Même si on m’appelle à 22 heures pour une course, je ne rechigne pas », lance-t-elle.

Lors d’une pause, entre deux courses, avec des femmes du quartier, à Bourj el-Brajné. Photo Zeina Antonios

Souvent issues de milieux conservateurs, ses clientes préfèrent monter à scooter quand c’est une femme qui conduit. Certaines sont même des habituées qui font appel aux services d’Inas pour se rendre tous les matins au travail. « Mes clientes se sentent en sécurité avec une femme au volant. De plus, un scooter-taxi est un moyen de transport rapide en ville et moins cher qu’un taxi traditionnel », explique Inas. Les femmes du quartier, elles, lui font confiance. « Elle conduit bien. De plus, quand on l’appelle, on sait qu’elle va répondre à tous les coups et que nous n’allons pas être obligées d’attendre seules dans la rue l’arrivée d’un taxi-service », raconte Imane, une de ses clientes. « Je préfère que ce soit une femme qui conduise. Elle est patiente et elle répond à mes demandes sans rechigner », ajoute-t-elle.

Inas accompagnant une de ses clientes. Photo Zeina Antonios

La moto, « une libération »

La passion d’Inas pour la moto trouve son origine en 2006, lorsque son frère a accepté de lui prêter son véhicule. « On passait les vacances au village et mon frère avait acheté une moto. Je l’ai supplié de me laisser conduire. J’ai commencé par faire de petits trajets, et puis, un jour, j’ai fait le trajet en moto du village jusqu’à Beyrouth », se souvient-elle. C’est lorsque la crise économique a commencé à s’aggraver qu’Inas a décidé d’utiliser son scooter comme gagne-pain. « Avant la crise, je travaillais dans une usine alimentaire. Je gagnais 12 ou 13 000 livres par jour (un peu moins de 10 dollars, avant la chute de la livre) en travaillant de 7h à 19h. Je ne pouvais pas continuer de travailler dans des conditions aussi précaires », raconte Inas. « Aujourd’hui, je gagne un peu mieux ma vie, mais je ne roule pas sur l’or non plus », confie la jeune femme, qui espère pouvoir élargir son activité économique un jour. Son rêve ? Ouvrir un garage de réparation pour motos. « J’ai appris à réparer des motos en regardant mon mécanicien le faire. Je pense que je vais me lancer dans ce projet bientôt », confie-t-elle.

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Si son business de scooter-taxi lui permet de survivre tant bien que mal, les prix fluctuants de l’essence compliquent son quotidien. « L’essence, c’est un de mes plus grands problèmes en ce moment. Avant la crise, je faisais le plein tous les trois ou quatre jours à 10 000 livres maximum. En ce moment, je paie 150 à 200 000 livres tous les jours », révèle-t-elle. Malgré l’inflation galopante, les tarifs d’Inas restent abordables, pour répondre à la demande d’une clientèle qui n’a pas beaucoup de moyens. Elle facture 25 000 LL (moins d’un dollar sur le marché parallèle) pour une course dans la banlieue sud et 50 000 (1 dollar et demi) ou plus pour les courses effectuées en dehors de ce secteur.

Passionnée de moto depuis une quinzaine d’années, Inas parcourt la capitale tous les jours. Photo Zeina Antonios

Depuis qu’elle a commencé à offrir ses services de taxi, Inas en a inspiré plus d’une dans la banlieue sud. De nombreuses femmes de la région lui ont demandé de leur enseigner la conduite. « Faire de la moto ou du scooter est perçu comme une libération, en plus d’être un moyen de transport efficace », lance Inas. « En ce qui me concerne, mon scooter, c’est mon bébé. Je ne lui refuse rien », ajoute-t-elle, un sourire aux lèvres.

Il n’est que dix heures du matin et Inas Fakih a déjà effectué plusieurs courses sur son scooter-taxi. En jean et tee-shirt, casquette vissée sur le crâne, la jeune femme sillonne chaque jour la banlieue sud de Beyrouth, ainsi que les quartiers avoisinants et au-delà. Et ce depuis un an et demi. La clientèle d’Inas, exclusivement féminine, apprécie son véhicule, un moyen de...

commentaires (2)

bravo. mais malheureusement, ceci encouragera la seggregation des sexes encouragee par les miliciens locaux.

Nadim Audi

15 h 05, le 25 août 2022

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Commentaires (2)

  • bravo. mais malheureusement, ceci encouragera la seggregation des sexes encouragee par les miliciens locaux.

    Nadim Audi

    15 h 05, le 25 août 2022

  • Bravo Inas, gardez le cap, c'est le bon.

    Christine KHALIL

    12 h 58, le 25 août 2022

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