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Économie - Carburant

Le ratio de dollars à Sayrafa pour l’essence repasse à 85 %

Un importateur sous couvert d’anonymat estime que ce changement ne provoquera aucune perturbation, tant que le ministère ajuste les tarifs en livres sur le taux de change du marché.

Le ratio de dollars à Sayrafa pour l’essence repasse à 85 %

La Banque du Liban n’avait pas informé auparavant le ministère de l’Énergie et de l’Eau du changement du ratio de la subvention. Photo João Sousa

Globalement en baisse en juillet après avoir atteint des records le mois précédent dans un contexte de crise libanaise qui se prolonge depuis 2019 et de crise mondiale de l’énergie, les prix de l’essence en livres sont repartis à la hausse hier, pendant que ceux du mazout et du gaz demeuraient inchangés, selon la grille tarifaire publiée par le ministère de l’Énergie et de l’Eau.

Les 20 litres d’essence à 95 et 98 octane ont pris 14 000 livres par rapport à la précédente mise à jour faite mardi, pour atteindre respectivement 605 000 et 617 000 livres – contre plus ou moins 700 000 livres fin juin. La principale cause du rebond affiché n’est cette fois ni liée au taux de change de la plateforme Sayrafa de la Banque du Liban (resté stable à 25 600 livres après la mise à jour de mardi, contre plus ou moins 30 000 hier sur le marché) ni à l’indice S&P Platt utilisé par le ministère pour suivre les cours des carburants. Selon la direction du pétrole au sein du ministère de l’Énergie et plusieurs voix parmi les représentants des distributeurs de carburant, la hausse des tarifs de l’essence s’explique par une modification du ratio de couverture du mécanisme de subvention de la BDL dont bénéficient encore les importateurs. Mardi, l’institution a informé le ministère qu’elle ne fournirait plus que 85 % des dollars demandés par les importateurs pour régler les factures de leurs fournisseurs contre des livres échangées au taux de Sayrafa. À charge pour les importateurs de fournir eux-mêmes les 15 % restants au prix du marché, sur le modèle de ce qui se faisait avant le 24 mars dernier (avec les taux en vigueur à l’époque).

Entre surpris et pas surpris

Selon une source au ministère, la BDL n’avait pas informé le ministère en amont de ce changement, ce qui explique pourquoi les tarifs ont été modifiés une première fois mardi. Le prix des 20 litres de diesel vendus à la pompe est toujours bloqué à 647 000 livres depuis (-18 000 par rapport à la dernière modification). Celui de la bonbonne de 10 kg de gaz domestique est à 311 000 (-16 000 livres) et le kilolitre de mazout est à 1 047 dollars (-16 dollars – hors frais de transport désormais variables en fonction du marché et actuellement à 517 000 livres par kilolitre). « En dehors des périodes de grande instabilité des cours et du taux de change, les prix sont modifiés deux fois par semaine, mardi et vendredi », rappelle la source précitée. La Banque du Liban, dont le conseil central se réunissait hier, n’a pas fait de déclaration sur le sujet. La nouvelle donne concernant le ratio de dollars obtenus au taux de Sayrafa a été accueillie avec circonspection par certains représentants de la filière de distribution du carburant. Sollicité, le président du syndicat des propriétaires de stations-service Georges Brax a affirmé ne pas être surpris par le changement de ratio, qui était selon lui « pressenti depuis plusieurs jours et en discussions depuis au moins lundi ». S’exprimant auprès de l’agence el-Nashra, le représentant des distributeurs de carburant, Fady Abou Chacra, a pour sa part assuré que les distributeurs n’avaient pas été mis au parfum. « Personne ne sait rien sur rien », a-t-il insisté, avant de prévenir qu’il fallait que les dollars nécessaires soient fournis « cinq jours à l’avance » pour éviter les problèmes d’approvisionnement et le retour des files d’attente devant les stations-services, incontournables conséquences des différentes crises du carburant qui ont frappé le pays depuis le début de la crise.

