C’est la baisse du total des billets et des pièces en livres (la masse monétaire fiduciaire) à fin juin en glissement annuel, passant de 40 339,6 milliards de livres au sixième mois de l’année 2021 à 38 904,1 milliards à la même période en 2022. Cette baisse est encore plus prononcée si l’on prend en compte les chiffres de la fin de l’année passée, consistant en une diminution de 15 % (45 761,3 milliards de livres).
Cette baisse depuis décembre s’explique par une nouvelle mesure mise en place par la Banque du Liban via la circulaire n° 161, qui permet aux agents économiques de retirer leurs livres en dollars taux de la plateforme Sayrafa, gérée par la BDL, et qui a fini la semaine dernière à plus de 26 000 livres pour un dollar, alors que le taux sur la marché parallèle a, lui, dépassé les 33 000 livres. Cette mesure a très probablement permis de diminuer le nombre de billets et de pièces en livres en circulation dans l’économie, en poussant les agents à obtenir des billets en dollars américains. En effet, plus l’offre d’une monnaie est forte, plus elle se déprécie. La monnaie nationale a perdu depuis le début de la crise plus de 95 % de sa valeur. Selon le bilan bimensuel publié par la BDL, les pièces et billets en circulation ont atteint 43 643,3 milliards de livres, une hausse de 8,2 % en deux mois et demi, selon nos calculs.
En y ajoutant les comptes en livres à vue (qui ne sont pas bloqués), l’agrégat M1 de la masse monétaire passe à 56 215 milliards de livres à fin juin 2022, également en baisse de 3 % en glissement annuel (57 937 milliards de livres). L’agrégat M1 a suivi la même baisse que la masse monétaire fiduciaire, montre le développement de la « cash economy » (économie basée sur les espèces), en raison d’une baisse de confiance dans le secteur bancaire libanais. À la fin de l’été 2019, les banques avaient imposé des restrictions sur les transferts à l’étranger et les retraits depuis les comptes en devises, et la Banque du Liban a commencé à « lirifier » une partie des dépôts depuis avril 2020 à travers la circulaire n° 151, qui permet de retirer à un taux bien inférieur au taux du marché (actuellement à 8 000 livres) les dollars libanais, ou « lollars ».
La masse monétaire totale dans l’économie (en prenant également en considération les comptes à terme en livres, ainsi que les comptes libellés en devises et les titres de dette en circulation en dehors du secteur financier), soit l’agrégat M3, a connu une baisse plus prononcée, de 5,2 % à fin juin en glissement annuel. Les dépôts en devises ont en effet atteint 116 494 milliards de livres à la fin du premier semestre de l’année (au taux de change officiel de 1 507,5 livres pur un dollar), une baisse de 8,2 %. Vers mi-juillet, la BDL a de plus restreint les paiements par carte en lollars à traves la circulaire n° 629 du 19 juillet.
Ce que je vois dans les graphiques, c'est une multiplication par plus de 6 de la masse totale de LL en billets entre mi 2019 et fin 2021. J'ai trois questions : - Qui peut affirmer que cette augmentation n'a rien à voir avec coefficient ~ 20 de délitement de la LL ? - Qui a permis cette démarche (auteur principal et contrôleurs) ? - Qui a principalement profité de la masse monétaire apportée à l'état par l'impression de cette quantité de billets (directement, et/ou indirectement à travers les subventions) ? Je propose à chacun d'y réfléchir et de réfléchir à comment contrer, par la force de la parole du groupe, de telles manipulations.
14 h 39, le 22 août 2022