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Lifestyle - Hot(on)line

Standing ovation pour « Mayyas » : la passion de Nadim Cherfan pour ses lionnes libanaises et talentueuses

La troupe de danse libanaise Mayyas a abasourdi les juges du concours « America’s Got Talent » mardi soir dans une apparition qui a fait le tour du monde des réseaux sociaux en quelques heures. Le chorégraphe et fondateur de la troupe, Nadim Cherfan, qui affirme que la « danse (l’a) sauvé », revient sur ce succès en exclusivité pour « L’Orient-Le-Jour ». 

Standing ovation pour « Mayyas » : la passion de Nadim Cherfan pour ses lionnes libanaises et talentueuses

La troupe Mayyas en pleine représentation devant le jury conquis de America's Got Talent. Photo TRAE PATTON/NBC

Coup de maître mardi soir pour la troupe de danse libanaise Mayyas, aux premières auditions de America’s Got Talent, une émission qui connaît toujours un beau succès pour sa 17e saison consécutive. La troupe de 36 danseuses, exclusivement féminine et 100 % libanaise, ne s’est pas contentée de se qualifier. Elle a eu droit au « golden buzzer » actionné par l’actrice Sofia Vergara, membre du jury, les propulsant directement pour les lives de la phase finale. En actionnant son buzzer, Sofia Vergara a qualifié la prestation des Libanaises de moment « inoubliable ». « C’est la meilleure chorégraphie qu’on ait jamais vue sur cette scène », a pour sa part déclaré le producteur Simon Cowell devant les jeunes danseuses émues. Sur les réseaux sociaux, de la Californie à Beyrouth, les éloges n’ont pas tardé en réaction à cette belle performance qui a rendu fier Nadim Cherfan, le fondateur et chorégraphe de cette troupe. « Les Libanais y ont surtout vu une lueur d’espoir dans leur quotidien difficile, avoue le jeune homme. Plus que le buzzer doré, c’est l’amour de mes compatriotes qui me comble aujourd’hui. J’ai participé à l’émission en me fixant pour but de donner une place au Liban sur la scène mondiale de la danse, et nous avons réussi. »

Nadim Cherfan et la juge Sofia Vergara qui a déclenché le golden buzzer. Photo DR

Tout ce dont il se souvient de cette soirée magique enregistrée il y a quelques mois, c’est la juge Sofia Vergara exprimant son admiration aux jeunes filles. « Le reste, c’est le noir total et des images au ralenti. » « Chaque jour, je me réveillais en ayant oublié un nouveau détail de ce moment ; c’était un vrai rêve ! »

Ce n’est pas la première fois que les Mayyas ont rendez-vous avec le succès. En 2019, la troupe avait déjà remporté la 6e édition de la version arabe du télécrochet, Arabs Got Talent, avant de se produire sur la scène de Britain’s Got Talent: The Champions, la même année. « Par la suite, nous avons reçu des propositions pour participer à d’autres versions de l’émission partout dans le monde, explique Nadim Cherfan, et nous avions envie de faire davantage. Avec la crise que traverse le Liban, on ne peut se contenter d’un succès ! Le plus gros show en Europe était celui du Royaume-Uni, et dans le monde celui des États-Unis. Participer à America’s Got Talent était donc un choix tout naturel. Nous étions censés y participer en 2020, mais la pandémie ravageait alors les États-Unis, bien avant le Liban. J’ai donc tout annulé et le confinement a commencé. » « Coincés entre quatre murs, nous étions des artistes détruits, sans la moindre motivation, ajoute-t-il. Jusqu’à ce jour où j’ai vu l’audition de la chanteuse Nightbirde, qui était venue participer à l’émission malgré son cancer en phase terminale. C’est là que le déclic a eu lieu. J’étais encore en vie, en bonne santé, entouré de personnes qui m’aimaient. Je n’avais pas le droit au désespoir. J’ai tout relancé. »

Une chorégraphie-signature
Si le pari est réussi pour ce danseur originaire de Qartaba, il vient surtout couronner des années de travail assidu. « J’ai grandi dans un environnement assez dur, confie cet autodidacte. À la maison, ce n’était pas toujours facile, financièrement aussi, et mon choix de me diriger vers la danse n’était pas très facile à assumer. Mais ma passion m’a tout simplement sauvé. Elle m’a permis de devenir qui je suis, de m’éloigner des parcours sombres que j’aurais pu emprunter. J’ai tout quitté pour danser, et j’ai tout appris seul. »

