Le Courant patriotique libre (CPL), fondé par le président Michel Aoun et dirigé par son gendre le député Gebran Bassil, a accusé mercredi le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, d'"entraver volontairement" la formation d'un nouveau gouvernement, dans un Liban en plein effondrement économique depuis 2019.
Dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion de son bureau politique, le CPL a "fait assumer au Premier ministre désigné la responsabilité de la prise à la légère de la Constitution (...) en refusant de former un gouvernement sans lequel les réformes ne peuvent avoir lieu". "Cette entrave volontaire au processus de formation du gouvernement est un crime envers les Libanais (...)", a estimé le parti aouniste. Le 1er août, M. Aoun avait mis à profit la fête de l'armée pour reprocher implicitement à M. Mikati de ne pas faire avancer le processus de formation du cabinet, dénonçant l’absence d’une équipe ministérielle ce qui aggrave "les difficultés financières et économiques".
"Tentative de détourner l'attention"
Réagissant au communiqué du parti aouniste, M. Mikati l'a accusé d'"inventer des disputes et de camoufler la vérité à la fin du mandat" de Michel Aoun, "dans une tentative claire de détourner l'attention de l'échec des années précédentes, dans tous les domaine". Il a démenti "prendre à la légère la Constitution" rappelant qu'il s'était rendu à Baabda au lendemain de sa désignation et dénonçant "l'intervention de l'entourage du président et une atteinte au poste et à la personne du Premier ministre désigné". "Celui qui instruit la publication de tels communiqués devrait avoir honte", a ajouté M. Mikati dans son communiqué, appelant le CPL à résoudre ses problèmes intérieurs avant de "décocher ses flèches vers les gens qui œuvrent à sauver le pays".
Si la course à la magistrature suprême bat son plein, le délai pour l'élection d'un nouveau chef de l'État commençant à la fin de ce mois d'août, la question de la formation d'un nouveau gouvernement pour succéder à celui de M. Mikati semble, elle, enterrée. Depuis le 22 mai dernier, le gouvernement est chargé d'expédier les affaires courantes, et les tractations sont au point mort après un imbroglio entre MM. Mikati et Aoun, le premier ayant présenté une mouture qui n'a pas satisfait le second, au lendemain des consultations parlementaires non contraignantes du 29 juin dernier. "Il faudra un miracle pour que le gouvernement soit formé", avait ainsi estimé samedi le président du Parlement, Nabih Berry.
Concernant la présidentielle, le bureau politique du CPL a appelé une nouvelle fois à "organiser le scrutin aux dates prévues par la Constitution (à partir du 1er septembre et avant le 31 octobre), en respectant la volonté politique que les Libanais ont exprimée lors des législatives". Dans ce contexte, la formation aouniste a invité à respecter "le principe de la vraie représentation", sans expliquer ce qu'elle entend par là. Elle a conclu cependant en plaidant pour le respect de la "volonté populaire", alors que son chef affirme avoir le plus grand groupe parlementaire à l'issue du scrutin de mai dernier, sachant toutefois que ce sont les Forces libanaises de son rival Samir Geagea qui ont le plus grand nombre de députés en tant que parti politique.
Gebran Bassil est considéré comme un candidat potentiel à l'élection présidentielle, mais il maintient le flou à ce sujet et reconnaît à demi-mot qu'il pourrait avoir des difficultés à être élu, notamment en raison des sanctions américaines contre lui. Il affirme cependant avoir son mot à dire concernant de potentiels autres candidats.
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T3ebna
PPZZ58
21 h 22, le 04 août 2022