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Politique - Présidentielle

Unifier les opposants : une dynamique toujours timide

Georges Adwan s’est entretenu récemment avec Samy Gemayel, mais aucun résultat concret n’a été atteint.

Unifier les opposants : une dynamique toujours timide

De gauche à droite : Achraf Rifi, Michel Moawad, Fouad Makhzoumi et Adib Abdel Massih, hier, lors de l’annonce de la formation de leur groupe parlementaire baptisé « bloc du renouveau ». Ali Fawaz/compte Flickr du Parlement.

« Ça ne va pas. » C’est par ce constat pessimiste qu’un député relevant du 14 Mars résume pour L’Orient-Le Jour l’état des rapports entre les composantes du camp hostile au Hezbollah, en dépit des efforts déployés dans les coulisses, notamment par les Forces libanaises, pour souder les rangs dans la perspective de la présidentielle.

Au lendemain des législatives de mai dernier, le chef des FL, Samir Geagea, a clairement défini ses priorités : former un gouvernement à coloration politique, mais aussi et surtout souder les rangs des protagonistes hostiles au parti pro-iranien et à son allié chrétien, le Courant patriotique libre. Mais contrairement à ce qu’avait espéré le leader maronite, « la nouvelle opposition » a subi une défaite cuisante lors des élections du président et du vice-président de la Chambre, à l’issue desquelles ce sont des candidats du camp mené par le Hezbollah et ses alliés – Nabih Berry et Élias Bou Saab – qui sont sortis vainqueurs. Idem pour la désignation d’un Premier ministre, une bataille remportée par Nagib Mikati – porté aussi par le tandem chiite Amal-Hezbollah – aux dépens de Nawaf Salam, ancien diplomate et actuel juge au sein de la Cour internationale de justice. Bien que soutenu par les Kataëb, le Parti socialiste progressiste et dix des treize députés de la contestation, l’ancien ambassadeur du Liban à l’ONU s’est incliné face à M. Mikati en raison, principalement, de la décision des FL de le priver de leur appui. Une décision qui a fait couler beaucoup d’encre quant aux motifs du parti chrétien et a rendu encore plus audibles les mésententes au sein d’une opposition hétérogène.

Les FL prennent l’initiative

Dans une volonté manifeste d’éviter une réédition de ce scénario, Samir Geagea a décidé de passer à l’acte. Il a dépêché Georges Adwan, député du Chouf, pour des concertations avec le chef du parti Kataëb Samy Gemayel, qui entretient des rapports en dents de scie avec les FL depuis la mise en place de l’accord de Meerab, conclu en janvier 2016 entre Samir Geagea et Michel Aoun. L’accord avait alors pavé la voie au fameux compromis présidentiel, qui a permis l’élection de M. Aoun à la magistrature suprême en octobre de la même année. « Cette réunion a eu lieu il y a trois semaines », confie à L’Orient-Le Jour une personnalité proche de M. Gemayel. « Mais ce genre d’action ne suffit pas à elle seule. Il faut commencer par unifier les visions et répondre aux questions liées à l’avenir du pays », dit-elle. Et de déplorer que « ce qui est en train d’être fait est toujours loin des attentes des gens ». En dépit de ce pessimisme, le parti Kataëb se montre disposé à « créer un milieu favorable à cette ouverture initiée par les FL », pour reprendre les termes d’un de ses parlementaires qui a souhaité garder l’anonymat.

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Les yeux désormais rivés sur la présidentielle

Du côté des Forces libanaises, on se félicite du début d’un processus de communication entre les protagonistes qui s’opposent au Hezbollah. Mais on place cette dynamique dans la perspective de la présidentielle (prévue à partir du 31 août, soit deux mois avant la fin du mandat Aoun le 31 octobre) pour tenter de rétablir l’équilibre politique. « Dans un peu plus d’un mois débute le délai constitutionnel pour élire un nouveau chef de l’État. Il est donc impératif d’améliorer la communication entre opposants et indépendants, non pour mettre en place une alliance semblable à celle du 14 Mars, mais pour s’entendre surtout sur un même candidat à la présidence de la République », explique un responsable FL, assurant que le Parti socialiste progressiste est au centre de cette dynamique, de même que plusieurs députés indépendants, à l’instar de Michel Moawad (Zghorta). Adib Abdel Massih, député du Koura proche de M. Moawad, s’est exprimé à ce sujet hier. Lors du lancement officiel du « bloc du renouveau » (regroupant MM. Moawad et Abdel Massih, ainsi que Fouad Makhzoumi et Achraf Rifi), le parlementaire du Koura a indiqué que ce groupe va « communiquer avec les composantes de l’opposition, parce qu’il ne faut pas qu’elles soient dispersées ». « Il est plus que nécessaire d’unifier les opposants en vue de la présidentielle, parce que le pays ne tolère plus un chef de l’État gravitant dans l’orbite du 8 Mars, après l’expérience du sexennat Aoun », abonde un parlementaire concerné par les contacts actuellement en cours. Il est rejoint par le responsable FL cité plus haut. « Tout le monde, dont les députés de la contestation, doit être conscient de la gravité de la situation : si les efforts actuels ne portent pas leurs fruits, c’est le 8 Mars qui élira le futur chef de l’État », dit-il.