La troupe Mayyas en pleine représentation dans l'émission America's Got Talent diffusée mardi 21 juin. Photo DR

Emporté dans son univers, Nadim Cherfan a enseigné sans relâche la danse à plus de 500 jeunes femmes, pendant plus de 19 ans. Pourquoi aucun homme dans ce tableau ? « Mais quoi de plus beau que ces filles ? » rétorque-t-il. « J’ai été élevé par une mère célibataire. C’est elle qui m’a donné le respect que j’ai pour la femme aujourd’hui, et qui est peut-être tout dans la vie. Bizarrement, je n’ai jamais pu travailler avec des hommes, mais je sais comment sublimer mes danseuses. Certaines des filles m’accompagnent depuis 17 ans, certaines avaient 5 ans quand elles ont rejoint la troupe. Je les ai vues grandir. Et quand il a fallu choisir un nom, Mayyas symbolisait pour moi toute ma vision de la femme : ses formes, son déhanché de lionne, sa fierté. » Une image qu’il incarne dans cette chorégraphie-signature présentée par la troupe, et qui se base sur des mouvements d’ensemble inspirés de la danse chinoise des mille mains et de Bollywood, avec une touche orientale. « L’art appartient à tout le monde et peut franchir les frontières. Ainsi, chacun se le réapproprie à sa manière, estime Nadim. J’aime beaucoup ce côté surréel, mais surtout la nécessaire grande précision, dans cette chorégraphie, qui requiert beaucoup d’entraînement. Mayyas, c’est énormément d’efforts et plus de six heures par jour de répétitions. Entre 2019 et 2020, la troupe a également entrepris de nombreux voyages, ce qui n’est pas toujours facile. Je suis conscient de la confiance que m’accordent les parents de ces jeunes filles qui sont devenues une vraie famille. »


Un changement
Sur ce plan, Nadim Cherfan tient à rappeler les difficultés que ces danseuses doivent surmonter, tous ces obstacles inhérents au quotidien libanais, pour participer aux entraînements, dans une société qui, de surcroît, ne comprend pas toujours qu’une fille puisse choisir d’abandonner ses études pour se consacrer à la danse. C’est d’ailleurs ce qu’a affirmé l’une des participantes aux membres du jury. Du haut de ses 13 ans, elle avouait qu’une « danseuse arabe ne recevait pas encore tout le soutien qu’il lui fallait ». « Certains tabous sont bien ancrés dans notre société, déplore Nadim Cherfan. Mais les choses s’améliorent et nous décelons un changement, comme avec notre succès à America’s Got Talent. Les parents de mes danseuses, toutes libanaises, sont si fiers d’elles aujourd’hui, et nous allons poursuivre sur cette lancée. » L’objectif de Mayyas ? « Gagner tout simplement cette compétition, lance Nadim Cherfan. Les directs se feront au mois d’août et nous allons nous produire encore deux ou trois fois. Nous sommes actuellement en train de préparer un show plus important avec un nombre supérieur à nos 36 danseuses. Et, cette fois, c’est l’histoire de Beyrouth que nous avons envie de raconter. » 

La juge Sofia Vergara qui a déclenché le Golden Buzzer et les danseuses de la troupe libanaise Mayyas. Photo TRAE PATTON/NBC

Coup de maître mardi soir pour la troupe de danse libanaise Mayyas, aux premières auditions de America’s Got Talent, une émission qui connaît toujours un beau succès pour sa 17e saison consécutive. La troupe de 36 danseuses, exclusivement féminine et 100 % libanaise, ne s’est pas contentée de se qualifier. Elle a eu droit au « golden buzzer » actionné par l’actrice Sofia Vergara,...

commentaires (2)

Mais quelle fierte

Monique Haddad

08 h 21, le 24 juin 2022

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Commentaires (2)

  • Mais quelle fierte

    Monique Haddad

    08 h 21, le 24 juin 2022

  • Je vous souhaite de gagner la première place

    Georges Zehil Daniele

    18 h 31, le 23 juin 2022

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