Les concertations en amont de la formation du gouvernement pourraient prendre moins de temps que prévu. C’est aujourd’hui en principe, ou demain mardi, que le Premier ministre Nagib Mikati doit se réunir à nouveau avec le président de la République, Michel Aoun, pour poursuivre les échanges en vue d’une entente autour d’une formule de cabinet acceptable pour les deux camps.
Les deux hommes devraient mettre les bouchées doubles surtout que la fête de l’Adha approche, Nagib Mikati ayant prévu une visite en Arabie saoudite pour la omra (petit pèlerinage) d’ici à la fin de la semaine. Aux dernières nouvelles, le président, qui avait rejeté la première mouture que lui avait soumise le Premier ministre au lendemain de ses consultations avec les blocs parlementaires, serait déterminé à lâcher du lest si ce dernier en fait autant. La première mouture telle que concoctée par M. Mikati comprenait 24 noms et conservait la majorité des ministres du cabinet sortant. Seulement cinq des 24 ministres actuels devaient être remplacés. C’est toutefois le remplacement du ministre de l’Énergie Walid Fayad (grec-orthodoxe, proche du Courant patriotique libre) par Walid Sinno (sunnite), un homme d’affaires et expert en énergie, qui a irrité le camp présidentiel au plus haut point, ce portefeuille étant convoité par le camp aouniste, même si ce dernier persiste à dire qu’il ne prendra pas part à ce gouvernement. Un point sur lequel Nagib Mikati pourrait montrer une certaine flexibilité en faisant un pas en direction du chef de l’État. « La désignation de Walid Sinno n’est pas irrévocable », confie un proche du Premier ministre désigné.
« Ce n’est pas un nom en moins ou un nom en plus qui fera capoter la tentative de conciliation en cours », confirme une autre source proche du Sérail.
On l’aura compris : l’heure est aux tentatives de rabibochage. Avant la prochaine brouille ? Vendredi, Michel Aoun avait suggéré trois options pour contrer la proposition initiale de M. Mikati : la première consiste en un cabinet élargi de 30 ministres, dont six ministres d’État sans portefeuille qui représenteraient les différentes confessions et tendances politiques. La deuxième option consiste à modifier quelques noms du gouvernement démissionnaire, mais en tenant compte des équilibres selon son point de vue à ce sujet. Troisième possibilité, enfin, le renflouement de l’équipe actuelle dans laquelle le camp aouniste détient la part du lion.
Ne pas se brouiller avec le tandem chiite
De source proche du Premier ministre on apprend que les deux hommes ont rapidement évoqué les trois formules et leur viabilité. Ils pourraient finalement retenir la deuxième option, soit un léger remaniement de l’équipe actuelle avec de nouveaux noms qui seraient proposés de part et d’autre. « Si les deux hommes devaient retenir la première formule, on n’en finira pas. Chaque bloc parlementaire aurait alors son mot à dire et le cabinet ne verrait jamais le jour », précise la source du Sérail. On sait que le Premier ministre souhaite officiellement remplacer quelques ministres « pour trouver les compétences nécessaires pour la réalisation de son programme », dit-on dans ses milieux. Ce qui est en partie vrai, à la nuance près que M. Mikati est déterminé à limoger le ministre de l’Énergie avec lequel il ne s’entend plus depuis un moment. On sait également que M. Mikati n’est pas du tout disposé à se brouiller avec le tandem chiite, une précaution qu’il a justifiée hier par la durée de vie trop courte de ce gouvernement (qui devient démissionnaire après l’élection d’un nouveau président, en octobre). À l’issue d’un entretien avec le patriarche maronite, Béchara Raï, samedi à Dimane, le Premier ministre avait en effet affirmé qu’« aucun portefeuille ne peut être réservé de manière exclusive à une confession en particulier », nuançant toutefois ses propos en prônant le maintien d’un ministre chiite aux Finances afin de se concilier le mouvement Amal et le Hezbollah. Selon lui, « l’important, c’est que le gouvernement accomplisse son devoir, qu’il s’agisse du gouvernement sortant ou du nouveau, en vue d’arriver calmement à la présidentielle », le mandat de Michel Aoun prenant fin en octobre. « Nous devons former un gouvernement national, sinon le pays ne se redressera pas », a-t-il poursuivi. « Le retard dans la formation d’un gouvernement est exceptionnel dans tous les pays du monde, mais est devenu la règle au Liban », a déploré pour sa part le patriarche, dans son homélie hier.
commentaires (9)
Aoun, nul comme responsable. Au lieu de voir la capitale sans eau depuis des semaines, l'électricité éteinte, le pain au marché noir, les pharmacies sans médicaments, Aoun ne voit rien, tout comme l'autre Berri, ce dernier assis dans son fauteuil, s'occupe de réintégrer la Syrie chez les arabes, et oublie que son pays n'a pas de quoi boire, ni manger, et vit dans l'obscurité parce que les électeurs l'ont confié à des irresponsables.
Esber
16 h 41, le 04 juillet 2022