Et la contestation ?

Outre l’appel à l’unification des rangs face au Hezbollah et ses alliés, ces propos sont porteurs d’un message clair en direction des treize députés de la thaoura pour les inviter à collaborer avec les partis politiques traditionnels, loin du fameux « Kellon yaané kellon » (tous, cela veut dire tous). Une option rejetée à plusieurs reprises par les contestataires. « Nous restons loin des alignements politiques traditionnels », tranche Melhem Khalaf, député de Beyrouth. Mais sa collègue Paula Yaacoubian se veut plus nuancée. « Nous sommes toujours attachés au “Kellon yaané kellon”. Mais nous sommes prêts à collaborer avec ceux qui œuvrent pour l’intérêt du pays », affirme-t-elle à L’OLJ. « Cela ne signifie pas que nous allons accepter n’importe quel président. Nous voulons un chef de l’État qui ne fait pas partie de la classe dirigeante et qui n’est pas impliqué dans des dossiers de corruption », souligne la députée de Beyrouth. Des critères sur lesquels semblent s’accorder toutes les composantes de l’opposition… sans toutefois, ou du moins pour le moment, s’unir.

Quatre députés indépendants annoncent la formation du « bloc du Renouveau »

Quatre députés indépendants – Michel Moawad, Achraf Rifi, Fouad Makhzoumi et Adib Abdel Massih – ont annoncé hier la formation de leur groupe parlementaire baptisé « bloc du Renouveau », deux mois après les législatives du 15 mai.

Lors d’une conférence de presse conjointe, M. Rifi a affirmé que la nouvelle formation appelle à « étendre le pouvoir de l’État sur l’ensemble de son territoire et à remettre (aux autorités compétentes) les armes illégales du Hezbollah ayant perdu toute qualification de résistance ». « Les armes du Hezbollah protègent la corruption, et nous luttons pour récupérer la décision de la guerre et de la paix », a-t-il ajouté. De son côté, M. Moawad a noté que « l’absence de souveraineté est la cause essentielle de l’effondrement » du pays, estimant qu’il « ne peut y avoir de stabilité en présence de deux genres d’armes et de décisions », dans une référence à la mainmise du parti de Dieu sur l’État. Le député de Zghorta a assuré œuvrer pour « la décentralisation administrative » et le vote d’une « loi sur l’indépendance du pouvoir judiciaire ».

Pour sa part, le parlementaire Fouad Makhzoumi a souligné la nécessité de s’unifier autour d’un candidat pour la présidentielle, le mandat du chef de l’État Michel Aoun prenant fin en octobre. « Le but n’est pas d’être une opposition qui ne construit pas. Nous devons avoir une alternative et un programme », a-t-il dit. Enfin, le député Adib Abdel Massih a affirmé que le groupe parlementaire « commencera à entrer en contact avec les composantes de l’opposition ». « Nous ne devons pas être dispersés », a-t-il plaidé.

« Ça ne va pas. » C’est par ce constat pessimiste qu’un député relevant du 14 Mars résume pour L’Orient-Le Jour l’état des rapports entre les composantes du camp hostile au Hezbollah, en dépit des efforts déployés dans les coulisses, notamment par les Forces libanaises, pour souder les rangs dans la perspective de la présidentielle. Au lendemain des...

commentaires (8)

C’est triste de voir que les chrétiens ne sont pas unis

Eleni Caridopoulou

19 h 14, le 16 juillet 2022

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Commentaires (8)

