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Société - Administration

Mécontents de leurs salaires, les fonctionnaires veulent poursuivre leur grève ouverte

La majorité des salariés de la fonction publique touchent entre 1 500 000 et 2 000 000 de livres libanaises (environ 52 et 69 dollars au taux du marché parallèle), des sommes qui ne leur permettent pas de joindre les deux bouts en ces temps de crise.

Mécontents de leurs salaires, les fonctionnaires veulent poursuivre leur grève ouverte

Des salariés des centres de contrôle technique automobile (« Mécanique ») lors d’un sit-in hier à Hadath pour dénoncer la détérioration de leurs conditions de travail. Photo ANI

Leurs salaires ne valent plus rien, et certains d’entre eux se retrouvent à occuper un ou plusieurs emplois supplémentaires pour joindre les deux bouts. Les salariés de la fonction publique, qui observent une grève ouverte depuis trois semaines pour dénoncer la détérioration de leurs conditions de travail, ne semblent pas près de reprendre leurs activités. Engagés dans un véritable bras de fer avec les autorités, ils ont refusé des propositions de réformes émises lundi par le gouvernement, qui avait promis entre autres d’augmenter les aides sociales ainsi que les frais de transport. Des mesures que les fonctionnaires jugent insuffisantes, eux qui appellent à une revalorisation de leurs salaires de base, payés en livres libanaises et désormais dérisoires à cause de l’inflation.

« L’effondrement des salaires des fonctionnaires cause beaucoup de souffrances », explique Ibrahim Nahal, salarié depuis 1992 et membre de la Ligue des fonctionnaires du Liban. « La majorité des fonctionnaires sont des employés de 4e ou 5e catégorie, et touchent entre 1 500 000 et 2 000 000 de livres libanaises (soit 52 et 69 dollars au taux du marché parallèle). Ces sommes ne leur permettent plus de vivre décemment », raconte-t-il à L’Orient-Le Jour.

De fonctionnaire à concierge

En début de semaine, le gouvernement a proposé d’augmenter l’aide sociale mensuelle offerte depuis le début de l’année, à condition que les fonctionnaires se rendent au bureau au moins deux jours par semaine. Il a également promis une augmentation des frais de transport de 64 000 à 95 000 livres libanaises par jour de présence. Le gouvernement a en outre décidé d’augmenter les crédits alloués à la Coopérative des fonctionnaires (qui leur assure une couverture médicale), passant ainsi de 212 milliards à 1 200 milliards de livres. Le budget alloué aux aides accordées aux fonctionnaires qui ont des enfants à l’école devrait, lui, passer de 104 milliards à 500 milliards.

Les fonctionnaires, qui multiplient les protestations depuis l’année dernière, ont rejeté les propositions du gouvernement. Ils se disent déterminés à poursuivre leur grève ouverte afin d’obtenir une augmentation de leurs salaires. « Nous demandons que nos salaires soient calculés selon le taux du dollar bancaire (8 000 livres pour un dollar) », souligne Ibrahim Nahal. Il précise que 15 000 fonctionnaires (cadrés, contractuels ou journaliers) participent à cette grève ouverte dans l’ensemble du pays. « Les frais de transport de 95 000 livres par jour sont dérisoires au vu du prix de l’essence. Il faut payer bien plus que cela pour se rendre deux fois par semaine au bureau. De plus, les aides médicales ou éducatives promises sont liées à l’adoption du budget 2022 qui piétine depuis des mois », dénonce ce haut fonctionnaire.

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Face à cette situation difficile, certains fonctionnaires occupent désormais un ou plusieurs petits emplois. Ibrahim Nahal rapporte la souffrance d’un de ses collègues, employé administratif à Tripoli et père de deux enfants en bas âge, qui travaille désormais comme concierge. « Mon collègue touche 2 millions de livres par mois, ce qui n’est pas suffisant pour s’occuper de sa famille. Ses enfants dorment sans dîner et son frigo est vide. Il a trouvé un emploi de concierge et fait même le ménage dans l’immeuble », soupire M. Nahal. Il révèle par ailleurs qu’une de ses collègues, employée au sein du ministère de l’Agriculture dans la Békaa, est décédée hier des suites d’un cancer faute d’avoir pu payer son traitement.

