"Nous ne répondons pas aux menaces". Voilà comment a réagi mardi le département d'Etat américain, aux propos du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui menace Israël d'un conflit en raison du litige entre le Liban et l'Etat hébreu autour de la délimitation de la frontière maritime. La tension entre les deux pays est montée d'un cran lorsque, début juillet, le Hezbollah a lancé trois drones en direction du champ de Karish qu'Israël veut exploiter, des engins qui ont été abattus. Par la suite, Hassan Nasrallah avait clairement menacé l'Etat hébreu de guerre, avant de relativement tempérer ces menaces, après les craintes suscitées au Liban.
"Une solution est possible"
Lundi soir, dans une interview fleuve au média pro-Hezbollah al-Mayadeen, Hassan Nasrallah avait réitéré ses menaces, avec des propos toutefois plus nuancés. "Si le forage de gaz et de pétrole dans le champ de Karish débute en septembre avant que le Liban n'ait obtenu ses droits, nous nous dirigeons vers un problème", avait-il ainsi mis en garde. "Nous sommes à même de dissuader l'ennemi et frapper des cibles dans n'importe quel endroit au large d'Israël", a-t-il assuré. Il a également affirmé qu'il "n'existe aucune cible israélienne en mer ou sur terre que les missiles de précision de la résistance ne peuvent atteindre".
Interrogé mardi par la presse sur ces menaces et pour savoir si elles affecteraient la médiation américaine dans les négociations indirectes entre le Liban et Israël, le porte-parole du département d'Etat US, Ned Price, a déclaré : "Nous avons vu ces informations. Nous ne répondons pas aux menaces, mais nous restons engagés à faciliter les négociations entre le Liban et Israël afin d'aboutir à une décision sur la délimitation de la frontière maritime". "Les progrès en vue d'une solution ne peuvent être obtenus qu'à travers les négociations entre les deux gouvernements. Nous saluons l'ouverture d'esprit des deux parties pour aboutir à une décision finale qui a le potentiel de déboucher sur davantage de stabilité, sécurité et prospérité, autant pour le Liban que pour Israël ainsi que pour la région. Nous croyons qu'une solution est possible", a ajouté Ned Price.
Visite de Hochstein
Interrogé ensuite sur une nouvelle visite au Liban de l'émissaire US Amos Hochstein, le porte-parole du département d'Etat est resté évasif. "Je n'ai aucune information à communiquer concernant un voyage quelconque mais il (Amos Hochstein) est resté engagé auprès des deux parties depuis son dernier déplacement dans la région", a répondu Ned Price.
Plusieurs responsables libanais, dont le chef de l’État, Michel Aoun, ont annoncé mardi que l’émissaire américain est attendu à Beyrouth dans les prochains jours. Lors d’une réunion avec la coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban, Joanna Wronecka, M. Aoun a confirmé "le retour de M. Hochstein au Liban en fin de semaine, afin d’examiner les derniers développements concernant les négociations indirectes sur le tracé de la frontière maritime". De son côté, le vice-président du Parlement et conseiller du chef de l’État, Élias Bou Saab, a indiqué que "Amos Hochstein arrivera au Liban le 31 juillet". Le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a lui aussi parlé d’un retour de l’émissaire américain qui "effectuera des négociations dans le cadre d’une tournée".
"Compromis"
La perspective d'un voyage de M. Hochstein dans la région a également été confirmée par des informations de la chaîne israélienne Kan 11, citée par l'agence libanaise al-Markazia, qui font en outre état de l'optimisme de responsables israéliens concernant une résolution proche du litige. Ces responsables "pensent que le différend maritime est sur le point d'être clôturé et qu'une solution va être trouvée". "Amos Hochstein est attendu au Liban la semaine prochaine et il devrait y apporter un cadre de travail pour un accord, qui serait un compromis entre les revendications israéliennes et libanaises", ajoute la chaîne. Dans cette perspective, "la plateforme d'exploitation installée sur le champ de Karish sera considérée comme étant en territoire israélien et la même entreprise sera chargée de l'exploitation des ressources dans le deux pays".
Cet optimisme contraste avec la déception des responsables israéliens sur le dossier, qui avait été évoquée dans la presse israélienne après la visite du médiateur US à Jérusalem, dans le cadre de la tournée du président américain Joe Biden au Moyen-Orient. En marge de cette visite, M. Hochstein avait, lui, fait état de "bons progrès" réalisés "tant au Liban qu’en Israël".
Le litige frontalier entre Israël et le Liban bat son plein depuis l’arrivée, il y a plus d’un mois, d’une unité d’extraction gazière au champ de Karish qui pourrait se trouver dans une zone contestée par le Liban s’il officialise ses revendications maximalistes, à savoir la ligne 29. Sauf que lors de la dernière visite de l’émissaire américain, les responsables libanais lui avaient communiqué une nouvelle proposition consistant à élargir la ligne 23 pour inclure la totalité du champ maritime de Cana dans l’espace maritime libanais, alors que le tracé originel prévoit d’attribuer une partie de cette zone à Israël. Il n’est toujours pas clair si le champ de Cana renferme du gaz off shore.
commentaires (5)
L'impérialisme américain dans tout sa splendeur. L'oncle Sam se pose encore pour le gendarme du monde. Le juge et la partie dans ce conflit. Il s'arroge le droit d'interdire aux peuples arabes de s'entraider au nom de la loi César tout en soufflant sur les braises des haines fratricides qui ne loupent pas une occasion pour se haïr. Ce Monsieur H continuera à faire ses voyages touristiques sans intérêt pour gagner du temps et profiter de la naïveté de ces hôtes qui se trouvent valorisés à parler à un Blanc comme avant lui Ms Kissinger et Habib dont connait bien les exploits qui nous ont menés dans la misère dans laquelle on baigne. Applaudissez bouffons, applaudissez jusqu'au dernier souffle de vos peuples miséreux
Souheil Mansour
00 h 03, le 28 juillet 2022