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Sport - Éclairage

Après le foot, le Qatar veut prendre la vague de l’e-sport

Après le foot, le Qatar veut prendre la vague de l’e-sport

Après le Mondial de football 2022 en fin d’année, le Qatar cherche à rester un acteur-clé du sport en développant le secteur en plein essor de l’e-sport. Ainsi, en 2019, Doha s’est dotée d’un complexe dédié baptisé Virtuocity. Photo DR

Pour demeurer un acteur-clé du sport après la Coupe du monde de football qu’il organise du 21 novembre au 18 décembre prochains, le Qatar cherche à développer le secteur en plein essor de l’e-sport.

Doha s’est dotée d’un complexe dédié, Virtuocity, en 2019. Mis en veilleuse durant la pandémie de Covid-19, il a accueilli son premier tournoi majeur en mars : la manche d’ouverture du Smash World Tour, championnat international du jeu de combat Super Smash Bros., avec 5 000 rials qataris (1 300 euros) à la clé pour le vainqueur. Une fédération d’e-sport a été créée fin 2021, et la discipline a même été intégrée dans le cursus de l’International School of London comme un moyen de développer certaines compétences chez les élèves. Le défi : faire sortir les joueurs qataris de chez eux. Ou plutôt de leurs « majlis », grandes pièces attenantes aux maisons où se retrouvent les hommes, en général, et lieux centraux de la sociabilité au Qatar. « Nos majlis sont extrêmement bien équipés, avec (parfois) six consoles sur lesquelles des amis peuvent jouer en même temps », explique Ibrahim Samha, chargé des projets e-sport de Virtuocity. « On y joue pour s’amuser. Mais si on veut passer au niveau supérieur, il faut participer à des tournois, et c’est là que nous entrons en jeu », ajoute-t-il.

Ahmad al-Meghessib (24 ans) a franchi le pas en 2017 pour représenter le Qatar dans le jeu vidéo de foot le plus populaire, FIFA, et amener l’équipe nationale au 10e rang mondial en mai 2021. « Au début, il n’y avait pas beaucoup d’intérêt pour ce que je faisais (...), mais ça avance, témoigne-t-il. Les gens comprennent que l’e-sport est une chose sérieuse, une industrie, qui peut être une source de revenus pour le pays. »

Khalifa al-Haroon, alias « Mr. Q », est l’un des premiers supporteurs de l’e-sport dans le riche émirat gazier qui veut diversifier son économie à l’horizon 2030. Influenceur et propriétaire d’un magasin spécialisé dans le « gaming », il sponsorise des créateurs de contenus et des tournois, et veut « voir le Qatar devenir un leader dans le jeu vidéo au Moyen-Orient et dans le monde ». Son programme : « Faire comprendre aux gens que ce n’est pas qu’un jeu », « créer plus de ligues locales », « encourager des studios à s’installer au Qatar pour créer des contenus originaux, travailler avec des agences pour faire venir de grands tournois internationaux et montrer à nos entreprises qu’elles doivent investir ». « La base est là, nous l’avons déjà constituée (...), mais nous avons besoin du soutien des entreprises pour aller dans la bonne direction », fait écho Jack AlBlushi, pakistanais de 35 ans né au Qatar et qui organise des tournois du jeu pour téléphone ou tablette PUBG.

L’opérateur de téléphonie mobile Ooredoo s’est laissé convaincre : il a sponsorisé un tournoi de FIFA fin mai, avec 25 000 dollars à la clé, et lancé un programme de détection de talents pour constituer une équipe professionnelle.

Parmi ses deux premières recrues, Ahmad al-Meghessib sur FIFA et Youssef al-Defaa sur Fortnite. « Sommes-nous loin de notre objectif ? s’interroge Khalifa al-Haroon. Il y a encore un an, il n’y avait pratiquement rien. Le Qatar ne s’arrête pas, il avance à 100 à l’heure. »

Pour le joueur mexicain Chag, vainqueur de la 1re étape du Smash World Tour à Virtuocity en mars et dans le top 5 mondial, « la scène qatarie peut beaucoup grandir, et c’est une bonne base pour que le monde se tourne vers le Qatar ». Il y a une « poussée très forte du Qatar et de l’Arabie saoudite », confirme Nicolas Besombes, sociologue de l’e-sport, parlant d’un « phénomène assez récent qui a commencé peu avant la pandémie ». « C’est du ‘‘soft power’’ à l’état brut, comme ils l’ont fait avec le sport pour améliorer leur image et leur attractivité, analyse-t-il. Le Moyen-Orient est aussi un monde que l’e-sport essaye de draguer. Il cherche des investisseurs là où il y a de l’argent. »

Raphaëlle PELTIER/AFP

Pour demeurer un acteur-clé du sport après la Coupe du monde de football qu’il organise du 21 novembre au 18 décembre prochains, le Qatar cherche à développer le secteur en plein essor de l’e-sport.Doha s’est dotée d’un complexe dédié, Virtuocity, en 2019. Mis en veilleuse durant la pandémie de Covid-19, il a accueilli son premier tournoi majeur en mars : la manche d’ouverture...

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