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Moyen-Orient - Diplomatie

Biden en Arabie saoudite : un "check", des accords stratégiques, et une mise en garde contre la répression

Le président américain a été accueilli au palais royale de Djeddah par un "check" du poing par Mohammad ben Salmane.

Biden en Arabie saoudite : un

Le “check” du poing, entre le président américain Joe Biden et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, le 15 juillet 2022 à Jeddah. AFP/ MEDIA OFFICE OF MOHAMMED BIN SALMAN /BANDAR ALGALOUD

Le président américain Joe Biden, en visite en Arabie saoudite, a prévenu Riyad d'une "réponse" en cas de nouvelles attaques contre des dissidents, après une rencontre avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, considéré par Washington comme le commanditaire de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.

Air Force One a atterri à Jeddah, dans l'ouest de l'Arabie saoudite, après un vol direct depuis Israël, une première alors que Washington cherche à normaliser les relations entre ses deux plus importants partenaires au Moyen-Orient. Joe Biden a été accueilli au palais royal de Jeddah par Mohammed ben Salmane, surnommé MBS, faisant un "check" du poing avec le jeune et puissant dirigeant de facto du royaume saoudien, âgé de 36 ans. A Jeddah, Joe Biden a aussi rencontré le roi Salmane, malade et âgé de 86 ans, avant une "session de travail" menée par le prince Mohammed, incontournable sur tous les dossiers, du pétrole au militaire.

Selon la télévision d'Etat saoudienne, les Etats-Unis et l'Arabie ont signé 18 accords stratégiques pour assurer la coopération entre les deux pays dans les secteurs de l'énergie, des investissements, des communications, de l'espace et de la santé. L'agence de presse officielle saoudienne a, pour sa part, indiqué que dans une déclaration commune, Washington et Riyad se sont accordés sur l'importance d'empêcher l'Iran de "se doter d'armes nucléaires". Selon le communiqué, le président américain a souligné l'engagement des Etats-Unis au soutien de "la sécurité et de la défense territoriale de l'Arabie saoudite, et à faciliter l'aptitude du royaume à obtenir toutes les capacités nécessaires à la défense de son peuple et de son territoire contre les menaces extérieures". Les deux pays ont également souligné la nécessité d'empêcher l'Iran d'interférer dans les affaires intérieures des pays, de soutenir le terrorisme via des groupes armées qui lui sont affiliés, et de déstabiliser la région.

L'éditorial de Issa Goraieb

La pactomanie en tourisme

La rencontre entre MM. Biden et ben Salmane est le point d'orgue de cette tournée au Moyen-Orient, alors que Washington cherche à convaincre le royaume d'ouvrir les vannes de sa production pétrolière. L'enjeu: abaisser le prix du gallon d'essence à l'approche des élections de mi-mandat aux Etats-Unis.

Mais lorsqu'il était encore candidat, Joe Biden avait promis de traiter l'Arabie saoudite en "paria", en particulier à cause de l'assassinat en 2018 du journaliste et critique saoudien Jamal Khashoggi. Une fois élu, il avait déclassifié un rapport accablant sur la responsabilité du prince dans ce meurtre.

A Jeddah, Joe Biden a déclaré avoir prévenu le prince héritier d'Arabie saoudite d'une "réponse" de sa part si de nouvelles attaques contre des dissidents devaient se produire, qualifiant de "scandaleux" le meurtre de Khashoggi. "J'ai juste fait comprendre que si une telle chose se reproduit, ils auront cette réponse et bien plus encore", a-t-il déclaré devant des journalistes, disant avoir évoqué cette affaire "au tout début" de la réunion avec MBS. Les autorités saoudiennes ont toujours nié la responsabilité directe du prince héritier dans ce meurtre.

"Sang sur vos mains"

La veuve du journaliste, Hatice Cengiz, a publié un tweet avec une capture d'écran du compte de son défunt mari : "est-ce ainsi que exigez comme promis de rendre des comptes comme promis pour mon meurtre ?" "Le sang de la prochaine victime de MBS est sur vos mains", est-il ajouté, avec une photo du "check" du poing que M. Biden a fait au prince saoudien. La visite de Joe Biden a été particulièrement critiquée par les défenseurs des droits humains, la puissante monarchie du Golfe étant accusée de graves violations, et d'une répression féroce de ses opposants.

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Les présents de Biden à Israël

Loin des questions des droits humains, parmi les objectifs de la tournée de Joe Biden figurent les tentatives de rapprochement entre Saoudiens et Israéliens.

Durant sa prise de parole à Jeddah, Joe Biden a annoncé que les forces internationales de maintien de la paix, y compris les troupes américaines, quitteront Tiran, un des deux îlots stratégiques, avec Sanafir, situés en mer Rouge, entre l'Egypte, Israël et l'Arabie saoudite. Le départ de cette force, installée depuis 40 ans, doit se produire "d'ici la fin de l'année", a précisé la Maison Blanche dans un document, après qu'Israël a indiqué n'avoir "aucune objection" au transfert des deux îlots de l'Egypte à l'Arabie saoudite. Dans le même temps, Riyad a de son côté annoncé l'ouverture de son espace aérien à "tous les transporteurs", y compris israélien, une décision "historique" pour Joe Biden.

