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Économie - Électricité

Fuel pour EDL : rien de conclu avec l’Iran, le sort de l’accord avec l’Irak bientôt fixé

Annoncée il y a presque un an, l’initiative américaine pour fournir du courant au Liban n’a toujours pas été mise en œuvre.

Fuel pour EDL : rien de conclu avec l’Iran, le sort de l’accord avec l’Irak bientôt fixé

Le siège d’Électricité du Liban, dévasté par la tragique explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020. Photo João Sousa

Toujours à bout de souffle en cette troisième année de crise, le secteur de l’électricité publique libanais sera aussi bientôt à court de carburant, obligeant les responsables à multiplier les contacts et les pistes potentielles, à l’image de celles concernant un éventuel don iranien ou la prolongation de l’accord en cours avec l’Irak.

Le service de presse du Premier ministre désigné Nagib Mikati a indiqué à L’Orient-Le Jour qu’il n’y avait rien de conclu entre le Liban et l’Iran concernant la possibilité que Téhéran fournisse du carburant aux centrales d’Électricité du Liban, qui tournent au ralenti depuis plus d’un an. Le ministre de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad a, lui, assuré que le sort de l’accord via lequel le Liban se fournit en carburant irakien depuis un an sera déterminé dans les jours à venir.

Fuel iranien

Contacté pour réagir aux informations parues dans certains médias affirmant que Nagib Mikati avait « accepté que l’Iran fournisse du carburant gratuitement » au Liban, en citant « un responsable proche » du chef du gouvernement, le service de presse du Premier ministre désigné a fait état d’une « simple discussion » lors d’une visite protocolaire, il y a une semaine au Grand Sérail, du nouvel ambassadeur iranien à Beyrouth, Mojtaba Amani. Selon ce service de presse, le diplomate iranien a indiqué que son pays était prêt à fournir du carburant, tandis que Nagib Mikati a répondu que le Liban était disposé à accepter toute l’aide possible pour pallier les problèmes d’approvisionnement en carburant d’EDL qui se sont accrus avec la crise. Il a aussi invité les autorités iraniennes à prendre contact avec le ministère de l’Énergie pour les questions relatives à la compatibilité du carburant produit en Iran avec les centrales d’EDL. « Il n’y a rien de conclu, ni même d’être en passe d’être conclu », a insisté le service de presse de la présidence du Conseil. L’Iran, qui soutient activement le Hezbollah, est ciblé par de nombreuses sanctions américaines, rendant délicate toute entreprise visant pour l’État libanais à importer de manière officielle du carburant de ce pays. En 2021, alors que le Liban connaissait une pénurie de carburant domestique, l’Iran avait fourni des chargements de mazout au Liban, mais en passant par le Hezbollah, également sanctionné.

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L’accord avec l’Irak près d’un an après : où en est-on des livraisons de carburant à EDL ?

Depuis plus d’un an, la pénurie d’électricité publique a atteint des niveaux proches de ceux de la guerre civile (1975-1990), une majorité de citoyens ne recevant que 2 à 3 heures de courant par jour dans le meilleur des cas, augmentant leur dépendance aux onéreux propriétaires de générateurs qui servent de palliatifs depuis des décennies. La situation est aussi bien liée aux carences structurelles d’EDL, dont les tarifs sont figés par la classe dirigeante depuis le début des années 1990, qu’à la décision de l’État – et de la Banque du Liban – de ne plus financer les avances du Trésor qui servaient à acheter le carburant consommé par les centrales.

Le fuel irakien

Face à ces difficultés, le Liban a conclu en juillet 2021 un accord avec l’Irak pour répondre à une partie de ses besoins à des conditions adaptées au contexte de crise. Programmée pour un an et mise en œuvre depuis septembre dernier, il s’agit de l’ultime source de carburant encore accessible au fournisseur public de courant. L’accord, qui met en place un mécanisme d’échange impliquant des sociétés tierces sélectionnées via des appels d’offres, est entré dans son dernier mois d’exécution et il est actuellement en cours de renégociation. Le mécanisme d’échange a été institué parce que le fuel produit par la société d’État irakienne SOMO (State Oil Marketing Organization) n’est pas compatible avec les centrales libanaises.

