Les opérations de recherche au large de Tripoli (Liban-Nord) des corps des victimes naufragées en avril dernier au large de Qalamoun ont été entamées lundi dès 8h, mais reportées dans l'après-midi en raison des mauvaises conditions météorologiques, a annoncé l'armée libanaise.
"Les opérations de recherche du bateau naufragé au large de Tripoli ont été reportées en raison des vagues élevées qui menacent la sécurité du sous-marin et de l'équipage", a indiqué la troupe dans un tweet peu avant 14h30, plus de six heures après que le sous-marin a débuté les recherches d'une trentaine de disparus, le bateau ayant coulé à environ 400 mètres de profondeur.
Dès 8h, le sous-marin, arrivé mercredi dernier au Liban, a pris le large en direction du lieu du naufrage du bateau, qui a coulé le 23 avril dernier. Des militaires de l'armée libanaise se trouvaient également à bord d'un navire pour suivre les opérations de recherche, tandis que des proches des victimes naviguaient, eux, sur un autre bateau. L'émotion était palpable sur ce second bateau sur lequel se trouvaient les familles, selon l'un de leurs avocats contacté par L'Orient-Le Jour. Vêtus de gilets de sauvetage rouges, les proches et certains des survivants se remémoraient en effet avec tristesse et peur le jour du naufrage.
Le sous-marin est arrivé dans la zone concernée peu avant 13h30, mais les opérations de recherche n'ont pas pu être lancées en raison de vents violents soufflant dans cette région.
Présent sur les lieux, le colonel Haytham Dennaoui, commandant de la marine libanaise, a affirmé que trois personnes sont à bord du sous-marin qui peut atteindre 2.180 mètres de profondeur. Il a également indiqué que la marine a créé une chambre d'opérations afin de suivre de façon rapprochée les recherches. Le colonel a souligné que "cette mission se poursuivra pendant plusieurs jours, en fonction des résultats". Il a enfin appelé les citoyens à ne pas s'approcher du lieu des recherches.
Faire avancer l'enquête
Le député Achraf Rifi, élu de Tripoli et qui est à l'origine de cette initiative, était également présent. "Aujourd'hui commence la mission opérationnelle vivant à récupérer le bateau et les dépouilles des victimes de la grande tragédie qui a frappé Tripoli et ses habitants il y a quatre mois", a -t-il commenté avant de remercier la diaspora libanaise en Australie qui a financé le projet, et les habitants de la grande ville du Nord, "qui sont le pilier essentiel de la mise en œuvre de cette mission". Les recherches sous-marines ont également pour but, selon l'ancien ministre de la Justice, de "faire avancer l'enquête" sur le naufrage grâce à des photos de l'épave que devra prendre le sous-marin, à la demande du commandant en chef de l'armée libanaise. Achraf Rifi avait indiqué mercredi dernier à L'Orient-Le Jour que le sous-marin, dont l’entreprise est enregistrée en Inde, effectue cette opération en collaboration avec les secours australiens. Sa location coûte 251.000 dollars.
Près de 85 passagers avaient embarqué sur un bateau clandestin en avril dernier, en direction de l’Europe, pour échapper à la crise économique au Liban. Le navire avait été intercepté par l’armée à environ 5,5 kilomètres des côtes libanaises, avant de faire naufrage. Les causes de ce naufrage font l'objet de deux versions contradictoires : l’armée affirme que le bateau de fortune a coulé à cause de la surcharge des passagers à son bord. Les rescapés, quant à eux, assurent que le bateau des militaires est entré en collision avec l’embarcation. Parmi les passagers, une quarantaine de personnes ont trouvé la mort.
Ils connaissaient très bien les risques et répétaient qu’ils valait mieux mourir en mer par la volonté de Dieu qu’accepter des travaux moins rémunérés que leurs attentes. Donc c’est 100% leur responsabilité.
19 h 39, le 22 août 2022