Sommet arabo-américain

Ces deux initiatives pourraient, selon des analystes, ouvrir la voie à un éventuel rapprochement entre l'Arabie saoudite et Israël, pays qui a normalisé notamment ses relations en 2020 avec deux autres pays du Golfe : les Emirats arabes unis et Bahreïn.

L'annonce saoudienne est intervenue avant le vol direct inédit Tel-Aviv/Jeddah (ouest) de M. Biden, le premier du genre d'Israël vers l'Arabie saoudite qui ne reconnaît pas officiellement l'Etat hébreu. Son prédécesseur, Donald Trump, avait effectué un vol en sens inverse, de l'Arabie saoudite vers Israël.

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Samedi, M. Biden participera à un sommet des dirigeants des monarchies arabes du Golfe auquel assisteront également d'autres leaders arabes, qui ont commencé à arriver samedi soir. Pour éviter qu'il ne reste de ce voyage qu'une image, celle d'un salut controversé échangé avec "MBS", Joe Biden va s'efforcer, pour sa dernière journée en Arabie saoudite, de promouvoir sa vision pour le Moyen-Orient. Le président américain va avoir des réunions bilatérales avec les dirigeants d'Égypte, des Emirats Arabes Unis et d'Irak, puis participera à un sommet dit du "GCC+3". La réunion organisée à Jeddah rassemblera les six membres du "Conseil de coopération du Golfe", à savoir l'Arabie saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar, ainsi que l'Égypte, la Jordanie et l'Irak. Le président démocrate de 79 ans va "présenter clairement et de manière substantielle sa vision" pour le Moyen-Orient, au travers de grands projets d'infrastructure entre autres, a dit vendredi son conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan. "Nous n'allons pas laisser un vide que viendraient remplir la Chine et la Russie", a dit pour sa part vendredi Joe Biden.

Une occasion de pousser la normalisation engagée par Israël avec plusieurs pays arabes, dans le but notamment de faire face à l'Iran. Or, Riyad conditionne l'établissement de liens officiels avec l'Etat hébreu à une résolution de la question palestinienne, dénonçant régulièrement l'occupation et la colonisation des territoires palestiniens.

Avant d'arriver en Arabie saoudite, Joe Biden a annoncé une aide de 100 millions de dollars au réseau hospitalier de Jérusalem-Est, secteur palestinien de la Ville Sainte occupé par Israël. Il a ensuite rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas à Bethléem, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël.

Le président américain Joe Biden, en visite en Arabie saoudite, a prévenu Riyad d'une "réponse" en cas de nouvelles attaques contre des dissidents, après une rencontre avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, considéré par Washington comme le commanditaire de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.Air Force One a atterri à Jeddah, dans l'ouest de l'Arabie saoudite, après un...

commentaires (2)

les defenseurs des droits de l'homme etc... vont encore une fois me detester.mais bon, ils croient -AUSSI- a la liberte d'expression pas vrai ? alors voila, ce qui me derange c'est cette hypocrisie a plusieurs faces dont #1,critiquer une personnalite, ou un pays pour derogation a ces principes mais se taire devant d'autres aussi "coupables sinon plus que le 1er.Pire ceci s'accompagne souvent d'appuis divers a ces memes hommes et/ou pays. #2,demander a MBS pr ex de liberaliser, de creer la democratie ET surtout de faire la paix avec israel alors qu'on sait tres bien que les saoudiens & l'arabie saoudite ploient sous les principes et lois religieuses les plus severes u monde, sans que ces memes autorites a qui on demande cela ne soit severe a l'encontre des millions de recalcitrants et critiques de cette meme requetes occidentales? PS. surement que MBS avait ete trop loin qqs fois dans sa politique anti ceux a qui deplait sa politique "repressive".

Gaby SIOUFI

10 h 45, le 16 juillet 2022

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Commentaires (2)

  • les defenseurs des droits de l'homme etc... vont encore une fois me detester.mais bon, ils croient -AUSSI- a la liberte d'expression pas vrai ? alors voila, ce qui me derange c'est cette hypocrisie a plusieurs faces dont #1,critiquer une personnalite, ou un pays pour derogation a ces principes mais se taire devant d'autres aussi "coupables sinon plus que le 1er.Pire ceci s'accompagne souvent d'appuis divers a ces memes hommes et/ou pays. #2,demander a MBS pr ex de liberaliser, de creer la democratie ET surtout de faire la paix avec israel alors qu'on sait tres bien que les saoudiens & l'arabie saoudite ploient sous les principes et lois religieuses les plus severes u monde, sans que ces memes autorites a qui on demande cela ne soit severe a l'encontre des millions de recalcitrants et critiques de cette meme requetes occidentales? PS. surement que MBS avait ete trop loin qqs fois dans sa politique anti ceux a qui deplait sa politique "repressive".

    Gaby SIOUFI

    10 h 45, le 16 juillet 2022

  • Question pour un champion : Quel est le premier président américain qui a effectué un vol direct entre Israël et l’Arabie Saoudite ? Joe Biden ! Quelqu’un dans la salle a un commentaire ? Tout le monde se tait, de peur de se contredire. Quand on dit que les superpuissances imposent leurs agendas.

    Nabil

    16 h 46, le 15 juillet 2022

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