  • C’est triste de voir que les chrétiens ne sont pas unis

    Eleni Caridopoulou

    19 h 14, le 16 juillet 2022

  • The Cats Paw (1934) Harold Lloyd, Una Merkel, George Barbier - Comedy

    Irene Souki

    17 h 41, le 16 juillet 2022

  • The Cats Paw (1934) Harold Lloyd, Una Merkel, George Barbier - Comedy

    Irene Souki

    17 h 41, le 16 juillet 2022

  • Une tambouille d’idées et de promesses veines comme lors de la période avant les législatives qui fera pshitt avec la défection de quelques uns pour ne pas déroger à la règle. Et ils veulent nous faire croire qu’ils sont là pour sauver le pays. Les ennemis et fossoyeurs se frottent déjà les mains, sûrs que rien de bon ne sortira de leur entente mésentente ayant chacun le melon et l’ego qui vont avec. Le terrain a déjà été préparé en amont pour ne leur laisser aucun choix, que l’embarras et ils le savent tous. Toutes ces réunions pseudos rassemblements n’aboutiront qu’à un échec tonitruant vu les intérêts diamétralement opposés des uns et des autres au grand dam des libanais qui n’espèrent plus rien mais s’accrochent à un rêve qu’ils savent désormais irréalisable. Un miracle quoi. Qui de tout ce monde va sortir du lot et exiger que seul l’intérêt du pays prime en mettant l’orgueil et la mesquinerie de côté pour sauver ce pays? Je n’en vois aucun. D’où le kelloun, nous parlons désormais en connaissance de cause, nous les avons vu à l’œuvre durant toutes les échéances importantes qui ont eu lieu et où ils n’ont montré que frilosité et division. Comment espérer mieux à un mois du grand événement qui pourra changer le sort du pays avec toujours les mêmes? Il faut être réalistes.

    Sissi zayyat

    11 h 58, le 16 juillet 2022

  • "EXPLIQUE UN RESPONSABLE FL ASSURANT QUE LE PARTI SOCIALISTE PROGRESSISTE EST AU CENTRE DE CETTE DYNAMIQUE" . IGNORANCE...POUR LE MOMENT OUI... MAIS À LA DERNIÈRE MINUTE ET EN SURPRISE, CE PARTI VA VOTER POUR SLEIMEN 2, POUR LE POULIN DU HEZBOLLAH. CE SONT LES SPÉCIALITÉS DE LA FAMILLE JOUMBLATT. IL FAUT PAS OUBLIER QUE LE PÈRE KAMAL JOUMBLATT A VOTÉ EN SURPRISE À LA DERNIÈRE MINUTE POUR ÉLIRE SLEIMAN 1ER. ET QUE CE JOUMBLATT ACTUEL "WALID" NOUS A AMENÉ LE HEZBOLLAH AU GOUVERNEMENT. ET CE MÊME JOUMBLATT QUI NOUS A RAMENÉ NABIH BERRY PRÉSIDENT. DONC SLEIMAN 2 EST ASSURÉ D'ÊTRE ÉLU GRÂCE À WALID JOUMBLATT ET TAYMOUR PREND LA RELÈVE.

    Gebran Eid

    11 h 55, le 16 juillet 2022

  • Que de belles discussions mais revenons sur terre svp. D'une part, le président au Liban n'a aucun pouvoir et représente à peine le pays à l'échelle internationale. D'autre part, tous les "opposants" pourraient se réunir et programmer tout ce qui leur passe par la tête mais le dernier mot reviendra toujours au Hezbollah. Par ailleurs, les FL font partie du système et je souhaite vivement aux nouveaux venus et aux Kataëb de ne jamais s'allier avec ce parti. Des votes concordants oui, une alliance ou un partenariat non. Heureusement que le Hezbollah dans tout ça sert de modèle avec son unité, l'intégrité de ses représentants et surtout son magnifique programme sociétal, économique et social qui fera du Liban un paradis à l'image de tous les quartiers et régions dans lesquels il possède déjà une assise territoriale.

    Georges Olivier

    11 h 35, le 16 juillet 2022

  • pourvu que l'avenir proche ne donne pas raison aux critiques emises a l'egard des MPs de la contestation em 1er, ceux independantistes?! et ceux ex 14 marsistes . comme quoi ils ne sont pas foutus former qq chose d'utile qui ferait face aux moumanaistes, aoiunistes et syro assadistes de ts genres .

    Gaby SIOUFI

    10 h 25, le 16 juillet 2022

  • Il faudrait dire a MM Mouawad, Rifi et consorts que le label "Tajjadod" appartient deja a "Harakat al Tajjadod al Dimocraty" (MRD, Mouvement du Renouveau Democratique). Par respect pour la memoire de M Nassib Lahoud, trouvez donc une autre denomination messieurs....

    Michel Trad

    09 h 41, le 16 juillet 2022

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