Le chef de l'État libanais, Michel Aoun, a exprimé mardi son inquiétude concernant les consultations parlementaires contraignantes attendues jeudi et le fait qu'elles pourraient déboucher sur la nomination d'un Premier ministre "avec un nombre réduit de voix ou qui ne fasse pas l'objet d'une entente sunnite", estimant que le pays a besoin d'un président du Conseil "qui a assez d'expérience et de professionnalisme pour résoudre la crise économique et financière".
Dans un entretien au journal arabophone al-Akhbar, proche du Hezbollah, M. Aoun a souligné qu'à quelques mois de la fin de son mandat, il n'est "pas faible mais dégoûté", alors que son sexennat a été marqué par la pire crise socio-économique et financière dans l'histoire contemporaine du Liban.
"Je ne suis pas faible. je ne l'ai jamais été durant toutes les étapes de ma vie, ni dans les différents postes que j'ai occupés. Au cours des derniers mois, je n'ai pas été faible, mais je suis dégoûté", a confié le chef de l'État octogénaire. Des propos qui interviennent près de quatre mois avant la fin de son mandat, alors qu'il est accusé par ses détracteurs d'incompétence, faute d'avoir su freiner l'effondrement pluridimensionnel du pays.
Evoquant les consultations parlementaires contraignantes, M. Aoun a assuré avoir "intentionnellement retardé leur date, le temps qu'un accord sur un Premier ministre désigné mûrisse", et dans l'attente que "les choix des anciens et nouveaux groupes parlementaires soient établis". Malgré ce délai, il a exprimé son "inquiétude concernant le résultat" de ces consultations étant donné "le retard des groupes parlementaires à nommer" la personne qu'ils souhaitent voir diriger le futur cabinet.
Affirmant que les consultations à Baabda "auront certainement lieu", il s'est notamment inquiété d'une éventuelle "désignation d'un Premier ministre avec un nombre réduit de voix, autour duquel il n'y aurait pas d'entente sunnite ou qui ne bénéficierait pas de l'aval d'une communauté". "La formation d'un gouvernement risquerait alors d'être difficile vu que la nomination d'un Premier ministre faible aurait émané d'une division parlementaire", a souligné M. Aoun, estimant que "le vrai problème réside donc au niveau de la formation du gouvernement et non de la nomination du Premier ministre".
Si certains partis envisageraient la reconduction du Premier ministre sortant Nagib Mikati à la tête du gouvernement, d'autres appuient la nomination de Nawaf Salam, ancien ambassadeur à l’ONU et juge à la Cour internationale de justice (CIJ). Jusqu'à présent, les députés de la contestation demeurent divisés sur la nomination de ce dernier.
Expérience et professionnalisme"
"Nous avons besoin d'un Premier ministre qui a assez d'expérience et de professionnalisme pour résoudre la crise économique et financière dans laquelle nous nous trouvons", a souligné le président Aoun, qui s'est dit en faveur d'un gouvernement "politique" et non de technocrates, afin de faire face aux "échéances et difficultés". "Nous ne pouvons plus accepter que certaines parties nomment des ministres politiques lorsque nous nommons des technocrates. Il faut que le cabinet soit entièrement technocrate, soit politique, a-t-il déclaré. La force du cabinet réside dans son équilibre".
Au sujet de la présidentielle, Michel Aoun a assuré que cette échéance "aura lieu au moment prévu". "Il n'y aura pas de vide constitutionnel. Un président me succédera dans les délais constitutionnels, et son élection aura lieu entre le 31 août et le 21 octobre, soit dix jours avant la fin de mon mandat", a-t-il estimé.
M. Aoun est par ailleurs revenu à la charge contre le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé. "Je ne comprends pas pourquoi le le pouvoir judiciaire n'a toujours pas mis en accusation" le gouverneur, a-t-il noté, rappelant que celui-ci est poursuivi dans le cadre de plusieurs enquêtes internationales. Le président a également affirmé que l'équipe française principale chargée d'effectuer l'audit juricomptable rejoindra, le 27 juin, l'équipe qui travaille déjà à Beyrouth. "L'audit juricomptable sera achevé avant la fin de mon mandat. Cela ne sera annoncé que du palais de Baabda", a-t-il promis, alors que ce processus avait été bloqué en raison d'un retard au niveau de la remise des documents nécessaires aux experts.
commentaires (14)
Il va finir par nous arracher toutes les larmes de notre corps s'il continue comme ça !!!!!
Cabbabe Nayla
17 h 59, le 22 juin 2022