Chauvinisme mal placé

Lorsqu’on a des résultats médiocres, il faut avoir le courage d’une part et la modestie d’autre part de rendre son tablier, sinon de courir le risque de s’attendre à une expulsion forcée de la part du peuple. Le peuple qui donne généralement procuration ou mandat à tous ceux qui sont en charge des hautes fonctions de l’État ; le peuple, c’est-à-dire le mandant qui donne ordinairement un mandat à des personnes, les mandataires, afin de pouvoir le représenter, de parler en son nom, de s’occuper de ses affaires nationales et de prendre à cœur ses intérêts. Et ainsi toutes les personnes en charge des hautes fonctions politiques de l’État ont théoriquement (je dis bien théoriquement), de par la Constitution, des comptes à rendre à ce même peuple. N’est-il pas mentionné noir sur blanc dans notre loi fondamentale que le peuple est la source et l’origine de toutes les institutions de l’État (al-chaab massdar al-souloutat) ?

Avouons que le peuple sri-lankais a réussi là où nous avons brillamment échoué. Ayons au moins la pudeur de le reconnaître. Confessons que nous avons toujours eu un chauvinisme excessif et même abusif mal placé, un dénigrement outrancier vis-à-vis de ces personnes venues travailler chez nous la plupart du temps dans des emplois modestes et dans des conditions malsaines au profit d’une admiration inconditionnelle, souvent stupide et béate, pour tout ce qui est national.

Vox populi, vox Dei dit la locution latine qui souligne l’importance de l’avis du peuple dans les régimes considérés en principe (je dis bien en principe) comme démocratiques.

Très cher peuple sri-lankais, vous nous avez donné une grande leçon d’humilité. Nous avons grâce à vous pris conscience de nos torts, de nos insuffisances, de nos limites et de nos faiblesses. N’est-il pas temps de dépasser nos divisions, nos confessions, nos différences et nos clivages pour un Liban meilleur, plus juste, plus digne et plus respectueux des droits, surtout au vu des résultats lamentables de notre médiocratie au pouvoir et de ce qu’endurent actuellement les Libanaises et les Libanais ?

Il n’est pas encore trop tard pour réagir. Il est toujours temps de suivre vos pas, très chers citoyens sri-lankais. Bravo à vous et honte à nous. Effet domino requis.

Michel Antoine AZAR

Avocat à la cour

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