« Nous sommes tous victimes de l’État »

Le ministre du Travail Moustapha Bayram, qui a effectué la médiation entre les fonctionnaires et le gouvernement avant de se retirer lundi, appelle pour sa part à mettre un terme à la grève ouverte. « Je comprends les souffrances des fonctionnaires, mais l’administration ne doit pas être totalement à l’arrêt », indique le ministre à notre journal. « Je pense qu’ils feraient mieux de prendre ce qu’on leur offre, tout en continuant à revendiquer leurs droits. Les salaires ne pourront être améliorés que lorsque l’État aura des rentrées financières suffisantes. En paralysant la fonction publique, ils ont coupé une partie de ces rentrées. notamment celles qui proviennent de la Direction de l’aménagement urbain et du Centre de contrôle technique automobile », ajoute-t-il. Les fonctionnaires sont accusés de faire perdre entre 12 et 15 milliards de livres par jour à l’État. « L’État fait tout pour nous placer en porte-à-faux avec les citoyens, alors que nous sommes tous victimes de la classe politique et de son incurie », déplore pour sa part une salariée de la Direction de l’aménagement urbain qui a requis l’anonymat. « Nous ne voulons pas d’aides sociales ponctuelles du gouvernement, nous demandons que nos salaires soient réajustés. Cela fait trois mois que nous n’avons pas touché de frais de transport. Avec nos salaires de misère, impossible de payer les factures. Je connais beaucoup de fonctionnaires qui ont arrêté de payer le générateur », poursuit-elle.Elle dénonce par ailleurs le fait que certains fonctionnaires non solidaires continuent de travailler en catimini et de profiter des citoyens désireux de lancer certaines démarches administratives malgré la grève. « Ces agissements ont surtout lieu dans certains bureaux de la Direction de l’aménagement urbain et la Direction du statut personnel », révèle-t-elle.

L’aéroport et la « Mécanique » menacés

Emboîtant le pas à leurs collègues de l’administration publique, les aiguilleurs du ciel de l’Aéroport international de Beyrouth ont lancé hier un mouvement de protestation afin de dénoncer leurs conditions de travail difficiles. Ils réclament d’arrêter de travailler la nuit à partir du 1er août, leurs équipes étant en sous-effectifs.

Dans un communiqué, les représentants de cette profession, qui assure la sécurité du transport aérien, ont déploré le nombre en baisse des aiguilleurs du ciel en raison de départs à la retraite, de l’émigration ou de démissions dues aux conditions de travail déplorables. Ils ont indiqué qu’étant en nombre réduit et devant accomplir près de 300 heures par mois pour assurer nuit et jour la surveillance du trafic aérien, ils ne peuvent pas prendre de jours de congé ni mettre en place une rotation des effectifs.

Même son de cloche du côté des employés des centres de contrôle technique automobile (Mécanique) qui ont tenu hier matin un sit-in de protestation contre leur mise au chômage forcé, sans contrepartie financière, depuis fin mai, lorsque le ministre de l’Intérieur Bassam Maoulaoui avait annoncé la suspension de l’examen mécanique annuel des voitures.

Leurs salaires ne valent plus rien, et certains d’entre eux se retrouvent à occuper un ou plusieurs emplois supplémentaires pour joindre les deux bouts. Les salariés de la fonction publique, qui observent une grève ouverte depuis trois semaines pour dénoncer la détérioration de leurs conditions de travail, ne semblent pas près de reprendre leurs activités. Engagés dans un véritable...

commentaires (5)

Des fonctionnaires de quoi? Plus rien ne fonctionne dans ce maudit pays, alors qu’ils arrêtent de nous faire croire que tout va pour le mieux.. Ils peuvent tous se mettre en grève qu’on ne verra même pas la différence avec les autres jours où ils travaillaient à cent pour cent.

Sissi zayyat

13 h 27, le 07 juillet 2022

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Commentaires (5)

  • Des fonctionnaires de quoi? Plus rien ne fonctionne dans ce maudit pays, alors qu’ils arrêtent de nous faire croire que tout va pour le mieux.. Ils peuvent tous se mettre en grève qu’on ne verra même pas la différence avec les autres jours où ils travaillaient à cent pour cent.

    Sissi zayyat

    13 h 27, le 07 juillet 2022

  • Il faut virer les fonctionnaires inutiles (80% environ), et répartir leur salaire sur les 20% restants. Problème résolu sauf pour les politichiens pourris qui comptaient sur les voix des 80% parasites, mais ça on s’en fout

    Gros Gnon

    12 h 51, le 07 juillet 2022

  • Très bien . Virez tous les fonctionnaires puisque l’Etat n’existe pas et que tout explose d’un coup. A ce moment on comprendra qu’il faut absolument une nouvelle équation au Liban d’où seront exclus tous ces politiciens pourris qui eux seront en garde à vue en attente de jugement

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 12, le 07 juillet 2022

  • y a t il un exemple ou toute l'administration d'un etat indigne de ce nom a l'exemple de notre liban devenu grand ,qui aurait ete privatisee en BOT ou n'importe quelle autre forme similaire?

    Gaby SIOUFI

    09 h 15, le 07 juillet 2022

  • serait ce une maniere de faire accepter l'idee d'en finir avec le peu de reserves obligatoires a la BDL? pour en arriver a louer ou vendre "quelques kilos" de notre or?-car ce sera presente comme ca: nous vendons juste qqs "kilos", et pour une seule fois ! combien de fois n'a t on pas entendu formuler ce produit de marketing mensonger?

    Gaby SIOUFI

    09 h 08, le 07 juillet 2022

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