Pour Khaled Mouzanar, le bonheur est dans la montagne, la musique et le vin

« Il est l’heure de s’enivrer pour ne pas être l’esclave martyrisé du temps, enivrez-vous sans cesse. De vin de poésie ou de vertu à votre guise. » Ce sont ces deux lignes du poème en prose de Baudelaire qui a inspiré à Khaled Mouzanar le titre du Festival de vin et de musique qu’il va lancer la semaine prochaine à Smar Jbeil*. Il a toutefois échangé le mot poésie contre musique. N’est-ce pas la même chose après tout ? La musique n’est-elle pas la poésie de la vie ?

Pas un concert, mais un partage

Ce festival, sous la houlette du musicien et compositeur libanais avec le parrainage de trois vignobles de la région, est certes l’occasion pour lui de partager la musique avec le public tout en lui faisant connaître les richesses viticoles de Batroun, une manière de promouvoir la région sur le plan historique, culturel et économique. « Je suis tombé en amour de cette région que j’habite depuis 10 ans, indique Khaled Mouzanar. Mon rêve s’est réalisé le jour où j’ai pu réussir à vivre en autosuffisance », ajoute celui qui s’est construit à la fois son propre studio et une résidence d’artiste.

La citadelle de Smar Jbeil abritera la première édition « De vin et de musique ». Photo DR

Pour ce grand amoureux du vin, la musique est plus « un processus qu’une finalité » car selon lui, « manger et boire un verre, c’est avoir un moment de vie ensemble ». Et ce sont ces moments-là qu’il aimerait partager avec le plus de gens possible. « Ainsi ils nous habitent avec nos projets artistiques en faisant avec mon épouse (la réalisatrice Nadine Labaki) de la musique et du cinéma. » C’est un retour à la nature, à la montagne qui est une solution à tous les drames, estime-t-il. « La montagne a toujours été l’ultime refuge. » Et de préciser : « Pas seulement un refuge d’habitation, mais de travail, puisque nous produisons et nous vivons aussi des produits de la terre. Quand nous donnons de l’amour à cette dernière, elle nous le rend multiplié. De plus, le vin et la musique sont l’antithèse des ennemis de ce Liban qu’on aime et qu’on voudrait faire renaître. J’ai choisi de rester donc ici car nous sommes conscients, Nadine et moi, de ne pas vouloir quitter le pays mais de pouvoir également travailler à partir de la montagne du Liban afin que ce travail se propage à l’international. » Pour sa première édition, « De vin et de musique » donnera l’occasion aux producteurs de vin locaux de promouvoir leur nectar à travers « un vin de bienvenue » au coucher du soleil à 19h et une dégustation de vins de Batroun, accompagnée d’un cocktail dînatoire après le concert. Se déroulant à la citadelle de Smar Jbeil, ce festival met l’accent sur la valeur patrimoniale des lieux et son emplacement offre une vue panoramique et de toute beauté de Jbeil à Tripoli.

Construite par les Phéniciens, cette citadelle a été, rappelons le, durant le Moyen Âge, le lieu d’asile de nombre de chrétiens opprimés. C’est là également où le premier patriarche maronite saint Jean Maron avait trouvé refuge avant de se rendre à Kfarhay.

Le festival invite le célèbre bandonéiste international Mario Stefano Pietrodarchi – que Khaled Mouzanar a rencontré au Festival al-Bustan – et son quintette à cordes à donner deux concerts le 30 et le 31 juillet sous la direction et avec la participation du compositeur libanais dont la musique se nourrit de son identité plurielle. « Quand j’invite ces grands musiciens à venir jouer avec moi, leur musique enrichit la mienne. Ce n’est donc pas simplement un concert mais un échange », affirme-t-il. « Je veux montrer aux jeunes qui vont très loin à la recherche du bonheur qu’ils peuvent le trouver ici au Liban. Malgré l’effondrement économique, la montagne nous donne encore des bonheurs simples et à portée de main. » « Le bonheur est dans le près, non dans le loin, dit une de mes compositions. Je n’échangerai cette vie rurale pour rien au monde. Ce festival en témoignera », conclut avec conviction Khaled Mouzanar.

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Au programme des deux soirées

Sous l’intitulé « Cine e tango », le programme des deux soirées du 30 et 31 juillet, à partir de 19h, comprend les compositions musicales de l’immense Ennio Morricone, de Nino Rotta (également compositeur de musique de cinéma), ainsi que d’Astro Piazolla et de Khaled Mouzanar.

Trois compositions d’Ennio Morricone :

– Cinema Paradiso, de Giuseppe Tornatore

– The Mission, de Roland Joffé

– Il était une fois dans l’Ouest (Once upon a Time in the West), de Sergio Leone.

Trois thèmes musicaux de Nino Rota :

– La Dolce Vita, de Federico Fellini.

– Amarcord, de Fellini.

– 8 ½, de Fellini.

De A. Piazolla : Adios Nonino ;

Soledad ; Sure ; Jorge Adios et Libertango.

Et également des titres musicaux de Khaled Mouzanar.