Les prix des carburants ont été revus à la hausse mardi au Liban, après que la Banque du Liban (BDL) a modifié les modalités de paiement des importations de ces produits, faisant passer le ratio de dollars pour les importations d'essence sur la plateforme Sayrafa à 70% et celui du marché parallèle à 30%. Des files d'attente s'allongeaient à nouveau devant des stations-services dans le Sud et la Békaa, les importateurs ayant rationné les quantités de carburants livrées.
Selon le dernier barème publié par le ministère de l’Énergie, le prix des bidons de 20 litres d'essence à 95 et 98 octane ont augmenté de 16.000 LL, passant respectivement à 568.000 livres libanaises et 580.000 LL. Le prix du diesel a augmenté de 26.000 LL pour atteindre 663.000 LL. La bonbonne de gaz, elle, a vu son prix augmenter de 9.000 LL, et se vend à 321.000 LL. Le kilolitre de mazout utilisé par les générateurs privés passe à 975 dollars, après une baisse de trois dollars.
Commentant les nouveaux tarifs, le porte-parole du syndicat des propriétaires de stations-service, Gorges Brax a affirmé que la BDL a fixé à 70% le paiement des importations au taux de la plateforme Sayrafa qui est actuellement de 26.200 LL, alors que ce ratio était de 85%. Les 30% restant sont réglés au taux du marché parallèle, où la livre est très volatile dernièrement. Le dollar valait 32.100 LL lors des importations, contre 30.775 au préalable, indique M. Brax. Auparavant, les importations de carburants étaient réglées entièrement au taux de Sayrafa.
Retour des files d'attente
Sur le terrain, des files d'automobilistes ont fait leur réapparition à Saïda (Liban-Sud) devant les stations-service encore ouvertes, selon notre correspondant Mountasser Abdallah. Un propriétaire d'une station-service a confié à notre correspondant que les importateurs rationnent la quantité de carburants livrée, ce qui risque d'engendrer des pénuries sur le marché. A Rachaya, dans la Békaa, des automobilistes se sont également rués vers les pompes dès les premières heures du matin, selon notre correspondante Sarah Abdallah.
Dans un Liban en pleine crise, les frais de transports pèsent lourd sur les Libanais, dont plus des trois quarts vivent sous le seuil de pauvreté. Le décret de majoration des indemnités de transport quotidiennes dans le secteur privé, de 65.000 livres à 95.000 LL (environ 3 dollars au taux du marché parallèle), a été signé vendredi par le chef de l'État, Michel Aoun, le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, et le ministre sortant du Travail, Moustapha Bayram.
En un an, le prix des 20 litres d'essence à 95 octane a augmenté de 1.489 %, selon le centre de recherches libanais Information International, un chiffre qui reflète l’ampleur de la crise sans précédent que traverse le pays depuis 2019, anéantissant quasiment le pouvoir d'achat des habitants et bouleversant leur mode de vie.
A dollar constant corrigé de l'inflation le prix de l'essence aujourd'hui est inférieur à celui de 2018 avant la crise. Arrêtons avec les articles démagogiques...
15 h 39, le 16 août 2022