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Un importateur sous couvert d’anonymat a lui considéré que le changement de ratio ne provoquera aucune perturbation tant que le ministère ajuste les tarifs en livres sur le taux de change du marché, qui évolue pendant la journée, tandis que celui de Sayrafa est mis à jour une fois tous les soirs ouvrés. « Or les tarifs d’hier ont été calculés en fonction d’un taux de 500 livres inférieur à celui de la journée », regrette-t-il. Interrogée sur le risque que le changement de ratio n’augmente la pression sur le dollar au point de faire dérailler le taux de change, la source au sein du ministère a estimé qu’il devrait être limité, vu que l’essence est le seul carburant encore subventionné.

L’inconnue de la contrebande

Le gérant d’une société de distribution souhaitant lui aussi rester anonyme juge pour sa part très probable que certaines sociétés importatrices limitent les livraisons de carburant « en attendant d’y voir plus clair », tout comme le fait qu’une partie des stations-service décident de fermer « pour ne pas perdre de l’argent », en attendant que les tarifs repartent à la hausse poussés par le taux de change et/ou les cours du brut. À noter que le taux de change oscille entre 28 000 et 30 000 depuis début juillet, mais que l’opacité du marché rend difficile toute projection. Niveau pétrole, les barils de Brent et de WTI se négociaient hier autour de 105 et 96 dollars respectivement. S’ils sont actuellement en baisse de plus de 20 % par rapport à leurs pics respectifs de juin, ils évoluent également dans un contexte incertain, marqué notamment par le conflit russo-ukrainien. Il est enfin difficile de mesurer l’ampleur de la contrebande d’essence vers la Syrie, dans la mesure où les marges ont beaucoup baissé par rapport à l’époque où la Banque du Liban subventionnait ce carburant (dont les prix ont progressé de près de 1 500 % à fin juin 2022 en glissement annuel selon Information International), mais elle semble encore potentiellement lucrative à une certaine échelle.

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Au Liban, le prix de vente des 20 litres d’essence oscille entre 20 et 21 dollars selon les paramètres d’hier. En Syrie, selon une source résidant sur place, les Syriens possédant un véhicule ont droit à 25 litres d’essence subventionnée par semaine, pour un prix atteignant l’équivalent de 7 dollars (5,6 dollars les 20 litres). S’ils ont deux véhicules, ils peuvent obtenir 25 litres supplémentaires par semaine à 22 dollars (17,6 dollars les 20 litres). Au-delà de ces quantités, les 25 litres d’essence au marché noir se vendent au-dessus de 35 dollars (soit 28 dollars les 20 litres), un montant confirmé par un second résident que nous avons contacté. Encore en conflit, la Syrie est toujours sanctionnée par les États-Unis et une partie de la communauté internationale, tandis que le Liban accueille encore plus d’un million de réfugiés syriens.

Globalement en baisse en juillet après avoir atteint des records le mois précédent dans un contexte de crise libanaise qui se prolonge depuis 2019 et de crise mondiale de l’énergie, les prix de l’essence en livres sont repartis à la hausse hier, pendant que ceux du mazout et du gaz demeuraient inchangés, selon la grille tarifaire publiée par le ministère de l’Énergie et de l’Eau....

commentaires (1)

les responsables incompetents veulent ils vraiement nous faire accroire que, verifier ou vont les milliers de tonnes de fuel, d'essence et autres mazout ? qu'ils ne peuvent pas suivre la filiere qui menerait pour sur aux contrebandiers ? maths 101 ferait l'affaire. qu'ils trouvent parmi leurs collegues et maitres a penser de profs [our lecons particulieres. et le tour sera joue... joue oui mais encore une fois a nos depends.

Gaby SIOUFI

10 h 32, le 28 juillet 2022

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Commentaires (1)

  • les responsables incompetents veulent ils vraiement nous faire accroire que, verifier ou vont les milliers de tonnes de fuel, d'essence et autres mazout ? qu'ils ne peuvent pas suivre la filiere qui menerait pour sur aux contrebandiers ? maths 101 ferait l'affaire. qu'ils trouvent parmi leurs collegues et maitres a penser de profs [our lecons particulieres. et le tour sera joue... joue oui mais encore une fois a nos depends.

    Gaby SIOUFI

    10 h 32, le 28 juillet 2022

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