Lors d’un entretien accordé à la LBCI hier, le ministre de l’Énergie a une nouvelle fois assuré que l’Irak était disposé à prolonger l’accord, ou du moins qu’il n’avait pas rejeté cette perspective. Une déclaration en ligne avec ce qu’il répète depuis juillet dernier et l’activation des discussions pour négocier l’extension. Walid Fayad a ajouté que le dénouement de ce dossier était désormais « une question de jours » et que la solution irakienne restait « la première » des solutions accessibles envisagées pour augmenter la quantité de carburant destinée à EDL. Le service de presse de Nagib Mikati a, lui, confirmé que le Premier ministre désigné avait récemment adressé une demande officielle par écrit à la partie irakienne dans le cadre des démarches visant à obtenir la prolongation de l’accord. Il reste qu’un éventuel renouvellement de cet accord, à travers lequel le Liban a importé près d’un demi-million de tonnes de carburant réparties entre gasoil (416 000 tonnes) et fuel-oil (75 000) lors des 11 premiers mois, ne devrait pas se faire sans aménagements garantissant le paiement – ou du moins d’une partie – des quantités déjà livrées (813 727 tonnes en 11 mois sur le million prévu en 1 an) par SOMO.

L’initiative américaine

Enfin, l’initiative américaine annoncée en août 2021 pour répondre à l’urgence de la pénurie de courant dans le pays en important du courant jordanien et du gaz égyptien n’a toujours pas commencé à être mise en œuvre à ce jour. Les contrats entre le Liban et les deux pays fournisseurs ont été signés en janvier dernier en ce qui concerne Amman et en juin pour Le Caire.

Mais, selon des informations fournies par la diplomatie américaine fin juillet, la Banque mondiale attend toujours que les autorités libanaises ajustent les tarifs d’EDL et forment l’Autorité de régulation (en discussions depuis 20 ans) avant de financer leur exécution.

Ce n’est que passé ce cap que

Washington entreprendra les démarches pour aménager les sanctions imposées au régime syrien et à ceux qui font affaire avec lui, le courant jordanien et le gaz égyptien devant forcément transiter par ce territoire. La réussite du dossier semble enfin liée aux avancées enregistrées sur un autre, tout aussi critique : celui de la délimitation de la frontière maritime entre le Liban et Israël, les deux pays souhaitant explorer et exploiter les ressources d’hydrocarbures offshore que recèlent les fonds marins de leurs zones économiques exclusives respectives.

Pour rappel, la réforme du secteur de l’électricité fait partie d’une des réformes demandées par les soutiens au Liban, qui a approché le Fonds monétaire international en 2020 pour tenter d’obtenir une assistance financière, un autre dossier toujours en suspens.

Toujours à bout de souffle en cette troisième année de crise, le secteur de l’électricité publique libanais sera aussi bientôt à court de carburant, obligeant les responsables à multiplier les contacts et les pistes potentielles, à l’image de celles concernant un éventuel don iranien ou la prolongation de l’accord en cours avec l’Irak. Le service de presse du Premier ministre...

commentaires (3)

Paroles, paroles, paroles...Que des paroles depuis plus de 20 ans! Qui se souvient? Des avions Migs promis par Elias El-Murr en provenance de Russie puis après des hélicoptères. Du pétrole Iranien Du gaz d'Égypte De la carte d’aide aux plus démunis De l'électricité de Jordanie Des 500,000$ puis 200,000$ puis maintenant 100,000$ promis aux déposants Des céréales en provenance d'Ukraine Évidemment, je passe outre sur toutes les promesses non tenues du CPL auxquelles il faut consacrer des dizainesde pages (Électricité 24/24 jusqu'au TGV) La seule promesse tenue est l'anéantissement de ce qui un jour s’appelait Liban!

Le borgne

16 h 06, le 11 août 2022

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Commentaires (3)

  • Paroles, paroles, paroles...Que des paroles depuis plus de 20 ans! Qui se souvient? Des avions Migs promis par Elias El-Murr en provenance de Russie puis après des hélicoptères. Du pétrole Iranien Du gaz d'Égypte De la carte d’aide aux plus démunis De l'électricité de Jordanie Des 500,000$ puis 200,000$ puis maintenant 100,000$ promis aux déposants Des céréales en provenance d'Ukraine Évidemment, je passe outre sur toutes les promesses non tenues du CPL auxquelles il faut consacrer des dizainesde pages (Électricité 24/24 jusqu'au TGV) La seule promesse tenue est l'anéantissement de ce qui un jour s’appelait Liban!

    Le borgne

    16 h 06, le 11 août 2022

  • Encore une fois, nous n'avons PAS un problème d’électricité, mais un manque d’ARGENT pour acheter le mazout pour faire fonctionner les centrales. Quel que soit la source du carburant d’ailleurs: Egypte, Mer du Nord, USA, Venezuela, Iran, Nigeria, ou Zimbabwe oriental si vous préférez... La solution est de confisquer tous les générateurs de quartier, et utiliser les recettes de ceux-ci pour acheter du mazout pour les centrales d’EDL qui produisent du courant de façon beaucoup plus efficace que 2000 générateurs individuels...

    Gros Gnon

    10 h 03, le 11 août 2022

  • La canaille politichienne maintient le pays dans le noir DELIBEREMENT.

    Michel Trad

    08 h 40, le 11 août 2022

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